"Tournicoti...Tournicoton"! ... et autres zébulons

Posté le 11 août 2010 par Raphael Cockx

Les banquiers-zébulons: Bergen a la cote

Le blog prend ses quartiers d’été. Pendant cette parenthèse estivale, je vous propose de découvrir (ou de redécouvrir), chaque jour, une sélection d’articles parmi ceux qui ont été les plus lus, sur le blog, ces derniers mois.

Je serai de retour le lundi 23 août avec les rubriques habituelles (le chat boursier, le briefing des valeurs belges et le Lu dans L’Echo) et de nouveaux articles sur le monde de la Bourse et de la finance.

A bientôt.
Stéphane Wuille

(L'Echo - publié le 7 mai) - Zébulon. Les moins de 40 ans ne peuvent pas le connaître. C’est l’un des personnages du "Manège enchanté", une série animée pour enfants qui a connu son heure de gloire dans les années 60. Sa particularité : il n’a pas de jambes, il est monté sur ressorts et se transporte au pays du Bois Joli grâce à sa formule magique«Tournicoti…Tournicoton… »

Un peu comme nos ex-banquiers. Ceux qui n’ont pas vu (ou pas voulu voir) arriver la déferlante financière provoquée par la crise de l’immobilier US. Ceux qui de plein gré, ou poussés dans le dos, ont dû abandonner le gouvernail de leur navire échoué sur des hauts fonds. Ceux qui, il y a quelques années, partaient conquérir le monde le front haut et la bourse profonde.

Les mêmes qui, aujourd’hui, rebondissent comme ce diable de Zébulon et atterrissent au cri de «Tournicoti…Tournicoton… » dans les conseils d’administration des sociétés cotées ou non.

-->André Bergen, l’ex-patron de KBC, qui a dû jeter l’éponge en raison de graves problèmes de santé revient petit-à-petit aux affaires, écrivions-nous il y a quelques semaines. Cette phrase est plus que jamais d'actualité, sauf qu'il faudrait remplacer "petit-à-petit" par "avec entrain" .

Après ses nominations chez Cofinimmo et Nyse-Euronext (lire plus bas), il devrait rejoindre deux nouveaux conseils d'aministration. Un siège l'attend en effet auprès de la banque d'affaires néerlandaiseNIBC où ses talents de banquier pourront à nouveau se déployer. Il siégera également au conseil d'administration de la société de services maritimes Ahlers détenue par la famille Leysen, une des familles actionnaires de KBC. Christian Leysen fut d'ailleurs un ancien administrateur de KBC, rappelle De Tijd.

Avant cela, Bergen a été nommé administrateur indépendant de la plus importante Sicafi belge, Cofinimmo.Il ne sera pas trop dépaysé. Le président André Dirckx est un ancien de la Générale de Banque, tout comme lui. En outre, d’autres banquiers et assureurs siègent chez Cofinimmo comme Alain Schokert (Degroof), Robert Franssen (Allianz Belgium) ou Xavier de Walque (Dexia Banque).

Il percevra 20.000 euros et 2.500 euros en plus pour chaque conseil auquel il assistera. S’il rejoint l’un des comités (rémunération ou audit), il pourra compter sur un appoint de 6.250 euros. Un montant doublé s’il préside l’un de ces deux comités.

André Bergen remplacera également Jean Peterbroeck dans le Saint des Saints de Nyse-Euronext. Un mandat qui conviendra parfaitement à celui qui fut un temps directeur de la salle des marchés de la Générale de Banque.

-->Michel Tilmant, aka le boss, admiré par beaucoup pour son ascension inédite à la tête du groupe batave ING garde un pied dans la banque après sa disgrâce. Il représente les intérêts de l’Etat belge au sein du conseil d’administration de BNP Paribas. Il pourra y deviser sur le triste sort des banques belges avec Denis Kessler, patron de Scor, qui fut administrateur de Dexia pendant une dizaine d’années.

Il rejoindra aussi, le conseil de la Sofina, le très discret holding de la famille Boël. Ses avis seront certainement appréciés à leur juste valeur lorsqu’il s’agira de se pencher sur les 2,1 millions de titres Fortis que la Sofina détient encore en portefeuille. Un holding discret certes, mais particulièrement généreux avec ses administrateurs. Ceux-ci se partagent 3,5% des dividendes nets, ce qui pour 2009 a permis, par exemple à Etienne Davignon de percevoir 141.000 euros.

A côté de ces deux mandats, l’ex-patron d’ING est également administrateur chez Lhoist, groupe non-coté spécialisé dans la chaux et offre ses conseils à Verlinvest, une société d’investissement des familles belges actionnaires d’AB InBev.

-->Axel Miller, l’ancien CEO de Dexia, n’est pas resté longtemps sans emploi. Ses qualités professionnelles ont séduit la maison Petercam qui lui a offert un poste d’administrateur délégué. Il est en charge de l’informatique, des ressources humaines, de l’opérationnel, du secrétariat et du juridique. Il aura bientôt une nouvelle plume à son chapeau : celle d’administrateur de Spadel où il remplacera …un autre banquier, Fred Chaffart décédé en février dernier.

En plus de son poste d'administrateur délégué chez Petercam et de son siège chez Spadel, Axel Miller rejoindra prochainement le conseil d'administration du distributeur automobile D'Ieteren. Il ne sera pas trop dépaysé puisqu'il y côtoiera Pascal Minne, un autre administrateur délégué de Petercam. Alain Philippson de la banque Degroof dispose aussi d'un strapontin au conseil.

Combien va-t-il gagner chez D'Ieteren? Malheureusement, la société se refuse à jouer la carte de la transparence totale en la matière. Elle estime que donner le montant global versé aux administrateurs non-exécutifs suffit à informer "de façon adéquate" les actionnaires et les investisseurs. Pour 2009, ce montant s'élève à 1.509.595 euros à répartir entre 11 administrateurs. Cela donne une moyenne de 137.236 euros par personne.

-->Jean-Paul Votron, l’ancien CEO de Fortis, semble avoir moins de ressort que ses collègues banquiers victimes de la crise. Pas de beau mandat d’administrateur à son actif. Pour l’instant… Il faut dire que sa banque a été à deux doigts d’exploser en plein vol. Ce qui n’aide pas dans un CV.

Selon nos confrères du Tijd, Jean-Paul Votron donne, pour l’instant, des avis stratégiques à des patrons d’entreprises moyennes. Il évolue également dans le milieu académique à l’étranger et, dans une moindre mesure, en Belgique.

Gilbert Mittler, l’ancien directeur financier de Fortis, exploite le même créneau. Il a fondé Dune Hill Consulting, une société de conseils aux jeunes et aux PME.

Quant à l’ancien patron de Fortis, Maurice Lippens, c’est toujours le silence radio. Lors d’une interview accordée l’an dernier à L’Echo il précisait toutefois qu’il coachait des jeunes. Il a également vu son mandat d’administrateur de GBL renouvelé lors de la dernière AG du holding.

Enfin, Karel De Boeck, ex-CEO de Fortis Holding, a bien été nommé président de la fédération des éditeurs flamands mais ça s’arrête là. Pas de nouveaux mandats connus pour Jean-Paul Votron, ex-patron du groupe Fortis.

"Tournicoti...Tournicoton"!

Stéphane Wuille