Frère retire la CNP de la cote
Coup de tonnerre sur la Bourse de Bruxelles jeudi soir après la clôture. Un communiqué de la Commission bancaire, financière et des assurances (CBFA) annonce une offre publique d’achat sur la Compagnie Nationale à Portefeuille (CNP), lancée par une structure commune à Albert Frère et BNP Paribas. Fingen est en effet un holding détenu à 100 % par Erbe, qui est elle-même une société codétenue par Frère-Bourgeois (53 %) et BNP Paribas (47 %). Erbe détient 46,5% de la CNP, ce qui en fait le principal actionnaire de la holding. (Voir le graphique)
L’offre porte sur la totalité des actions, soit un maximum de 30.831.083 actions, au prix de 48,64 euros. L’action clôturait hier à la bourse de Bruxelles à 40,31 euros. Le prix fixé représente donc une prime de plus de 20 % par rapport au cours de Bourse mais reste en deçà de la valeur intrinsèque de la CNP estimée à 51,90 euros.
L’offre est soumise à une condition: que Fingen récolte au moins 90% du capital de la société.
L’opération passera par Fingen, filiale à 100 % de ERBE, structure détenue conjointement par le groupe Frère-Bourgeois et par BNP Paribas et qui détient 47,37 % de la CNP. Voilà pour les aspects pratiques de l’opération. La justification est évidemment plus compliquée à avancer.
Les marchés bruissaient récemment de la rumeur d’une réorganisation au sein de la galaxie Frère, particulièrement complexe et à étages multiples.
Ces derniers mois, différents étages de la structure, essentiellement Frère-Bourgeois, avaient procédé à des rachats d’actions de la CNP. Durant l’année 2010, la structure faîtière avait acquis pour 10 millions d’euros d’actions CNP, dépassant les 20 % du capital directement détenus. Mais ce programme de rachat s’est arrêté le 1er février dernier. Le management s’était alors déclaré en "période grise". Traduction libre d’un analyste: on pourrait reprocher à la CNP et donc à ses actionnaires de soutenir le cours alors qu’une opération dont ils ont connaissance se prépare…
Jeudi matin, la CNP convoquait une assemblée générale extraordinaire en vue de modifier la date de son AG ordinaire et la porter de fin avril à juin… soit en même temps ou presque que celle de Frère-Bourgeois.
Pour Tom Simonts, analyste chez KBC Securities, un déclencheur possible pourrait être la volonté de BNP Paribas de sortir de la structure, mettant fin à une relation de plus de 40 ans. Les partenaires sont liés par un pacte d’actionnaires jusqu’en 2014. "Ce n’est qu’une hypothèse, mais je ne vois pas d’autres explications, parce qu’il n’y a par exemple aucun avantage fiscal ou au niveau du capital, souligne Tom Simonts. Mais si l’offre est un succès, ce qui ne posera sans doute guère de problème, cela permettrait au groupe, une fois CNP rayé de la cote, de faire ce qu’il veut: par exemple, vendre les actifs de CNP, et en utiliser une partie pour racheter la participation de BNP Paribas, qui vaut environ 1,2 milliard d’euros".
Une réflexion à ajouter peut-être : "Depuis 2005 ou 2006, on a vu très clairement que CNP n’était plus active. Des transactions qui auraient dû se faire chez CNP se faisaient chez GBL ou chez Ergon – avec l’avantage que cette structure de private equity n’est pas cotée, et ne doit donc pas rendre compte de tous ses mouvements au marché", observe Simonts.
L’opération rapproche de facto la tête du groupe Frère de GBL. Par rappel, GBL est contrôlé conjointement par le groupe Frère et le groupe canadien Desmarais au terme d’un accord qui arrive également à son terme en 2014…
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