vendredi 26 août 2011

ROCHE une actionnaire

Le Point - Publié le 17/07/2008 à 00:00 - Modifié le 22/07/2008 à 15:42

Elle veut faire d'Arles un autre « Guggenheim Bilbao »


JUDITH BENHAMOU-HUET

Il est frappant de noter à quel point des événements de l’enfance peuvent avoir des conséquences majeures sur le destin des hommes. En 1968, une jeune fille du nom de Maja Hoffmann passait son BEPC dans une école privée d’Arles. Une jeune fille parmi tant d’autres ? Pas sûr. La seule protestante de l’école catholique était déjà passionnée, énergique et concernée par l’intérêt commun au point de s’être fait élire déléguée de sa classe dans le contexte d’une France jeune, désireuse d’émancipation. Après l’école, tous les soirs, elle retournait dans la campagne camarguaise, montait à cheval dans la nature sauvage et, comme elle dit, « sous ce ciel immense comme en Afrique ». Le temps a passé, la petite Arlésienne est retournée dans son pays natal, la Suisse, mais elle a gardé son sens de l’idéal. Aujourd’hui, cette spécialiste de l’art contemporain sillonne le monde, toujours entre deux avions, de Zurich à New York en passant par... Arles. Quarante ans plus tard, celle qui est aussi cohéritière d’un empire pharmaceutique suisse, Roche, et mécène d’envergure internationale dans l’art contemporain, cherche carrément à changer le destin de la ville qui l’a portée pendant les années les plus heureuses de sa jeunesse. Elle y propose un complexe culturel sophistiqué consacré à l’image, qui devrait bouleverser la donne locale s’il voit le jour. Maja est maladivement discrète mais ces projets ne le sont pas. Si le Parc des ateliers prend forme, il sera dessiné par Frank Gehry, l’architecte californien star à l’origine du célèbre bâtiment argenté aux formes complexes du Guggenheim Bilbao. Un « effet Bilbao » pour Arles serait salutaire dans un contexte économique local difficile. Les esquisses du projet sont exposées à Arles tout l’été pendant les Rencontres photographiques-une manifestation dont elle est par ailleurs la trésorière et la mécène. Elle dit : « Arles est une Belle au bois dormant qui a raté plusieurs rendez-vous. Van Gogh hier. Le TGV, aujourd’hui, qui y passe mais ne s’arrête pas... Les Rencontres de la photo durent le temps d’un été. Il faudrait créer une effervescence tout au long de l’année. » Résultat : le tentaculaire projet de Parc des ateliers (cf. encadré), qui devrait être un lieu de gestation ambitieux en matière d’image contemporaine.


Inspirations. Et, comme l’enfance semble toujours habiter les rêves de Maja, elle voudrait aussi financer sur le site un jardin public non loin de celui qui était le lieu de promenade préféré des Arlésiens il y a près de quarante ans et qui n’existe plus. « Il faut s’engager dans le monde dans lequel on vit », explique ce personnage, curieux mélange de spontanéité méridionale et de retenue tout helvétique. Sur la voie qu’elle s’est tracée, deux personnages semblent guider ses pas. En matière d’art, la figure emblématique de sa vie est sa grand-mère Maja Sacher, une Bâloise qui a collectionné dès la première partie du XXe siècle les Picasso, Jean Arp, Max Ernst et autres figures de l’avant-garde, à une époque où il était mal vu dans les milieux bourgeois de s’intéresser à ce genre. « Elle voulait me montrer ce qu’elle faisait. Je voyageais avec elle. Elle était incomprise dans ses goûts exprimés pour un art qui n’en était qu’à ses balbutiements, à une époque où cela ne se faisait pas », raconte avec pudeur l’Arlésienne d’adoption. Il n’empêche : elle a constitué une collection hors du commun qui est aujourd’hui répartie dans différents musées de Bâle. Maja ajoute : « Chez elle, j’étais fascinée par les peintures de James Ensor, en particulier cette toile montrant des figures de carnaval grimaçantes. » C’est certainement de cette illustre ascendance qu’elle tire sa passion pour la communauté artistique. Dès les années 80, à New York, elle-même se lance à la découverte. « J’ai rencontré Keith Haring, Andy Warhol et surtout Jean-Michel Basquiat. Cela m’a donné un sentiment de liberté. » Aujourd’hui, elle agit : comme mécène au New Museum à New York, à Zurich avec un projet de Kunsthalle dans une ancienne brasserie et à Bâle en tant que vice-présidente d’une institution dessinée par les architectes Herzog et de Meuron, Schaulager, dont la vocation est de collectionner l’art actuel. L’autre personnage clé dans ses inspirations est son père, Luc Hoffmann, ornithologue qui s’était installé en Camargue avec sa famille pour étudier-et c’est véridique-le duvet des mouettes rieuses. Il a été cofondateur, en 1961, de WWF, l’organisation mondiale de protection de l’environnement. De lui elle tire son goût de la lutte pour le respect de la nature. Le premier riz bio camarguais ? C’est elle. Le premier restaurant étoilé bio en France ? C’est elle aussi. Aujourd’hui, l’établissement La Chassagnette a perdu son étoile sans qu’elle s’en plaigne. « C’est un endroit hédoniste », dit-elle fièrement.

Elle est aussi à l’origine d’un regroupement de produ cteurs biologiques sous le nom d’Heureuse Camargue et est vice-présidente d’une association pour le soutien des marais méditerranéens. Mais son éclectique curriculum ne s’arrête pas là. Si Maja Hoffmann s’apprête désormais à consacrer une grande partie de son énergie au projet arlésien, elle a été, dans les derniers mois, très présente dans plusieurs opérations d’envergure. Comme la coproduction de « Zidane, un portrait du XXIe siècle », film mythique réalisé par les artistes Douglas Gordon et Philippe Parreno sur la star du foot-acheté par le Museum of Modern Art de New York-, la coproduction du documentaire de Julian Schnabel « Lou Reed’s Berlin », le sponsoring de « Third Mind », la plus belle exposition qui se soit jamais tenue au palais de Tokyo, à Paris, en 2007, et dont le commissaire était l’artiste Ugo Rondinone... Qu’est-ce qui fait courir Maja ? « J’essaie de trouver un moyen de transmettre ma passion pour un art innovant dans un esprit inspiré de ma grand-mère. »Héritière, d’accord, mais le mélange de cette quête de création contemporaine osée, d’une recherche militante de préservation de la nature et encore des plaisirs raffinés de la vie fait de Maja Hoffmann un pur produit du XXIe siècle.


FRANCE / Arles : le projet de Frank Gerhy et de Maja Hoffmann en arrêt
projet de centre culturel

catégorie : highlights
La ville de Arles devait voir posé mi 2011 la première pierre d’une tour d’allunimium destinée à accueillir un pôle culturel.


Maja Hoffmann, créatrice de la fondation Luma et héritière des Laboratoires Roche avait confié le projet architectural à l’agence Gerhy Partners.

Frank Gehry
, l’architecte californien à l’origine du célèbre bâtiment argenté aux formes complexes du Guggenheim Bilbao, a dessiné une tour d’alluminium de 56 mètres de haut implanté sur le site du Parc des Ateliers. Cependant, la Commission nationale des monuments historiques a rendu un avis défavorable quant au permis de construire au motif que le bâtiment serait érigé sur les vestiges d’un cimetière antique. De plus, la Commission a estimé que le bâtiment, par son inscription dans le paysage, porterait atteinte à la qualité des abords du site des Alyscamps : la contiguïté de son implantation et sa hauteur obturent la vue vers le clocher de l’église Saint-Honorat.

La ville de Arles se retrouve partagée entre la perspective stimulante de la métamorphose du Parc des ateliers en pôle multiculturel, et la crainte de perdre une inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.

Maja Hoffmann a fait un don de 100 millions d’euros pour créer à Arles une « villa Medicis » de l’image. Elle est aussi mécène au New Museum à New York, à Zurich avec un projet de Kunsthalle dans une ancienne brasserie et à Bâle en tant que vice-présidente d’une institution dessinée par les architectes Herzog et de Meuron, Schaulager, dont la vocation est de collectionner l’art actuel

Maja Hoffmann,
la mécène

Bio express. Héritière des laboratoires suisses Hoffmann-Laroche, cette femme de 54 ans, qui a grandi en Arles, est une grande collectionneuse d’art, productrice de films, notamment du récent The Radiant Child, consacré à Jean-Michel Basquiat, et une importante mécène de projets d’artistes à travers le monde. En 2010, elle a été choisie comme trustee par le Tate Modern à Londres.
Son plus. Avec sa fondation Luma, créée en 2004, Hoffmann s’est dotée d’une structure et d’une stratégie afin de soutenir différents projets artistiques dans le monde entier.
Et demain ? Maja Hoffmann va investir plus de 100 millions d’euros pour créer en Arles sur le site des Ateliers une fondation unique en son genre, lieu de production de l’art et des idées, dont le bâtiment a été conçu par Frank Gehry, l’architecte du musée Guggenheim à Bilbao.

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Photographie à Arles: Maja Hoffmann va investir 100 millions deuros pour un centre de création contemporaine

ARLES.

Arles Parc des Ateliers SNCF

L’héritière de Hoffmann-La Roche va financer une réalisation de l’architecte Frank Gehry, auteur du Musée Guggenheim à Bilbao.

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Un musée-cathédrale peut-il changer le destin économique d'une région? Le succès phénoménal du Musée Guggenheim à Bilbao semble le démontrer. Depuis son inauguration en 1997, la capitale du pays basque espagnol a drainé des centaines de milliers de touristes, remplissant les avions, les hôtels, les restaurants, les boutiques. Son architecture spectaculaire, œuvre de l'architecte américain Frank Gehry, a fait la une de nombreux magazines et aussi une apparition remarquée dans un James Bond, ce qui a démultiplié sa notoriété.


Aujourd'hui, une Suissesse, la milliardaire Maja Hoffmann, héritière du groupe pharmaceutique Hoffmann-La Roche, compte s'inspirer de ce cas d'école pour redynamiser Arles, sa ville d'adoption et où elle a étudié. La Fondation suisse Luma, qu'elle créée et dotée d'un capital substantiel, investira 100 millions d'euros pour bâtir un campus culturel d’un genre nouveau.

Centre de création, de production et de transmission de la création contemporaine - vidéo, arts scéniques, photographie - celui-ci abritera des enseignants venu de l’Université de Columbia, des espaces d'exposition, un théâtre, une bibliothèque, un restaurant, des archives, des galeries d'art, le siège de la maison d'édition Actes Sud, l'Ecole nationale supérieure de photographie et des studios pour les photographes sur les 49 000 mètres carrés des anciens ateliers SNCF désaffectés, actuellement propriété de la ville d'Arles.

Quatre ans seulement après avoir imaginé lors d'une discussion sur un coin de canapé un lieu culturel pour le XXIe siècle, la mécène bâloise s'apprête à déposer une demande de permis de construire pour le projet Fondation Luma, Parc des ateliers. Dès le 8 juillet, la trésorière et mécène des Rencontres photographiques d'Arles, manifestation majeure de ce type en Europe, exposera à la mairie d’Arles la maquette dessinée par l'architecte américain Frank Gehry, 82 ans, déjà auteur du Musée Guggenheim à Bilbao. Présentée à Paris jeudi dernier, la structure a "scotché" des étudiants en architecture et des élus arlésiens.

Couvert d'une peau en aluminium soufflé, le bâtiment s'élèvera à la même hauteur, 56 mètres, que l'ancienne cheminée présente dans les tableaux de Van Gogh, qui a peint l'essentiel de son œuvre à Arles. Des oppositions sont toujours possibles. Mais elles sont peu probables. Des centaines d'emplois sont en jeu.

De plus, le projet de Maja Hoffmann jouit du soutien des autorités. Samedi soir, à l'ouverture des 41e Rencontres photographiques, le ministre français de la culture lui a apporté son soutien. Frédéric Mitterand veut créer un centre mondial de compétences en photographie à Arles. La Fondation Luma pourrait illuminer ainsi les manifestations de 2013, année où la région Marseille-Provence sera capitale européenne de la culture.

Giuseppe Melillo

Article publié par le quotidien économique L'AGEFI



Publié le 9 juillet 2008 à 16h01
Mis à jour le 12 mars 2010 à 12h15

Mécénat - Maja Hoffmann offre un autre avenir à Arles

L’héritière des laboratoires pharmaceutiques Roche (Hoffmann-La Roche), qui a grandi en Camargue, engage un projet grandiose à Arles. Sa fondation offre plus de 100 millions d’euros.

Elle n’aime pas parler d’elle. Pas sûr même que Maja Hoffmann soit heureuse, en ce moment, dans sa ville natale d’Arles où son nom circule sur toutes les lèvres. Mais elle joue le jeu, assume son choix « qui n’est encore qu’un rêve. Il y a tout à construire », dit-elle. Tout, soit « une cité de l’image » sur les huit hectares de friche industrielle des anciens ateliers SNCF, à deux pas du centre historique. Sa fondation suisse Luma, dédiée à l’art et à la culture, en sera à la fois l’âme et la pierre angulaire. Le coût de l’opération dépassera les 100 millions d’euros. Pour qu’un geste architectural scelle cette dimension, elle a fait appel au Californien Frank Gehry, créateur du musée Guggenheim de Bilbao (Espagne), notamment, qui signe aussi les plans de la fondation Louis-Vuitton à Paris. En ouverture des Rencontres de la photographie qui se tiennent jusqu’au 14 septembre à Arles, Maja Hoffmann, qui en est l’une des administratrices, a dévoilé une ébauche de maquette et insisté sur la philosophie de cet investissement considérable.

Changements dans le pool d’actionnaires Roche

La majorité des descendants directs du fondateur de l’entreprise, Fritz Hoffmann-La Roche a décidé de maintenir le pacte d’actionnaires qui existe depuis l’année 1948 en modifiant sa composition. Une fondation d’utilité publique établie par des membres du pool est admise dans le pool, tandis que Maja Oeri a décidé de quitter celui-ci. Le pool, qui dispose donc désormais de 45,01% des voix dans Roche, conserve sa position dominante et orientée vers le long terme en tant qu’actionnaire le plus important.

Le pacte d’actionnaires qui existe depuis 1948 entre les descendants directs du fondateurde l’entreprise, Fritz Hoffmann-La Roche a été prolongé en 2009 avec une nouvellecomposition. La majorité des membres de la famille a décidé de maintenir le pacted’actionnaires en modifiant légèrement sa composition: d’une part, une fondation d’utilitépublique établie par plusieurs membres du pool a été admise dans le pool, démontrant quela famille conserve sa vision à long terme pour l’entreprise.D’autre part, Maja Oeri a décidé de quitter le pool et de faire valoir ses droits d’actionnairede manière autonome. Par conséquent, le pool réunira à l’avenir: Vera Michalski-Hoffmann,Maja Hoffmann, André Hoffmann, Andreas Oeri, Sabine Duschmalé-Oeri, Catherine Oeri,Jörg Duschmalé, Lukas Duschmalé ainsi désormais que la fondation d’utilité publique Wolf.Le groupe d’actionnaires lié par une convention de vote détient désormais72'018’000 actions au travers du pool, soit 45,01% des actions au porteur émises. Mêmeaprès la renonciation à la majorité des droits de vote, le pool demeure de loin l’actionnaire leplus important et maintient son engagement à long terme pour l’intérêt général etl’indépendance du groupe avec siège principal à Bâle. Maja Oeri reste également fidèle àcette optique en tant qu’actionnaire individuel important, détenant 5% des droits de vote.Bâle, 24 mars 2011 Les membres du poolMaja Oeri

Les éventuelles questions des médias sont à adresser exclusivement à Bruno Dallo, directeur de Scobag Privatbank AG, Gartenstrasse 56, 4010 Bâle, tél. +41(61) 205 12 12.


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