L'"Europe des trente" se jouera dans les Balkans occidentaux
L’UE veut encore grandir. La Commission propose d’accepter la candidature de la Serbie et des négociations avec le Montenegro.
L’Union européenne et les pays des Balkans occidentaux ont fait des pas importants vers un rapprochement au cours de l’année 2011. En présentant le bilan de la politique d’élargissement, le commissaire Stefan Füle s’est réjoui de la fin des négociations avec la Croatie qui deviendra le vingt-huitième membre de l’UE en juillet 2013, tandis que la Serbie devrait obtenir un statut de candidat. L’Islande poursuit, elle aussi, son parcours vers l’adhésion alors que les écueils s’accumulent entre l’UE et la Turquie. Retrouvez les dossiers de candidature des Etats en cliquant ici.
Serbie
Serbie
L’opinion des "vingt-sept" vis-à-vis du gouvernement de Belgrade s’est retournée en mai dernier avec les arrestations successives de Ratko Mladic et Goran Hadzic, soupçonnés de crimes de guerre lors des guerres des Balkans des années nonante.
Belgrade avait remis sa candidature en 2009, mais il était clair que sans le renvoi des deux derniers chefs de guerre serbes vers le TPIY de La Haye, la Serbie resterait devant une porte close. Hier, la Commission a proposé au Conseil d’examiner l’officialisation de sa candidature. À une condition toutefois, que le gouvernement serbe accepte de reprendre les négociations avec le Kosovo dont il refuse de reconnaître l’indépendance.
Des négociations avaient été lancées au printemps mais elles coincent depuis un regain de tension sur la frontière Nord du Kosovo où la population est à majorité serbe. Belgrade espérait secrètement l’ouverture de négociations, mais l’UE réclame d’abord des "progrès supplémentaires" dans la normalisation des relations avec Pristina.
Belgrade avait remis sa candidature en 2009, mais il était clair que sans le renvoi des deux derniers chefs de guerre serbes vers le TPIY de La Haye, la Serbie resterait devant une porte close. Hier, la Commission a proposé au Conseil d’examiner l’officialisation de sa candidature. À une condition toutefois, que le gouvernement serbe accepte de reprendre les négociations avec le Kosovo dont il refuse de reconnaître l’indépendance.
Des négociations avaient été lancées au printemps mais elles coincent depuis un regain de tension sur la frontière Nord du Kosovo où la population est à majorité serbe. Belgrade espérait secrètement l’ouverture de négociations, mais l’UE réclame d’abord des "progrès supplémentaires" dans la normalisation des relations avec Pristina.
Montenegro
Le dossier du Montenegro progresse vite. La république avait initialement introduit une demande de candidature en 2008. En décembre 2010, le Conseil européen lui avait octroyé le statut de candidat officiel.
Depuis, la république a "obtenu des résultats globalement satisfaisants" sur les sept priorités essentielles que la Commission avait définies: le parlement, l’administration publique, l’État de droit et le système judiciaire, la lutte contre la corruption et la criminalité organisée, la liberté des médias, la coopération avec la société civile et, enfin, la lutte contre la discrimination.
La Commission a donc introduit une recommandation pour l’ouverture des négociations, tout en notant que certains points devront retenir une attention particulière: la lutte contre la criminalité organisée et la corruption au plus haut niveau d’une part; la lutte contre les discriminations en second lieu.
Islande
Depuis, la république a "obtenu des résultats globalement satisfaisants" sur les sept priorités essentielles que la Commission avait définies: le parlement, l’administration publique, l’État de droit et le système judiciaire, la lutte contre la corruption et la criminalité organisée, la liberté des médias, la coopération avec la société civile et, enfin, la lutte contre la discrimination.
La Commission a donc introduit une recommandation pour l’ouverture des négociations, tout en notant que certains points devront retenir une attention particulière: la lutte contre la criminalité organisée et la corruption au plus haut niveau d’une part; la lutte contre les discriminations en second lieu.
Islande
Malgré la crise qui a sérieusement affecté cette petite économie nordique et plusieurs points de frictions tenaces avec certains pays de l’Union européenne (en matière de pêche et concernant la faillite de la banque Icesave notamment), l’Islande fait assurément partie des bons candidats à l’accession et c’est donc un bon bulletin qui lui a été décerné hier.
La Commission européenne salue notamment les réformes entreprises en matière de bonne gouvernance au lendemain de l’effondrement du système financier islandais.
La Commission européenne salue notamment les réformes entreprises en matière de bonne gouvernance au lendemain de l’effondrement du système financier islandais.
Au niveau socio-économique, la Commission souligne les "efforts considérables" qui ont été réalisés en vue de stabiliser l’économie islandaise après la crise de 2008, mais s’inquiète des points d’ombre pesant sur la reprise économique. Elle reste fragile. Après avoir chuté de 6,9% en 2009 et 4% en 2010, le PIB a été pointé en hausse de 2,% au premier semestre de 2011 grâce à une reprise de la consommation et des investissements. Mais le secteur privé reste globalement "vulnérable" et la qualité des avoirs des banques islandaises continue à poser problème malgré leur refinancement. Autre point noir: le chômage qui s’élevait à 8,5% de la population active au premier semestre 2011.
La Commission européenne s’inquiète également du niveau de la dette publique islandaise qui a gonflé à plus de 90% du PIB alors qu’elle ne représentait qu’environ 30% du PIB avant la crise. Il faut dire que malgré les efforts de consolidation des finances publiques, le déficit budgétaire islandais s’est inscrit à 10,1% du PIB en 2010 suite aux coups de pouce que les pouvoirs publics ont encore dû apporter au secteur agricole et au marché de l’immobilier résidentiel. Si l’Islande est résolument considérée comme une "économie de marché", les contrôles fixés sur les mouvements de capitaux dans le pays continuent à poser problème à l’UE. "Des restrictions sur les devises sont encore en place", regrette la Commission. Depuis mars 2011, le pays est entré dans une dynamique de libéralisation de son marché des capitaux. Mais cela prendra du temps et les contrôles sont d’ailleurs maintenus jusque fin 2013 pour assurer la stabilité financière du pays.
Croatie
Les négociations d’adhésion avec Zagreb se sont clôturées fin juin. Plus rien n’empêche désormais la Croatie d’intégrer l’espace communautaire. Selon les souhaits du Conseil européen, le traité d’adhésion devrait être signé avant la fin de cette année pour une entrée probable en juillet 2013. À ce moment, elle sera le deuxième État né des ruines de l’ancienne Yougoslavie, après la Slovénie, à faire son entrée dans l’Union européenne.
Le parcours a été semé d’embûches. En guerre avec ses voisins jusqu’au milieu des années nonante, la Croatie a déjà reçu le titre de candidat en 2003. S’en est suivi un long chemin de digestion de l’acquis communautaire. Ces dernières années, la Commission a surtout veillé au respect des engagements pris par Zagreb dans les domaines judiciaire et des droits fondamentaux, de la justice, de la liberté et de la sécurité ainsi que de la politique de concurrence. Elle constate que le pays candidat respecte désormais tous les critères exigés et se réjouit de progrès considérables dans le domaine de la lutte contre la corruption.
Son adhésion a aussi été retardée par un différend sur sa frontière maritime avec la Slovénie que les deux pays n’ont réglé qu’en 2009. Pour l’UE, l’adhésion de la Croatie doit être un signal pour les autres États des Balkans occidentaux qu’elle souhaite voir rejoindre Bruxelles.
Macédoine
Macédoine
La Commission réitère sa recommandation pour le début des négociations d’adhésion avec l’ancienne République yougoslave de Macédoine. Cependant, le dossier macédonien reste au point mort: depuis la première recommandation en 2009, le passage à la phase suivante du processus d’adhésion se heurte à un veto systématique de la Grèce. Les États grecs et macédoniens ont beau être des partenaires commerciaux assez proches, ils coincent sur un litige vieux de vingt ans: celui de la dénomination officielle de la Macédoine. La Grèce se montre opposée à l’utilisation par Skopje du nom "Macédoine" et des symboles liés à l’héritage d’Alexandre le Grand, qu’elle considère comme siens.
Outre la bataille historique, la Grèce craint que ces symboles soient utilisés à des fins nationalistes par l’ancienne république yougoslave pour revendiquer la province grecque de la Macédoine. Les négociations autour de ce conflit sont placées depuis 1990 sous l’égide de l’Onu. La Commission, dans ses conclusions, fait remarquer que "le règlement de ce litige n’a que trop tardé".
Outre la bataille historique, la Grèce craint que ces symboles soient utilisés à des fins nationalistes par l’ancienne république yougoslave pour revendiquer la province grecque de la Macédoine. Les négociations autour de ce conflit sont placées depuis 1990 sous l’égide de l’Onu. La Commission, dans ses conclusions, fait remarquer que "le règlement de ce litige n’a que trop tardé".
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