'Il faut taxer les transactions financières'
Dans un courrier adressé à la Commission européenne, Wolfgang Schäuble et François Baroin déclarent croire fermement qu'instaurer cette taxe au niveau européen serait une étape cruciale vers un consensus mondial, d'une manière qui n'affecte pas la compétitivité européenne.
WOLFGANG SCHÄUBLE |
Paris et Berlin veulent une taxe sur les transactions financières qui s'applique à toutes les opérations impliquant une contrepartie dans l'Union européenne, à un taux "aussi bas que possible", selon des propositions transmises vendredi à la Commission européenne. Dans un courrier adressé au commissaire aux Services financiers Michel Barnier et à celui chargé de la fiscalité Algirdas Semeta, François Baroin et Wolfgang Schäuble, les deux ministres des Finances concernés, détaillent leurs propositions concrètes pour cette taxe, serpent de mer dont Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont décidé le mois dernier de forcer l'adoption au niveau européen.
La taxe sera prélevée "sur toutes les transactions financières et de devises", selon ce texte diffusé par le ministère des Finances allemand, "quand au moins une contrepartie est basée dans l'UE". Plusieurs modèles sont évoqués quant à sa base d'application, qui pourra être la valeur monétaire, la valeur de marché ou le notionnel, c'est-à-dire la valeur du sous-jacent pour les transactions de produits dérivés.
Le taux sera "le plus bas possible, pour minimiser les réactions d'évasion", qui verraient les opérateurs effectuer leurs transactions hors d'Europe pour échapper au prélèvement. Une source proche des discussions avait évoqué cette semaine un taux de 0,1% pour les actions et obligations et 0,01% pour les produits dérivés.
"Nous sommes persuadés que l'instauration d'une taxe sur les transactions financières au niveau européen sera une étape cruciale pour atteindre un consensus global, sans affecter la compétitivité européenne", écrivent les deux ministres, qui espèrent toujours que l'exemple européen fera école au niveau mondial.
La Grande-Bretagne a rapidement réagi en déclarant qu'elle ne participera pas à une taxe sur les transactions financières de la zone euro, a annoncé vendredi un porte-parole du Trésor.
Depuis la première proposition en 1972 de James Tobin, économiste américain, prix Nobel en 1981 et ex-conseiller du président Kennedy, ce projet a considérablement évolué. Tobin l'avait imaginé comme instrument de désincitation de la spéculation dans les transactions monétaires internationales qui profitaient de l'évolution des taux de change des monnaies nationales pour faire de fructueux bénéfices. Il prévoyait d'ailleurs dans son projet des taux de taxation assez dissuasifs pouvant aller jusqu'à 1% de la valeur des transactions.
Aujourd'hui, l'idée qui prévaut serait de taxer à un taux beaucoup plus faible (on parle de 0,005 % ce qui correspond à 50 ppm - parties par million - pour reprendre une mesure de biologiste ou de chimiste, c'est-à-dire, de manière concrète 50 $ pour 1 million de $) et donc de manière que l'on peut estimer "indolore" toutes les transactions financières et particulièrement toutes celles pratiquées par les banques et leurs équipes de "traders" qui ont tant joué au casino et créé ces milliers de milliards de $ d'actifs toxiques qui ont fini par empoisonner les bilans des banques.
Pas facile de se faire une idée de ce que cela peut bien représenter pour l'économie mondiale.
Tentons une grossière approximation.
Le ministre Kouchner qui n'a pas une grande réputation d'économiste mais qui doit - on l'espère en tous cas - être bien conseillé, cite dans un interview récent des montants annuels de l'ordre de 20 à 30 milliards d'euros que pourraient rapporter cette taxe. Si ces chiffres sont les bons (soit environ une cinquantaine de milliards de $), cela indiquerait que le montant global annuel et mondial des transactions financières avoisinerait le Million de Milliards de $, c'est-à-dire environ 20 fois le PIB mondial (estimé à ce jour - crise mise à part - au niveau de 50 mille milliards de $), ce qui peut paraître - sans être un spécialiste de ces questions - d'un ordre de grandeur raisonnable.
Avec cette taxe, nouvelle mouture, les dirigeants de Etats qui y sont favorables ont sans doute d'abord dans l'idée de restreindre par la contrainte financière toutes les transactions à risques qui ont fait - et refont de nos jours - le bonheur des "traders" et par là réduire le risque d'une nouvelle bulle financière vers laquelle ces incorrigibles banquiers, avides de profits à court terme, ne vont pas manquer de nous diriger. Ils ont peut-être aussi - au moins on peut l'espérer - l'idée de fourbir une nouvelle arme meurtrière contre les paradis fiscaux dont les transactions pourraient être frappées plus lourdement. La troisième idée des dirigeants concerne sans doute l'état délabré de leurs finances publiques nationales que le produit de la taxe Tobin ne manquerait pas d'améliorer. Accordons-leur une quatrième idée qui serait d'aider le tiers-monde à financer ses énormes besoins d'infrastructures, d'énergie et de production (propre et durable dans la mesure du possible) et par là-même participer à une reprise économique mondiale tant souhaitée et attendue.
Il faudra, bien sûr, que tout le monde soit d'accord pour appliquer loyalement cette taxe sans inventer localement trente-six dérogations qui reviendraient à la neutraliser !
Si tous les grands pays se mettent d'accord lors du prochain G20, cette première esquisse de gouvernance financière mondiale aurait alors une bonne chance d'aboutir.
En tant que taxe, cette invention de Tobin, présente - dans sa version moderne - des caractéristiques presque idéales (très faible taux et base d'application énorme). Il serait vraiment dommage de ne pas en user (voire en abuser si ses effets secondaires ne s'avèrent pas, à l'expérience, trop dommageables) !
(source: http://pauledouard.over-blog.com/article-36293093.html)
Taxe Tobin version ATTAC et les BPM
On a parlé récemment sur ce blog du retour de la taxe Tobin dans une version modernisée et orientée vers les transactions financières spéculatives mondiales.
ATTAC (Association for the Taxation of financial Transactions for the Aid of Citizens) a récemment rebondi sur le sujet par le biais d'un article de trois membres de son conseil économique en élargissant considérablement le débat via une nouvelle mouture de la Taxe Tobin (devenue au passage non plus volontaire mais obligatoire et beaucoup plus lourde que celle récemment présentée par Bernard Kouchner) au financement des BPM (Biens Publics Mondiaux).
La rupture radicale préconisée par les gens d'ATTAC est, bien entendu, une vue de l'esprit dans l'état actuel des relations et des accords entre les Etats mais elle a le mérite de montrer une voie vers laquelle se diriger dans un futur sans doute lointain quand les décideurs politiques et économiques auront - enfin ! - pris conscience de l'impérative priorité à accorder à la protection des ressources naturelles et à la répartition équitable des richesses entre les continents.
Vue de l'esprit car les Etats les plus riches renâclent aujourd'hui à affecter une aide au développement du tiers-monde de 0,7% de leur PIB qu'il se sont pourtant engagés à verser et on les imagine mal en affecter 2,5% - préconisations d'ATTAC - même en taxant des transactions internationales qui leur passent au-dessus de la tête !!
Afin de satisfaire ses préconisations ATTAC réclame la mobilisation de 1.500 Milliards de $, soit les 2,5% du PIB mondial et, pour faire bon poids, ajoute à la taxe de type TOBIN une autre taxe sur les bénéfices des multinationales.
En quoi consiste ces fameux BPM ? Ils concernent d'abord l'environnement naturel et ses multiples rubriques allant de la préservation des sols et des forêts, l'accès à l'eau potable, la pollution, l'évolution du climat, la désertification, etc...mais aussi l'environnement nécessaire au développement humain (éducation, infrastructures, sources d'énergie, ressources alimentaires, .....) et enfin tout ce qui est concerné de près ou de loin par le développement durable et la préservation de l'avenir de la planète Terre, sans oublier les outils de stabilisation économiques et financiers permettant au monde de faire l'économie de crises systémiques.
Vaste programme ! Il y faudra y consacrer non seulement d'énormes capitaux mais rien ne se fera sérieusement sans une réelle gouvernance mondiale dans laquelle devront s'associer les poids lourds de économie mondiale, les pays en progression rapide et tous ceux qui ont besoin de la solidarité des autres nations pour échapper à la fatalité du malheur et de la misère.
Le XXIème siècle y suffira-t-il ?
(source: http://pauledouard.over-blog.com/categorie-767490.html)
La taxe Tobin, suggérée en 1972 par le lauréat du « prix Nobel d'économie » James Tobin, consiste en une taxation des transactions monétaires internationales afin de ne plus inciter à la spéculation à court terme. Le taux choisi serait faible, de 0,05 % à 1 %.
L'idée du professeur Tobin a connu un certain engouement depuis la crise mexicaine de 1992-1994. Le projet a été évoqué au sein de l'ONU et du G7 d'Halifax en 1995. Robert Mundell a argumenté que cela constituerait une incitation puissante à la mise en place de monnaies communes comme l'euro.
Depuis sa fondation en 1998, l'association ATTAC défend, entre autres, l'idée de l'instauration de cette taxe et participe au mouvement altermondialiste. Elle s'est depuis implantée dans beaucoup de pays, et propose des analyses étudiant la possibilité pratique de la mise en place de la taxe.
James Tobin quant à lui s'est distancié de l'utilisation faite de son idée. Il déclarait ainsi en 2001 : « J’apprécie l’intérêt qu’on porte à mon idée, mais beaucoup de ces éloges ne viennent pas d’où il faut. Je suis économiste et, comme la plupart des économistes, je défends le libre-échange. De plus, je soutiens le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tout ce à quoi ces mouvements s’en prennent. On détourne mon nom. »1. Une telle taxe aurait selon lui, dans le même entretien, un intérêt pour limiter les mouvements de court terme sur les monnaies mais ne doit pas être interprété dans une logique altermondialiste.
D'autres économistes, comme Joseph E. Stiglitz2 ou Lawrence Summers3 soutiennent le principe d'une telle taxe. Elle est cependant critiquée par la large majorité des économistes financiers à l'instar de Dominique Strauss-Kahn, ancien président duFMI, qui a déclaré que « les transactions financières étant très difficiles à mesurer, une telle taxe serait très facile à contourner »4.
(source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Taxe_Tobin)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire