Dexia : le titre hésite après le détachement du droit
le 30/05/2011 à 16h31
(Boursier.com) -- Dexia se stabilise à 2,43 euros ce lundi après-midi, alors que le groupe a annoncé vendredi vouloir passer une provision de 3,6 Milliards d'Euros sur la vente de certains de ses actifs, qui sera comptabilisée sur le second trimestre 2011. Oddo reste neutre sur la valeur avec un cours cible qui est malgré tout réhaussé à 3,20 euros : "La solvabilité de Dexia (CT1 12,3%) lui permet de supporter le coût de la mise en valeur de marché des actifs à céder" explique le broker qui souligne : "Les cessions réduiront les RWA de 30 MdsE sur 138 MdsE (2011T1). Nous relevons notre cours cible à 3,2 Euros sur l'amélioration du profil de risque, mais le plan ne permet pas encore une valorisation comparable à la moyenne sectorielle. A cela, deux raisons : le gap de liquidité restant (75 MdsE), concentré sur PWB et le reste du portefeuille en 'run off', avec un ROE durablement faible (5%)".
La banque ne paiera pas de dividende au titre de l'exercice en cours en raison du coût de ces opérations a précisé Jean-Luc Dehaene : "Nos résultats seront négatifs, mais pas à hauteur de 3,6 milliards, parce que nos différents métiers performent bien... Cela veut dire aussi qu'il n'y aura pas de dividende en 2012 au titre de 2011", a annoncé le président du groupe bancaire ce week-end. "En 2012, les perspectives seront bien meilleures, avec des résultats soutenables, qui, je l'espère permettront aussi des dividendes normaux, pour autant que le plan soit réalisé, ce qui est le défi du management".
Rappelons que la banque franco-belge va céder la majeure partie de son portefeuille de produits adossés au marché hypothécaire américain résidentiel. Cela aura pour effet de réduire dans un premier temps le ratio prudentiel 'Tier 1' de 13,4 à 11%, lequel remontera vers 12% d'ici la fin de l'année.
Le conseil d'administration s'est ainsi rangé à l'unanimité à l'avis selon lequel il fallait accélérer le programme de redressement. La Commission Européenne avait fait part il y a peu de son souhait de voir la banque se conformer à son plan d'assainissement. Les dirigeants estiment que la charge de 3,6 MdsE sera partiellement compensée dans les comptes 2011, par la performance de ses autres métiers.
Pour les administrateurs, cette accélération des cessions aura le triple avantage d'alléger la charge que représentent les actifs gérés en extinction, d'améliorer la liquidité et d'accroître la capacité du groupe à renouer avec des profits récurrents dans un environnement qui reste compliqué, notamment dans la Zone Euro.
Concrètement, les cessions interviendront cette année et sur la première moitié de 2012, selon les conditions de marché. Les désinvestissements du portefeuille obligataire devraient réduire d'environ 20 MdsE les besoins en liquidité de l'établissement. En outre, en éliminant son exposition au risque du marché immobilier américain, Dexia va retirer une source importante de volatilité de ses résultats.
Ces mesures devraient permettre à la banque de s'affranchir plus rapidement que prévu de la garantie des Etats dont elle dispose...
Rappelons d'un point de vue technique que les actionnaires de Dexia, réunis en assemblée générale extraordinaire le 11 mai dernier, avaient approuvé le principe de la distribution d'une action gratuite. 1 action nouvelle sera ainsi remise en échange de 18 coupons numéro 9. Ces derniers ont été détachés le 27 mai.
La période de dépôt des coupons court jusqu'au 8 juin. Les actions seront attribuées le 14 juin suivant et admises à la négociation le lendemain sur la même ligne que les anciennes. 102.578.130 actions de bonus seront émises. Le droit est coté sous l'ISIN BE6216964401.
DEXIA : L'ACTION EST SUSPENDUE DANS L'ATTENTE D'UNE INFORMATION
Dexia doit notamment céder Deniz-Emeklilik, sa filiale turque d'assurance. Selon la presse, cinq candidats sont encore en lice, dont les français AXA et CNP Assurances.
Le site internet belge de RTL évoque de son côté une intervention de l'Etat belge ou de la Banque Postale. Les deux établissements financiers ont signé en début d'année un accord en vertu duquel la Banque postale s'est engagée à souscrire des obligations foncières émises par Dexia, cette opération devant permettre d'aider la banque franco-belge à résoudre une partie de ses problèmes de refinancement.
Avant la signature de cet accord, des rumeurs récurrentes avaient prêté aux dirigeants des deux groupes la volonté de créer une filiale commune pour le financement des collectivités locales, coeur de métier de Dexia avant l'éclatement de la crise financière.
Ces rumeurs ressurgissent trois jours après l'avertissement lancé par Standard & Poor's. L'agence de notation envisage de dégrader la note de solvabilité de Dexia, qui se situe actuellement à A/A-1 en raison de son exposition à la dette de la Grèce. D'après De Tijd, Dexia a une exposition directe de 4,3 milliards d'euros à des obligations étatiques grecques.
Par ailleurs, Standard & Poor's doute de la capacité de Dexia a accéléré son désendettement. L'agence a demandé plus d'informations sur ce désendettement avant de prendre une décision.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Dexia opère une restructuration profonde avec le recentrage des activités, la vente de la filiale américaine FSA déficitaire, la réorientation du refinancement, un arrêt du trading pour compte propre, et une réduction des coûts ;
- D'ici à 2014, la banque franco-belge entend refonder son modèle économique, jusqu'alors centré sur le financement des collectivités territoriales, sur trois nouveaux piliers: les revenus issus des franchises commerciales, le dynamisme du marché turc et le développement de la banque de détail ;
- Le groupe est désormais engagé dans des activités moins risquées ;
- Les prêts aux collectivités locales sont porteurs dans les pays émergents. La banque fait de la Turquie un moteur de croissance. En 2014, six clients de Dexia sur dix seront Turcs ;
- La banque est extrêmement attentive à sa liquidité. Le ratio de fonds propres est de 12% ;
- Depuis le 30 juin 2010, Dexia ne bénéficie plus, comme prévu, du mécanisme de garantie des Etats pour se refinancer ;
- Le système de rémunération des dirigeants a été complètement revu de façon à éviter les abus.
Les points faibles de la valeur
- La Commission Européenne a imposé de fortes contraintes à Dexia en contrepartie du plan de sauvetage ;
- Les revenus de Dexia devraient rester sous pression en 2011 du fait de ces contraintes de cessions avec notamment une réduction imposée de bilan de 35% d'ici à 2014 ;
- L'une des exigences est également de ne pas acquérir une autre banque avant fin 2011 ;
- Le coût de la restructuration reste difficile à prévoir. L'amélioration des résultats n'est attendue qu'à partir de 2012 ;
- En rééquilibrant ses activités en faveur de la banque de détail, Dexia s'oriente vers des activités à faibles marges et très concurrentielles ;
- La stratégie de croissance en Turquie n'est pas sans risque ;
- En dépit de la cession de sa filiale américaine FSA, Dexia va conserver une exposition à certains actifs ;
- La valeur est, à l'image de l'ensemble du secteur, très volatile.
Comment suivre la valeur
- La valeur ne fait plus partie du CAC 40 depuis le 20 septembre 2010 ;
- Le titre a perdu son statut de valeur refuge qui prévalait avant la crise du fait de son exposition aux collectivités locales. C'est désormais une valeur de restructuration assez spéculative et un titre « value » ;
- Suivre de près l'évolution des résultats, fragilisés par les exigences de la Commission Européenne ;
- La possibilité d'une alliance avec la Banque Postale dans la banque de réseau est régulièrement évoquée ;
- Le retour sur fonds propres (ROE), qui mesure la rentabilité des banques, est l'un des ratios clé du secteur ;
- En tant que valeur financière, le titre est influencé par une série d'éléments : (i) les taux d'intérêt dont l'évolution dépend des politiques monétaires (notamment des banques centrales européenne et américaine), (ii) l'état des Bourses mondiales qui influencera ses activités de banque de financement et d'investissement et de gestion d'actifs, (iii) les niveaux de consommation et d'épargne des ménages qui influeront sur les performances de la banque de détail ;
- Le coût du risque reste à surveiller ;
- Surveiller également la mise en place du dispositif « de Bâle III » qui oblige les banques à augmenter leurs fonds propres pour résister aux crises. Le Comité exige que les établissements financiers affichent d'ici au 1er janvier 2019 un ratio de solvabilité Tier 1 (le noyau dur des capitaux propres des institutions financières) d'au moins 4,5%, contre 2% jusque-là. Un matelas supplémentaire de 2,5% est également exigé. Ce qui porte le pourcentage total à 7%.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Finance - Banques
Deux changements importants vont avoir un impact sur l'avenir des banques françaises. Premièrement, elles vont être soumises à une nouvelle taxe dès l'année prochaine. La taxe bancaire, qui s'appliquera à une vingtaine de banques, établissements de crédit et entreprises d'investissement, abondera le budget de l'Etat à hauteur de 504 millions d'euros l'an prochain. A cela s'ajoutera une augmentation de la participation des établissements financiers au fonds de garantie des dépôts, à hauteur de 90 millions d'euros supplémentaires en 2011, 2012, puis 2013, soit 270 millions en tout. En 2013, les autorités estiment que plus de 1 milliard d'euros de recettes supplémentaires sera prélevé auprès des banques. De plus, de nouvelles normes prudentielles vont voir le jour avec la finalisation de l'accord Bâle III, applicable à l'horizon 2019. L'objectif est de relever de 2% à 7%, d'ici 2019, le ratio de solvabilité bancaire. Ce ratio rapporte les fonds propres d'un établissement à ses engagements dans l'économie. Plus il est élevé plus les prises de risques sont limitées.
DERNIERE RECOMMANDATION SUR LA VALEUR
Oddo a renouvelé sa recommandation Neutre et son objectif de cours de 3,60 euros sur Dexia. Moody's a placé sous revue les notes fondamentales et de dette long terme de trois filiales du groupe : Dexia Crédit Local, Dexia Bank Belgium et Dexia Banque Internationale au Luxembourg. Cette tendance s'explique par deux raisons : la dépendance de Dexia vis-à-vis du refinancement court terme malgré les efforts de réduction, et le coût élevé de refinancement.
CONSENSUS DES PROFESSIONNELS
D'après le consensus de marché calculé à la date du 25/05/2011, les analystes conseillent de rester neutre sur le titre DEXIA. En effet, sur un total de 2 bureaux d'études ayant fourni des estimations, 1 est à l'achat et 1 est neutre. L'indice de recommandation AOF, reflétant l'avis moyen des analystes et s'étendant de -100% à +100%, est de 50%. Enfin, l'objectif de cours moyen est de 3,8 EUR. Le consensus précédent conseillait d'acheter la valeur .
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