Il y a peu de temps encore, l’économiste Philippe Defeyt commentait la statistique selon laquelle 60 % des 270.000 créations nettes d’emplois constatées entre 2005 et 2011 sont, hélas, des emplois subsidiés. Selon Philippe Defeyt, ces emplois avaient été coûteux et avaient au final peu de retombées pour l’ONSS.
 
En effet, selon cet économiste, un tiers des nouveaux emplois l’ont été dans le secteur des titres-services. Et un paquet d’autres sont ce qu’on appelle des emplois «win-win». Je vous rappelle que les emplois «win-win» ont été créés par le gouvernement pour lutter contre la crise. Ils sont donc destinés à des allocataires du chômage qui continuent à percevoir leur allocation. Et l’employeur qui engage doit verser la part manquante pour constituer un salaire.
 
Tous ces jobs sont pris en charge, pour deux tiers environ du coût total, par les finances publiques. Donc par le contribuable. Or, il est important de noter que ces mesures anticrise s’arrêteront fin décembre. La question posée par Philippe Defeyt était et reste simple : «Que deviendront ces emplois lorsqu’ils ne seront plus subventionnés ? C’est bien pour ceux qui ont trouvé du boulot. Mais sont-ce des emplois durables ?
 
Selon l’économiste, les emplois subsidiés posent à tout le moins deux problèmes. Tout d’abord, ils coûtent très cher à la collectivité. Ensuite, les employeurs n’ont-ils pas profité de l’effet d’aubaine et engagé, sous ce type de contrat, des personnes qu’ils envisageaient de toute façon d’embaucher ?
 
Du côté du ministère fédéral de l’Emploi, on a rappelé que le chômage des jeunes de moins de 25 ans s’est réduit de 12 % grâce à cette politique d’aide de l’Etat. Et d’ajouter qu’il suffit de se souvenir des émeutes sociales à Londres pour voir que des jeunes qui ont du travail, c'est essentiel…
 
Même si, scientifiquement, il n’est pas possible de démontrer la conséquence directe entre des émeutes et une politique d'emploi, le ministère de l’Emploi pense qu’il existe un lien indéniable. Sans compter, et c’est là un autre argument, en faveur de ces emplois subsidiés, que ces créations d’emploi auraient contribué à soutenir la consommation et donc permis de maintenir la cohésion sociale.
 
Au final, Philippe Defeyt a sans doute raison. L’essentiel des jobs créés sont des jobs en quelque sorte artificiels parce que largement subsidiés par la collectivité. Avait-on cependant la possibilité d’agir autrement en pleine crise ? La même interrogation vaut pour Dexia : avait-on le luxe de faire autrement que de sauver cette banque ?