lundi 4 avril 2011

1944 Bretton Woods


Posté le 1 avril 2011 par Bruno Colmant

L'or et Bretton Woods

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Les récentes décisions de certaines banques centrales de reconstituer des réserves en or rappellent les accords de Bretton Woods. Formulés en 1944, ceux-ci postulèrent une parité fixe entre les monnaies des pays développés, fondée sur l’étalon-or. Ce système, qualifié de Gold-Exchange Standard, définit les devises dans un rapport au dollar, qui lui-même est rattaché à l’or dans une proportion de 35 dollar pour une once (31 grammes).
Dans ce système, il était convenu que la convertibilité des dollars en or ne soit pas effectuée. En d’autres termes, les États-Unis exigèrent que les Banques centrales étrangères, détentrices de dollars, ne réclament pas leur conversion en or. Ce système conduisit à établir la suprématie du dollar sur l’économie mondiale, puisque la croissance et l’inflation étaient définies par ce pays.
Les accords de Bretton Woods opposèrent deux thèses et il y eu une profonde dissension sur les orientations monétaires. Les deux protagonistes en furent l’anglais Keynes et l’américain White (1892-1948), assistant du Secrétaire au Trésor des États-Unis. A la fureur de Keynes, White établit le Gold Exchange Standard, sans doute parce que les États-Unis possédaient le plus important stock d’or.
Keynes qualifiait l’étalon-or de relique barbare et réfutait les références aurifères car celles-ci conduisaient à une dominance des pays en déficit commercial, capables d’imposer leur puissance économique. Opposés à Keynes et gagnants de la guerre, les États-Unis l’emportèrent en proposant de consacrer le rôle de pivot du dollar américain et un système de change fixe fondé sur la convertibilité du dollar en or.
Keynes fut donc le perdant de Bretton Woods. Il voulait créer une monnaie relative, basé sur les prix de 30 matières premières, dont l’or. Les américains avaient, du reste, initialement imaginé une solution comparable sur base d’une devise qui se serait dénommée « l’Unitas ». Finalement, ni le Bancor ni l’Unitas ne virent le jour, et seul l’or consacra un système de parité fixe, jusqu’à l’effondrement du système, en 1971.
Avec le recul du temps, il est insensé de lier une masse monétaire à un stock aurifère. Un étalon monétaire présente aussi l’inconvénient de contraindre excessivement les politiques monétaires et fiscales conjoncturelles. Pourtant, ces accords eurent le mérite de discipliner les États. Dès qu’ils furent démantelés à l’initiative des États-Unis, les États européens s’engouffrèrent dans une politique d’endettement indisciplinée, qui consista à alourdir les finances publiques pour masquer la mutation économique des années septante et quatre-vingt.

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