10 actions qui profitent d'un dollar fort
Le dollar américain est un facteur décisif pour le résultat opérationnel de nombreuses entreprises belges. Voici 10 actions qui tirent profit d'un dollar fort.
Delhaize en est un exemple parlant. La chaîne de distribution n’exporte pas de marchandises vers les États-Unis, mais y est physiquement présente. Aujourd’hui, Delhaize compte plus de 1.600 points de vente outre-Atlantique! Près de 70% de son chiffre d’affaires est ainsi directement réalisé en dollar. Cela représentait un bénéfice de 750 millions d’euros en 2010 (sur un total de 1 milliard d’euros). Voyez l’impact du dollar sur les résultats de Delhaize: la chaîne publiant ses résultats financiers en euro, elle doit convertir à intervalles réguliers ses résultats américains dans la monnaie unique européenne. "Le dollar est important pour Delhaize car une grande partie du chiffre d’affaires est réalisée en dollar. Une baisse du dollar entraîne une diminution du chiffre d’affaires de l’ensemble du groupe exprimé en euro", explique Pascale Weber, analyste chez KBC Securities.
Pourtant, Delhaize ne se hasarde pas sur le tumultueux marché des devises. Au niveau opérationnel, l’effet reste assez limité: "Les charges de Delhaize aux États-Unis restent locales et sont libellées en dollar: les magasins sont construits aux États-Unis, le personnel est américain et les produits sont distribués à partir des États-Unis. Une partie des dettes est aussi libellée en dollar", indique Weber. Delhaize n’est donc pas confronté à des risques de change dans son fonctionnement quotidien. L’impact du dollar se traduit dans des chiffres concrets: ventes et bénéfices ne sont convertis en euro que lorsque les résultats réalisés outre-Atlantique sont inclus dans des comptes trimestriels ou au moment de la publication du rapport annuel. Cette conversion peut avoir un impact positif ou négatif. "En 2010, le raffermissement du dollar face à l’euro de 20% aurait eu un impact positif de 1,4 million d’euros sur un bénéfice total de 574 millions d’euros", calcule Weber.
Les entreprises qui en profitent
Dans la liste des entreprises qui tirent profit de l'appréciation du dollar, figurent aussi les groupes actifs dans la navigation maritime: CMB, Euronav et Exmar. Wouter Vanderhaeghen, analyste chez KBC Securities, qualifie même ces entreprises de "cas extrêmes" sur Euronext Bruxelles. "Les actifs et les revenus de ces entreprises sont libellés en dollar, mais l’action est négociée en euro. Par conséquent, l’évolution du dollar est surtout pertinente pour les actionnaires. Chez Euronav, les tarifs de fret constituent un facteur beaucoup plus important pour le bénéfice opérationnel." Pour mesurer l’importance de la monnaie américaine pour ces entreprises, il faut parcourir les publications de leurs résultats trimestriels et annuels. Exmar et Euronav établissent leurs comptes en dollar. Pour CMB, c’est moins facile en raison des activités dans le transport aérien.
Matières premières
Toutes les entreprises n’ont pas le luxe d’avoir la majeure partie de leurs charges et de leurs produits libellés dans la même monnaie. En particulier celles qui sont actives dans le secteur des matières premières. Le producteur d’huile de palme Sipefréalise un chiffre d’affaires en dollar, alors que ses principales charges sont libellées en roupie indonésienne. Chez Nyrstar, le premier fondeur de zinc au monde, les soubresauts des cours de change hantent les managers. "Chez Nyrstar, l’évolution du dollar a un gros impact opérationnel qui influence également le bénéfice", reconnaît Vanderhaeghen. Les matières premières telles que le plomb et le zinc s’échangent au niveau mondial en dollar; Nyrstar réalise donc l’essentiel de ses revenus en dollar. "Parallèlement, une grande partie des coûts de Nyrstar sont libellés en euro ou en dollar australien en raison de ses activités dans ces deux régions du monde", poursuit Vanderhaeghen. De ce fait, le fondeur de zinc doit constamment tenir compte de l’évolution des cours de change dans son fonctionnement quotidien. Si le dollar augmente, comme c’est le cas actuellement, ses revenus s’accroissent alors qu’il comprime les coûts. Mais une baisse du dollar affecte ses revenus et tire les coûts à la hausse.
Les monnaies sont comme les esprits...
Rares sont les entreprises qui échappent à l’évolution du dollar ou de l’euro. Ou, pour reprendre citer Bill Gross, directeur de PIMCO, le plus important fonds d’obligations au monde: "Les monnaies sont comme des esprits. Vous ne pouvez jamais les saisir, mais elles peuvent poursuivre jusqu’à l’éternité le rythme de croissance de l’économie ou d’un portefeuille d’investissements."
Quelles sont ces entreprises Belges qui travaillent en dollar?
Si vous vous plongez dans les comptes annuels ou les rapports financiers de quelques entreprises belges, ne vous étonnez pas si certaines établissent leurs résultats en dollar. Parmi celles-ci figurent le brasseur AB InBev, le producteur d’huile de palme Sipef et les armateurs Euronav et Exmar. Ces entreprises réalisent la plus grande partie de leur chiffre d’affaires et de leurs bénéfices en dollar, paient leurs charges avec des billets verts et concluent à peu près toutes leurs transactions dans la monnaie américaine.
"Pour ces entreprises, la publication des résultats financiers en dollar est une étape logique. Les bénéfices et chiffres d’affaires apparaîtront plus stables avec la disparition de l’effet de change au moment de la conversion en euro. Cette méthode donne une idée plus claire de leur situation financière réelle", commente Geert Smet, de L’Investisseur. Les investisseurs qui souhaitent calculer certains ratios comme le rapport cours/bénéfice doivent cependant tenir compte de la conversion de dollars en euros.
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