L'once d'or a atteint 1.393,55 dollars sur le marché au comptant vers 19H30 GMT. A New York, le contrat à terme pour livraison en décembre, le plus échangé, a atteint 1.393,40 dollars.
"Le dollar a été sapé par l'action de la Fed en faveur de nouvelles mesures d'assouplissement. C'est ce que de nombreux courtiers spécialisés dans les métaux et les investisseurs attendaient pour se précipiter", a indiqué Dax Wedemeyer, de US Commodities.
La chute de la monnaie américaine alimente les records sur les marchés de métaux depuis plusieurs mois. L'euro est monté jeudi à son plus haut niveau face au dollar depuis dix mois, à près de 1,43 dollar.
"Il y a un grand malaise face au dollar américain, sur lequel de nombreux actifs sont basés, c'est pourquoi de nombreux fonds et investisseurs se tournent vers les métaux et les devises étrangères", a ajouté Dax Wedemeyer.
Comme les investisseurs s'attendent à ce que la pression venue de la politique monétaire menée par la Fed se maintienne, l'élan observé sur le marché des métaux précieux, et des matières premières en général, pourrait durer.
"L'injection de liquidités dans le marché devrait accentuer les risques d'inflation, ce qui pourrait renforcer la demande de certains actifs utilisés comme réserve de valeur", ont expliqué les analystes de Commerzbank.
De son côté, l'argent, qui profite à la fois de son statut de métal précieux et de son usage dans l'industrie, s'échangeait à 26,3963 dollars l'once vers 21H15 GMT, son niveau le plus élevé depuis 30 ans.
La Fed joue son dernier atout
Le Comité de politique monétaire des 2 et 3 novembre a été l’occasion de dévoiler les nouvelles mesures que la Banque centrale américaine mettra en œuvre.
Depuis l’été, le Président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, préparait les marchés à une nouvelle intervention de la banque centrale américaine.
Et sans surprise, la réunion des 2 et 3 novembre a été l’occasion de dévoiler les mesures adoptées.
Mais, avec un taux directeur américain déjà pratiquement nul, les autorités monétaires doivent prendre des chemins de traverse pour agir. Bien qu’injectant déjà des liquidités dans l’économie par l’achat d’actifs sur les marchés financiers, la Fed accroît dès lors sensiblement l’ampleur de cette stratégie : jusque fin juin 2011, chaque mois, elle achètera pour 75 milliards de dollars de bons d’état américains, ce qui injectera donc au total 600 milliards de liquidités supplémentaires.
Le but est multiple :
- faire baisser les taux d’intérêts, afin de relancer le crédit, les investissements des entreprises et surtout la consommation des ménages;
- faire monter les anticipations et les pressions inflationnistes, pour éviter la déflation (comme l’a connue le Japon);
- affaiblir la valeur du dollar (un objectif d’ailleurs déjà atteint : le billet vert est en baisse sur le marché des changes depuis les premières rumeurs de ces interventions de la Fed).
Selon nous, il ne faut pas attendre de miracle de cette politique. Car si elle permet d’éviter une déflation (qui ne semblait pas vraiment menacer l’économie américaine), d’aucuns craignent qu’elle provoque à l’inverse un dérapage des prix. En outre, le loyer de l’argent étant déjà tellement bas, ce n’est pas une baisse supplémentaire de taux qui relancera fortement la consommation et les investissements.
Néanmoins, les mesures faciliteront la gestion de l’endettement et soutiendront la compétitivité des entreprises américaines exportatrices, ce qui n’est déjà pas si mal.
Cette politique ayant été anticipée par tous les observateurs, elle n'entraîne pas de changement dans notre stratégie d'investissement. Les actions américaines, globalement attractives, constituent toujours 10 % de notre portefeuille de base et nous ne changeons pas de conseil pour aucune des actions américaines que nous suivons.
Nous y reviendrons bientôt en détail.
La guerre des changes aura bien lieu
Malgré un communiqué apaisant des ministres des Finances des vingt plus grandes puissances économiques mondiales lors du dernier G20, les devises ont continué à fluctuer fortement entre elles.
Marché en ébullition
Le marché des changes enregistre, depuis peu, d’importants mouvements sous l’effet conjugué de plusieurs éléments. Le premier a trait à la disparition des opérations de carry-trade compte tenu de la grande aversion pour le risque depuis le début de la crise. Lourdement pénalisés jusqu’alors par ces opérations, le yen et le franc suisse – que les investisseurs empruntaient en raison de leurs faibles taux d’intérêt pour acheter ensuite d’autres devises plus rémunératrices – ont donc aujourd’hui retrouvé leur statut de valeur-refuge et se sont fortement appréciés. Ensuite, la grande faiblesse des taux d’intérêt et les maigres perspectives économiques dans les pays développés ont réorienté les flux financiers vers les nations émergentes plus dynamiques, provoquant également une forte hausse de ces devises, à l’exception du yuan chinois dont l’appréciation est bloquée par Pékin. Sans compter que les politiques monétaires accommodantes des pays développés ont fourni en masse les liquidités et contribué ainsi à intensifier les flux vers les pays émergents, le recours à la planche à billets aux Etats-Unis affaiblissant au passage la valeur du dollar.
Enfin, la volonté de certaines banques centrales de diversifier leurs réserves de change face à la dépréciation précitée du dollar ne fait qu’accentuer ces évolutions !
Une arme commerciale
Les interventions pour affaiblir les devises cachent en réalité une vraie volonté politique. Comme les grands accords internationaux interdisent la plupart des barrières tarifaires et douanières, manipuler le taux de change est souvent la dernière arme commerciale disponible. La Chine ne s’en cache pas et estime qu’une forte hausse du yuan, réclamée par toutes les capitales du globe, provoquerait des faillites massives dans le chef de ses sociétés exportatrices. Face à cette inflexibilité, d’autres pays ont décidé de réagir. Le Japon, par ex., est intervenu directement sur les marchés financiers le 15 septembre pour freiner la hausse du yen. Le Brésil, lui, a instauré une taxe sur certains flux financiers étrangers pour limiter l’afflux de fonds spéculatifs. Quant aux Etats-Unis, ils ont mis en place une politique plus subtile. En faisant tourner intensivement la planche à billets, les autorités monétaires essayent de faire baisser le coût de l’argent et de relancer ainsi le crédit, mais favorisent aussi, et surtout, la dépréciation de leur monnaie.
Pas tous gagnants
Pour les Etats-Unis, une dépréciation de la devise présente en théorie plusieurs atouts. Elle améliore la compétitivité des sociétés exportatrices américaines (leurs produits deviennent moins chers à l’étranger) et favorise les pressions inflationnistes (les produits importés deviennent plus chers), ce qui est toujours bienvenu quand la déflation menace. Mais ces avantages doivent aussi être relativisés. La dépréciation doit en effet être suffisamment forte et durable pour améliorer réellement la situation économique. Par ailleurs, le principe selon lequel la baisse du dollar rendra les produits importés plus chers et amènera logiquement les ménages américains à se rabattre sur les produits made in USA n’est pas si évident. De nombreux produits importés ne sont en effet plus substituables par des produits domestiques.Néanmoins, comme la Chine qui juge la faiblesse du yuan indispensable à son économie, les Etats-Unis pensent qu’il est crucial de faire baisser le dollar.
Malheureusement pour elles, les victimes de ce bras de fer américano-chinois sont déjà connues. La rigidité du yuan se fait ainsi au détriment des exportations et des économies des autres pays émergents qui ne savent pas lutter efficacement sur le marché des changes. Quant à l’entrée en piste des Etats-Unis, elle pénalise la zone euro dont l’hétérogénéité économique et les dissensions politiques excluent pratiquement toute riposte efficace.
La guerre des changes et vos placements
Sans le dire, les grandes puissances économiques du globe, à l’exception de la zone euro, ont donc entamé une guerre des changes. La grande volatilité des marchés des changes est dès lors appelée à se confirmer et l’euro, d’une solidité étonnante au vu des problèmes budgétaires et des perspectives économiques de la zone euro, continuera à être la variable d’ajustement. Pas forcément une bonne nouvelle pour l’investisseur européen dans la mesure où une appréciation trop importante de la monnaie unique pénalisera les entreprises. D’un autre côté, chercher son bonheur à l’étranger reviendra à s’exposer à un risque de change accru. Une grande sélectivité s’impose donc et notre diversification obligataire privilégie la couronne suédoise (encore bon marché), le franc suisse (valeur-refuge) et le dollar canadien (bien paré aux chocs économiques grâce aux finances publiques saines du Canada).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire