Les chroniques radio d'Amid Faljaoui
Chaque jour, Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta, décrypte l'actualité économique sur les ondes de Musiq3 (à 7 h 50 et 18 h 05) et de Classic 21 (à 8 h 30 et 17 h 30). Vous pouvez également réécouter ses chroniques en radio à la demande ou en podcast sur les sites de Musiq3 et de Classic 21.
Ne dites plus «made in China» mais… «made in World» !
Et si tout était faux ? Et si, quand on parle du made in China, on avait tort, puisqu’on parle en réalité d’un concept qui n’existe pas ? C’est que pense Pascal Lamy, patron de l’Organisation mondiale du commerce. A ses yeux, c’est très clair : quand on parle du made in China, on ferait mieux de parler du made in World !
Le meilleur exemple en est la fabrication d’un objet comme l’iPod. Officiellement, l’iPod est fabriqué en Chine. Il apparaît donc comme un produit made in China et contribue à creuser le déficit commercial américain avec la Chine pour un montant de 1,9 milliard de dollars. Pourtant, la partie de l’iPod vraiment fabriquée en Chine représente à peine 73 millions de dollars. D’où vient la différence ? Mais des autres pays, tout simplement !
Dans le cas de l’iPod, il est effectivement assemblé en Chine mais la recherche, le design, le marketing sont réalisés aux Etats-Unis. Quant aux composants, ils sont fabriqués dans d’autres pays asiatiques que la Chine. Quand on labellise un iPod comme un produit made in China, c’est donc faux.
Pourquoi, à l’instar du patron de l’OMC devrait-on toutefois parler de made in World ? Pour diminuer les tensions commerciales entre pays. Un exemple. Aux Etats-Unis, les députés tentent régulièrement de punir la Chine à cause du déficit commercial avec l’Empire du milieu. Pourtant, on vient de le voir, les échanges sont aujourd’hui comptabilisés comme si un produit était fabriqué dans un seul pays – la Chine, en l’occurrence – alors que la chaîne de production implique une multitude de nations. S’en rendre compte contribuerait à diminuer les tensions entre les pays.
Un autre exemple fort peu connu. Sait-on que 54 % des exportations totales de la Chine sont le fait d’entreprises étrangères établies en Chine et non d’entreprises chinoises ? Cela veut dire, en termes simples, que ce sont des entreprises européennes et américaines qui sont parties se délocaliser en Chine pour nous vendre des produits soi-disant made in China. On l’oublie trop souvent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire