lundi 17 octobre 2011

Investisseur ou joueur ?

DEXIA (DEXB)

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 17/10/2011 10:13



Posté le 13 octobre 2011 par Stéphane Wuille

Tous égaux chez Dexia? Hum, hum...

Reynders 13 octCe vendredi est un jour crucial pour le Holding Communal, actionnaire à hauteur de 14,14% de Dexia. Son conseil d’administration va devoir définir l’avenir immédiat de ce véhicule d’investissement détenu par les villes et les communes belges. Un avenir sombre quelle que soit la voie empruntée. La déconfiture de Dexia, son principal actif, pose la question même de sa survie.

Tous les actionnaires du groupe Dexia en sont là. Ils mesurent les conséquences directes et indirectes que le démantèlement du groupe aura sur leurs cassettes personnelles. Qu’il s’agisse des Etats belges et français, des trois régions, du groupe Arco, de la Caisse des Dépôts, des actionnaires salariés, des petits porteurs ou des autres investisseurs institutionnels.

La question centrale est : seront-ils tous égaux devant ce désastre ou certains bénéficieront-ils de béquilles pendant que les autres seront abandonnés à leur sort ?

Didier Reynders (photo) l’a affirmé mercredi devant la commission des Finances de la Chambre : « Nous ne pouvons accepter de discrimination entre les actionnaires de Dexia. »  Comment ne pas être d’accord avec notre ministre des Finances ? Mais comment, aussi, ne pas constater que cette égalité n’existe déjà plus…
L'actionnariat de Dexia:

Dexia actio
(Source: Dexia)

Voici deux exemples. Ils ne résisteront sans doute pas à une analyse juridique approfondie mais devraient agir comme un caillou dans la chaussure de ceux qui sont à la manoeuvre.
L'ardoise du Holding Communal

J’imagine qu’il y a encore  des petits porteurs qui (malgré des expériences douloureuses comme Fortis) ont encore commis l’erreur du débutant en investissant la majorité de leurs économies dans des actions Dexia. A ceux-là, il ne leur reste que leurs yeux pour pleurer.

Le Holding Communal, qui n’est pourtant pas un novice en matière d’investissement, n’a pas fait autre chose. Tous ses œufs, ou presque, étaient dans le même panier. La sanction devrait être double. Elle ne le sera pas. Que du contraire. Il est même question d’effacer son ardoise de 1,2 milliard d’euros dus à Dexia Banque Belgique pour éviter de déclencher les garanties de 450 millions d’euros promises par les Régions! Des Régions qui sont, elles aussi, des actionnaires de Dexia...

Revenons à notre petit porteur ignare en matière d’investissement et qui a tout perdu (ou presque) avec les actions Dexia. Vous pensez un seul instant que pour le soulager un peu Dexia Banque lui dirait : « Allez, votre prêt hypothécaire, c’est oublié, hein. Vous ne nous devez plus rien. Mais vous restez client, promis ?»

Les heureux coopérateurs d'Arco

Passons maintenant à Arco qui détient 13,81% de Dexia. Arco se dépeint comme un « holding coopératif » dont la mission essentielle « consiste en la gestion et la défense des intérêts économiques et financiers de ses coopérateurs ». Il est l’un des piliers du Mouvement ouvrier chrétien « à côté du syndicat et des organisations mutuellistes et socioculturelles. » Voilà pour les présentations.

Assez opportunément, un arrêté royal publié mercredi accorde aux coopérateurs la même protection que celle allouée aux dépôts et aux assurances sur la vie. Les 700.000 coopérateurs d’Arco sont donc désormais à l’abri des conséquences financières de la débâcle de Dexia.

Il existe certainement de multiples raisons, plus ou moins valables, à cette extension de garantie mais certainement pas celle prônant une égalité entre les actionnaires. Signalons en passant, que les coopérateurs de deux grands actionnaires de KBC (Cera et MRBB) doivent également se sentir plus léger.

La leçon d'économie du prof De Grauwe

De grauweUna autre option prônée (assez bizarrement) par le professeur d’économie Paul De Grauwe aurait été de « renvoyer les actionnaires avec zéro euro »Pour sûr, l’égalité aurait été totale. 

C’est le seul mérite de cette formule un peu étonnante dans la bouche d’un homme dont le travail académique est unanimement apprécié. Car pour en arriver là, il aurait fallu passer par la faillite avec tous les risques que cela fait courir sur l’épargne des déposants, sur l’emploi des collaborateurs et, de façon plus générale, sur la confiance dans le système bancaire.

« L’actionnaire a joué et il a perdu » a encore lancé le professeur De Grauwe dans la même interview publiée dans L’Echo du 11 octobre. Pardonnez-moi, M. De Grauwe, mais la majorité des actionnaires ne jouent pas. Ils investissent, moyennant rétribution, dans des entreprises qui croissent, créent de la richesse et procurent des emplois. Les spéculateurs jouent, les actionnaires investissent. Il ne faut pas confondre les deux.    
Stéphane Wuille

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