« L'Australie est la prochaine Espagne »
Cette petite phrase bien sentie a été lancée par l’ancien chef economist Asie de la banque d’affaires Morgan Stanley.
Andy Xie, désormais économiste indépendant, a suscité l’émoi sur CNBC Asia dans l’émission « cash flow » en affirmant que l’Australie prenait le même chemin tortueux que l’Espagne.
L’Espagne a attiré les masses de capitaux de l’étranger qui furent systématiquement investi dans son secteur immobilier qui par la suite s’est révélé être un véritable château de carte. L’Australie a le même succès aujourd’hui auprès des investisseurs mais le secteur arrosé est le secteur minier. Pas moins de 500 milliards de dollars attendent dans le pipeline pour financer de nouveaux projets miniers.
Ce boom du secteur minier n’est pas sans conséquences pour l’économie réelle. L’immobilier par exemple a littéralement flambé. Ces dix dernières années les prix des maisons ont cru de 10% par an. L’endettement des ménages a suivi la même trajectoire et s’établi aujourd’hui à 150% des revenus (aux Etats-Unis l’endettement des ménages a diminué à 135%).
D’après Xie l’Australie est trop dépendante aujourd’hui de la demande de matières premières. Le secteur minier compte pour 7% du produit intérieur brut (PIB) du pays et totalise 50% des exportations australiennes. Toujours d’après l’économiste, la Chine ralenti beaucoup plus rapidement que ce qu’elle veut bien nous faire croire. Les chiffres publiés seraient peu fiables. La demande de matières premières de l’empire du milieu peut très rapidement fondre, tout comme l’argent qui alimente les projets miniers. Ce scénario aurait des conséquences importantes non seulement pour le secteur minier, mais aussi sur le marché immobilier et le secteur bancaire qui serait alors confronté à une montagne de créances douteuses…. Tout comme les banques espagnoles.
Les autorités australiennes ont vivement réagi aux propos de Xie. Wayne Swan, le ministre australien des finances, a souligné les bons fondamentaux de l’économie australienne avec une croissance de 4%, un taux de chômage au plus bas et des investissement records dans le secteur minier. Swan relève par ailleurs que l’Australie dispose d’une flexibilité suffisante pour faire face à tout retournement de situation avec entre autre la possibilité de réduire ses taux d’intérêt, chose que ne peut pas faire l’Espagne, et des moyens suffisants pour insuffler un nouveau souffle à son économie avec un endettement public d’à peine 8,9% de son PIB.
Mathias Nuttin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire