Quel est le bon prix de l'euro?
Créé le 16-02-2012 à 00h00 - Mis à jour le 22-02-2012 à 09h32 Réagir
DECRYPTAGE Si l'euro remonte fortement, cela rétablira du pouvoir d'achat, et donc du PIB, mais cela tuera ce qu 'il reste d'industrie. L'évolution inverse se produira si l'euro s'affaiblit.
Où va l'euro? Où doit-il aller? Alors qu'elle s'échange ce mercredi 22 février à plus de 1,32 dollar après être descendue récemment jusqu'à 1,26 dollar, la monnaie européenne reste très faible par rapport à ce qu'elle serait sans la crise des dettes souveraines, autour de 1,50 dollar. Même en cas de très mauvaises nouvelles, par exemple en provenance de Grèce, son potentiel de baisse est très limité. Car tous les facteurs qui pouvaient l'affaiblir sont déjà présents. Depuis l'été dernier, hedge funds, trésoriers d'entreprises et de banques sont vendeurs nets d'euros, ce qui est un signe de défiance. Pourtant, nombre d'analystes se réjouissent de cette dépréciation. Un euro faible soutient l'industrie et le commerce extérieur, puisqu'en volume on exporte plus et importe moins. Mais cela réduit aussi le PIB, donc la croissance. Car il y a un effet négatif dû à la dégradation des termes de l'échange: la hausse du prix relatif des importations dégrade le pouvoir d'achat des revenus.
Ainsi, une dépréciation de 10% de l'euro améliore le commerce extérieur en volume de 0,6 point de PIB. Et réduit la demande intérieure en volume de 1,6 point de PIB par l'intermédiaire de la hausse du prix des importations. Donc, à court terme (un à deux ans), une dépréciation de 10% de la monnaie européenne réduit le PIB de la zone euro de 1 point en volume... et ne peut donc pas sauver la zone euro.
Peut-on espérer qu'à plus longue échéance, dix ans par exemple, le surcroît de production manufacturière dû à l'amélioration du commerce extérieur en volume soutienne la productivité et la croissance? Si l'on instaure une taxation des importations, les constructeurs européens relocaliseront-ils leur production? Ce n'est pas impossible, pour peu que cela soit fait à l'échelle de la zone euro. Cela a d'ailleurs l'air de fonctionner dans le Mercosur. En revanche, cela ne marchera pas si seule la France le fait, car sa croissance est trop faible: qui veut installer une usine dans l'Hexagone uniquement pour le marché national? Le seul pays qui profiterait un peu d'une dévaluation de l'euro, c'est l'Italie, qui conserve une industrie relativement importante.
Dans les années 1990, jouer sur les taux de change bénéficiait à l'industrie comme au PIB. Ce n'est plus le cas. Aujourd'hui, entre l'industrie et le PIB, il faut choisir. Si l'euro venait à remonter fortement, ce que l'on ne peut pas exclure, on rétablirait du pouvoir d'achat, et donc du PIB, mais on tuerait ce qu'il reste d'industrie, en faisant aussi, au passage, du mal au secteur des services. Et inversement. Les recettes simplistes n'existent plus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire