Adobe décide finalement d’abandonner Flash Mobile ou comment la révolution de l’Internet mobile rebat les cartes du Web
Jérôme Stioui - publié le 14.11.2011, 12h00
L'AUTEUR
Jérôme STIOUI,
Président-directeur général, Ad4Screen
Président-directeur général, Ad4Screen
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Adobe a finalement décidé d’abandonner Flash Mobile. Que dit cette décision de la part d’un leader omniscient sur le Web fixe avec Flash ? Tous simplement que la donne Web a changé et que les leaders du Web d’hier ne seront pas forcément les leaders du Web de demain… Une révolution est en marche et tous les acteurs du Web n’en ont pas encore pris pleinement conscience.
Retour à la case départ
Tous les instituts d’étude (Forrester, Gartner…) prévoient que, d’ici 3 ans, la majorité du trafic de l’Internet mondial proviendra non plus des PC mais des terminaux mobiles (smartphones, tablettes…). Or l’écosystème de l’Internet mobile n’est pas celui de l’Internet fixe. Les acteurs du Web repartent quasiment de zéro et ne doivent pas sous-estimer le travail qu’ils ont à faire pour conserver leur part de marché durement acquises sur ces dix dernières années. Il y a 10 ans, les leaders du offline, avec tous les atouts dont ils disposaient, ne sont pas devenus naturellement les leaders du Web. Certains acteurs ont vite été dépassés dans le domaine de la vente à distance et des médias par exemple, ou encore des petites annonces et de la recherche…
Et 10 ans plus tard, nous sommes bien en train de revivre la même histoire : cette fois du Web fixe vers le Web mobile. Certains acteurs (annonceurs ou éditeurs) l’ont bien compris et ont très tôt surinvesti le média mobile pour construire le fameux « first mover advantage », souvent difficilement rattrapable par la concurrence.
Citons par exemple Le Monde dans le domaine des News (109M de Pages Vues en Octobre 2011 sur mobile selon l’OJD), Logic-Immo dans le domaine de l’immobilier (36M de Pages Vues en Octobre 2011 sur mobile selon l’OJD), Télé7jours (27M de Pages Vues en Octobre 2011 sur mobile selon l’OJD) dans le domaine de programmes TV, Rovio (les fameux Angry Birds ou Cut the Rope) dans le domaine des jeux vidéos, So Ouat(Les 3 petits cochons….) dans le domaine des livres pour enfants…
Le réflexe du mobinaute n’est pas celui de l’internaute
Le site favori d’un internaute sur l’Internet fixe ne deviendra pas automatiquement son référent sur l’Internet mobile. D’une part car la méthode de recherche des contenus ne se résume plus uniquement à Google sur le mobile. La majorité du trafic de l’Internet mobile provient des applications ; leur découverte passe par une présence régulière dans les Tops des Rankings des différents Applications Stores (App Store & Android Market principalement) et par un bon référencement au sein de ces mêmes Stores (App Search Engine Optimization). D’autre part, car le format de consommation du contenu doit impérativement être adapté aux contraintes du surf mobile (taille de l’écran, temps de session, surf utilitariste…). Si son site web préféré n’a pas encore créé l’application ou la webapp (site optimisé mobile) correspondant à son terminal mobile, lui permettant de surfer dans des conditions confortables, l’internaute va tout naturellement aller voir ailleurs et se créer un nouveau « réflexe » sur mobile…
L’unicité du Web, une non-réalité
Pour en revenir à la décision d’Adobe, il est évident qu’Apple a tué Flash sur le mobile (pour des raisons justifiées… ou pour des raisons d’égo inavouables entre leurs dirigeants). Tout comme Google est en train de tuer un Twenga sur le Web fixe… Mais dans le même temps combien de start-ups se sont développées grâce à la visibilité donnée par Google ou par Apple ? Un Angry Birds, un Shazam, un Foursquare, un Fidall, un Let’s Dream n’auraient jamais existé sans eux ! Ce qu’il faut donc bien retenir, c’est que l’unicité du Web n’est pas une réalité. Le Web dépasse désormais largement le seul écran du PC. Il va irriguer de nombreux terminaux (smartphones, tablettes, TV…) et pour chacun de ces écrans il est indispensable :
- de les préempter très en amont, sans forcément attendre que les modèles économiques et la rentabilité soient complètement stabilisés. En acceptant d’investir et de faire le fameux « test and learn » cher à nos amis anglo-saxons…
- d’avoir l’humilité de ré-apprendre en se faisant accompagner de spécialistes de l’écran connecté qu’on souhaite conquérir, sans faire un simple copier-coller de ses bonnes pratiques du Web fixe.
- de ne pas céder à la facilité en choisissant les mêmes outils et prestataires technologiques que sur l’Internet fixe… pas toujours adapté à l’écosystème mobile.
Car la révolution de l’Internet mobile n’en est qu’à ses débuts et va probablement reconfigurer le paysage de l’Internet bien au-delà de ce que l’on imagine aujourd’hui : Apple a peut-être déstabilisé Adobe au-delà de l’écosystème mobile. En effet, combien de sites Web classiques créés/relancés aujourd’hui ont déjà fait le choix du « sans Flash » afin d’être lisible sur iPhone ou iPad ?
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