Pourquoi le paiement sur mobile va (enfin) s'imposer
Odile Esposito | 28/02/2013, 12:03 - 1613 mots
Banquiers, opérateurs télécoms, distributeurs... autant de grandes entreprises qui voudraient imposer le paiement sur smartphone. Mais c'est peut-être bien du côté des start-up que viendra la capacité à installer un vrai réflexe d'usage auprès des consommateurs. Car elles fourmillent d'idées neuves et séduisantes.
Depuis des années, on l'annonce comme imminent, avec force démonstrations et opérations pilotes. Pourtant, le paiement sur mobile peine à décoller en France. Alors que le smartphone a envahi nos vies, outil préféré des jeunes notamment, « il y a davantage de "slides" écrits aujourd'hui sur le paiement mobile que de transactions réellement effectuées en Europe », ironise Frédéric Boucher, cofondateur de la société Kiips et ex-associé de Capgemini Consulting en charge du développement des systèmes de paiement au plan européen.
De fait, les acteurs engagés dans ces initiatives restent avares de chiffres. « Nous avons, à ce jour, 18 mois d'existence et nous nous sommes surtout employés, jusqu'à présent, à convaincre les grands acteurs du e-commerce d'adopter notre solution, soupire Sébastien Trova, directeur commercial de Buyster, un système de paiement créé en 2011 par les trois grands opérateurs de téléphonie mobile (Orange, SFR et Bouygues Telecom) et par l'expert en monétique Atos. Nous avons déjà signé avec plus de 450 sites marchands représentant 10 à 15 % du e-commerce français. Au niveau du grand public, notre existence est très récente puisque nous avons commencé à communiquer en septembre dernier et la croissance est exponentielle. »
Les chiffres, eux, resteront confidentiels. « Pour le paiement sans contact, les volumes ne sont pas encore considérables et le marché n'arrivera sans doute pas à maturité avant 2015 », reconnaît de son côté Fabrice Denèle, directeur de la stratégie moyens de paiement de BPCE.
De fait, les acteurs engagés dans ces initiatives restent avares de chiffres. « Nous avons, à ce jour, 18 mois d'existence et nous nous sommes surtout employés, jusqu'à présent, à convaincre les grands acteurs du e-commerce d'adopter notre solution, soupire Sébastien Trova, directeur commercial de Buyster, un système de paiement créé en 2011 par les trois grands opérateurs de téléphonie mobile (Orange, SFR et Bouygues Telecom) et par l'expert en monétique Atos. Nous avons déjà signé avec plus de 450 sites marchands représentant 10 à 15 % du e-commerce français. Au niveau du grand public, notre existence est très récente puisque nous avons commencé à communiquer en septembre dernier et la croissance est exponentielle. »
Les chiffres, eux, resteront confidentiels. « Pour le paiement sans contact, les volumes ne sont pas encore considérables et le marché n'arrivera sans doute pas à maturité avant 2015 », reconnaît de son côté Fabrice Denèle, directeur de la stratégie moyens de paiement de BPCE.
Auchan va généraliser son « Flash'N Pay »
Techniquement, pourtant, les outils sont là. Deux technologies principales sont utilisées pour assurer le paiement par smart-phone : le NFC (Near Field Communication), qui assure un échange de données sans contact à très courte distance (5 cm), est utilisé par exemple dans les « pass » de transport Navigo du métro parisien ou dans des badges d'accès à certaines entreprises; et le QR code (ou flash-code), un pictogramme initialement créé par l'équipementier automobile japonais Denso pour le suivi des pièces dans les usines Toyota et qui a peu à peu envahi de très nombreux supports de communication.
Prônée notamment par les banques et les opérateurs télécoms, la technologie NFC n'est utilisable que sur les smart-phones compatibles - de plus en plus nombreux, il est vrai.
Les QR codes, eux, peuvent être lus par un nombre bien plus important de mobiles : il sut de pouvoir photographier ces pictogrammes et d'avoir téléchargé l'application permettant de les décrypter. Ils ont la préférence de certains acteurs de la grande distribution, comme Auchan, pour son système « Flash'N Pay » qui devrait bientôt être déployé dans l'ensemble des magasins du groupe.
Qu'ils aient choisi l'une ou l'autre technologie ou mis au point des systèmes dérivés, les grands groupes multiplient les initiatives pour tenter de faire enfin décoller ce paiement par mobile.
Les banques, qui ont longtemps détenu un monopole sur les moyens de paiement, tentent de garder cet avantage. Les opérateurs mobiles veulent jouer leur partition. « Nos actionnaires représentent 50 millions de clients potentiels, indique Sébastien Trova. C'est un atout considérable. » La grande distribution se sent évidemment concernée. Quant aux géants du Web, ils ne sont pas en reste. Google, par exemple, a lancé aux États-Unis un portefeuille électronique. Et PayPal teste lui aussi sa solution de paiement sur mobile, notamment dans certains restaurants McDonald's en France.
Prônée notamment par les banques et les opérateurs télécoms, la technologie NFC n'est utilisable que sur les smart-phones compatibles - de plus en plus nombreux, il est vrai.
Les QR codes, eux, peuvent être lus par un nombre bien plus important de mobiles : il sut de pouvoir photographier ces pictogrammes et d'avoir téléchargé l'application permettant de les décrypter. Ils ont la préférence de certains acteurs de la grande distribution, comme Auchan, pour son système « Flash'N Pay » qui devrait bientôt être déployé dans l'ensemble des magasins du groupe.
Qu'ils aient choisi l'une ou l'autre technologie ou mis au point des systèmes dérivés, les grands groupes multiplient les initiatives pour tenter de faire enfin décoller ce paiement par mobile.
Les banques, qui ont longtemps détenu un monopole sur les moyens de paiement, tentent de garder cet avantage. Les opérateurs mobiles veulent jouer leur partition. « Nos actionnaires représentent 50 millions de clients potentiels, indique Sébastien Trova. C'est un atout considérable. » La grande distribution se sent évidemment concernée. Quant aux géants du Web, ils ne sont pas en reste. Google, par exemple, a lancé aux États-Unis un portefeuille électronique. Et PayPal teste lui aussi sa solution de paiement sur mobile, notamment dans certains restaurants McDonald's en France.
« Apporter du pouvoir d'achat supplémentaire »
Tous ces géants doivent aussi compter avec des start-up bien décidées à se faire une petite place au soleil. « Pour faire passer la musique des supports physiques à la dématérialisation, ce ne sont pas les acteurs traditionnels, comme Philips ou les labels, qui ont innové, rappelle Sébastien Burlet, cofondateur de la petite société Lemon Way. Dans le paiement sur mobile également les start-up vont jouer un rôle important, ne serait-ce que pour accompagner les banques qui comprennent mal cette révolution et s'inquiètent de ne pas savoir répondre à ces nouveaux enjeux. »Et chacun d'avancer ses arguments pour convaincre les consommateurs et surtout les rassurer. « Le système Buyster simplifie l'acte d'achat, puisque le client n'a qu'à saisir un code à 6 chires, tout en gardant un niveau de sécurité très fort, assure Sébastien Trova. Et pour le commerçant, la garantie de paiement est similaire à celle appor-tée par la carte bancaire. »
Car l'objectif est bien d'inciter le client à préférer le mobile à la carte au moment du paiement. « Il faut pour cela que ce soit simple et pratique, estime Frédéric Boucher. Sinon les gens abandonnent. »De fait, si le consommateur doit jongler en pleine rue ou dans le métro avec son smartphone dans une main et sa carte bancaire dans l'autre, il risque de vite laisser tomber. « Il faut également qu'il y ait une récurrence d'achat, pour installer une habitude », poursuit Frédéric Boucher. Si le système n'est pas assez répandu, les consommateurs se lassent, mais s'il n'y a pas assez de clients potentiels, les commer-çants ne s'équipent pas... « L'œuf et la poule », soupirent en chœur tous les acteurs du paiement sur mobile.
Comment créer une récurrence d'achat
Pour installer l'habitude, « il faut surtout apporter du service, ajoute Frédéric Boucher. Et dans la crise que nous vivons, le service le plus apprécié, c'est du pouvoir d'achat supplémentaire ». Sa PME, Kiips, se propose donc d'équiper les centres commerciaux d'un système de paiement mobile intégrant aussi, pour le client, des coupons de réduction et des euros de fidélité s'il effectue ses achats dans les boutiques du centre. De quoi convaincre les plus réticents et créer cette fameuse récurrence d'achat. « Par exemple chez Krys, quand on paie avec Kiips, on obtient 30 % de réduction sur les Rayban, précise le dirigeant. Dans les centres commerciaux équipés, Kiips représente, au bout de six mois, un peu plus de 2 % des paiements des enseignes travaillant avec nous. »Le service semble donc bien être la clé indispensable pour installer l'habitude. Buyster vient par exemple de signer un partenariat avec le circuit CGR Cinémas, présent dans 37 villes un France, avec une offre de paiement sur mobile qui devrait intéresser nombre de fans des salles obscures.
Pour installer l'habitude, « il faut surtout apporter du service, ajoute Frédéric Boucher. Et dans la crise que nous vivons, le service le plus apprécié, c'est du pouvoir d'achat supplémentaire ». Sa PME, Kiips, se propose donc d'équiper les centres commerciaux d'un système de paiement mobile intégrant aussi, pour le client, des coupons de réduction et des euros de fidélité s'il effectue ses achats dans les boutiques du centre. De quoi convaincre les plus réticents et créer cette fameuse récurrence d'achat. « Par exemple chez Krys, quand on paie avec Kiips, on obtient 30 % de réduction sur les Rayban, précise le dirigeant. Dans les centres commerciaux équipés, Kiips représente, au bout de six mois, un peu plus de 2 % des paiements des enseignes travaillant avec nous. »Le service semble donc bien être la clé indispensable pour installer l'habitude. Buyster vient par exemple de signer un partenariat avec le circuit CGR Cinémas, présent dans 37 villes un France, avec une offre de paiement sur mobile qui devrait intéresser nombre de fans des salles obscures.
« Si je vois qu'il y a la queue aux caisses, j'achète ma place sur mon mobile et cela me garantit de pouvoir entrer pour la séance que j'ai choisie », explique Sébastien Trova. Et de citer d'autres services potentiels comme « l'achat de son Carré Neige alors qu'on est déjà sur les pistes de ski ».Les chaînes de restauration rapide proposent déjà, de leur côté, un système de réservation et de paiement sur mobile censé faire gagner du temps au restaurant et au client. À Issy-les-Moulineaux, près de Paris, depuis trois ans déjà, grâce à un partenariat entre Vinci-park et la société britannique PayByPhone, on peut régler son stationnement grâce à son téléphone. Un SMS vous prévient lorsque la durée choisie est presque écoulée et vous pouvez alors payer pour prolonger votre stationnement. Et, à l'inverse, vous êtes remboursé si vous ne disposez pas de tout le temps initialement prévu... Le système vient d'être adopté par deux autres communes des Hauts- de-Seine, Antony et Boulogne- Billancourt.
Le transfert d'argent en temps réel : c'est parti !
Mais, l'habitude du paiement sur mobile viendra peut-être d'un autre type d'utilisation, pour lequel l'Afrique fait figure de pionnier : l'échange d'argent de personne à personne, le téléphone faisant alors office de porte-monnaie électronique. C'est le créneau choisi par la petite société Lemon Way, créée en 2007 à Montreuil, en banlieue parisienne, par Sébastien Burlet et Damien Guer-monprez, ex-patron de Banque Accord (groupe Auchan). « Lors d'un voyage à Madagascar, après la revente de ma première start-up SunFlower Services, je me suis aperçu que les habitants pianotaient sur leur mobile pour s'envoyer de l'argent, raconte Sébastien Burlet. Par exemple, si l'un d'eux était frappé par le paludisme, il demandait à un membre de sa famille installé en France de lui envoyer de quoi se soigner et le transfert était immédiat. »
D'où l'idée de créer dans l'Hexagone un système analogue, pour remplacer le chèque ou les espèces. Par exemple, pour le partage d'une note au restaurant ou d'un cadeau commun, le paiement d'une baby-sitter ou un achat dans un vide-grenier. « Le grand intérêt de notre système, c'est de fonctionner en temps réel, ce qui n'est pas le cas de la carte bancaire, indique Sébastien Burlet. Toutefois notre combat n'est pas de tuer la carte, mais de nous positionner sur des niches. Nous comptons beaucoup de professions libérales parmi nos clients, des plombiers, des chauagistes, des médecins. Le paiement moyen est d'environ 40 euros. »Une idée séduisante, que tentent d'imposer aujourd'hui nombre de grands acteurs. BPCE met ainsi en place, depuis septembre dernier, son porte-monnaie électronique S-Money, déjà déployé à Toulouse, Bordeaux, Rennes et Nantes.
Convaincre les accros à leur carte bancaire
« Nous avons choisi une démarche pragmatique, en commençant par quatre villes test, explique Fabrice Denèle. Nous n'en sommes qu'au début, mais le service, qui permet un transfert de fonds de manière totalement instantanée, semble apprécié. Il ore une fonctionnalité gratuite de paiement de personne à personne. Et nous avons une version professionnelle, payante, pour répondre, par exemple, aux besoins des artisans en déplacement. »Le monde du paiement sur mobile fourmille donc d'idées et d'innovations. Reste à convaincre des utilisateurs, toujours accros à leur carte bancaire et plutôt craintifs quant à la sécurité des paiements.« La carte bancaire a mis trente ans à se généraliser », rappellent les acteurs du paiement sur mobile. Le smartphone, que nombre de Français gardent déjà en permanence sur eux, devrait s'imposer comme outil de paiement. À quel rythme, avec quelle technologie et pour quels grands usages? Beaucoup... paieraient cher pour le savoir!
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