Le
logement, chantier du siècle
Etendre le dispositif « Ecopack » à l’amélioration des logements insalubres et dangereux.
C’est une des
multiples mesures que le député wallon Edmund Stoffels (PS) suggère au gouvernement
régional d’adopter dans le cadre d’un « programme exceptionnel de création et d’entretien
de logements ». La résolution qu’il a rédigée (en fait une étude approfondie du
secteur et un long catalogue de propositions concrètes) sera en discussion cette
semaine au parlement.
L’« Ecopack » du ministre Nollet (Ecolo) concerne
exclusivement les travaux permettant d’améliorer les performances énergétiques
d’une habitation. La mesure a fait un tabac : sur un an, 3.967 prêts à taux
zéro ont été accordés pour un montant total de 60 millions d’euros. Du coup, le
dispositif a été prolongé jusqu’en juin 2014.
Financer de la même manière les
chantiers qui visent les maisons et les appartements en très piteux état, tout
en maîtrisant l’effet d’aubaine qu’une telle disposition pourrait provoquer, permettrait
de lutter contre certains constats dressés par Stoffels : la vétusté du parc
immobilier wallon et l’incapacité de nombreux ménages en difficulté à investir
dans leur logement.
Au-delà de cet exemple, le député socialiste lance un appel
à la mobilisation générale pour faire face à un double défi : l’explosion démographique
attendue pour ces prochaines décennies et la hausse annoncée du nombre de
ménages (voir cicontre).
Où loger tous ces gens ?
L’actuel gouvernement a déjà adopté
des mesures qui vont dans le bon sens. Le plan d’ancrage communal est de
celles-là : 130 millions pour 2012-2013 et 209 millions pour 2014-2016, de quoi
construire plus de 7.000 nouveaux logements publics. « Avec de tels montants,
nous n’irons pas loin si l’objectif demeure d’atteindre 10 % de logement public
en Wallonie, affirme Edmund
Stoffels. On en
dénombre actuellement 100.000 et la barre est à 139.000. »
D’où cette proposition forte
: « L’objectif global des 10
% de logement public devra être atteint endéans deux législatures. Cela équivaut
à créer pendant la période 2014-2019 un total de minimum 20.000 logements
publics, dont un tiers de maisons unifamiliales pour un investissement d’un
milliard et deux tiers d’appartements et de studios pour un investissement de 1,6
milliard. »
Comme
un défi colossal lancé au gouvernement d’après les élections.
Obtenir le soutien de l’Europe
Mais l’offre publique ne
fera pas tout. Pour le député germanophone, il faudra faire preuve d’audace et
d’originalité pour loger tous les Wallons dans des conditions décentes et
financièrement supportables. Il lance ainsi l’idée du logement social privé, à
mettre en place avec le concours des bailleurs. Il souhaite aussi que les plans
de secteur, figés dans leurs conservatismes, soient revus pour coller au plus
près aux besoins en logements des communes.
Pour financer un plan d’une telle
ampleur, l’élu socialiste évoque plusieurs pistes dont un régime fiscal plus
incitatif ou un accord de branche mobilisateur à conclure avec les banques et
les partenaires sociaux du secteur de la construction, qui auraient tout à
gagner dans l’aventure.
Autre piste possible, suggérée celle-là par la Société
wallonne de logement (SWL) : rendre éligible le logement public au financement européen
en vue de la programmation Feder 2014- 2019. « Les financements publics seuls, qu’ils soient locaux ou régionaux,
ne suffiront pas. Des solutions nouvelles doivent être trouvées. Ce défi
concerne l’ensemble de l’Europe », souligne Alain Rosenoer.
■ ERIC DEFFET
Edmund
Stoffels, en spécialiste de la question, a produit un plan
ambitieux pour le logement en
Wallonie.
3.957.509
Le nombre d’habitants en Wallonie en 2030.
En 2012, le même territoire
était occupé par 3.546.329 personnes.
En 20 ans, il s’agira donc de trouver des
logements pour plus de 400.000 nouveaux habitants, un peu plus de 200.000 si l’on
se borne à 2020 où Wallonnes et Wallons devraient être autour de 3.773.722
unités.
Bon an mal an, la population augmente donc de 20.000 unités.
Les
évolutions les plus fortes ont été signalées du côté de Waremme, Mouscron,
Arlon, Marche et Dinant.
112.000
Le nombre de nouveaux ménages wallons, au sens démographique du
terme, qui demanderont à être logés en 2020, soit une augmentation de 12.000 ou
13.000 unités par an.
C’est le résultat du vieillissement de la population et
du maintien des personnes âgées à domicile, de l’éclatement de la cellule
familiale et de la volonté de certains habitants de vivre seul.
28.974
Le nombre de prêts hypothécaires défaillants en 2011.
En 2007, on
n’en recensait que 24.364.
Le plan déposé par Edmund Stoffels vise notamment à
lutter contre les risques sociaux induits par une politique du logement
inadaptée aux réalités.
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