vendredi 27 janvier 2012

Feu rouge


08:19 - 27 janvier 2012 par Wouter De Broeck/Nadine Bollen

L'investissement pour économiser l'énergie reste-t-il rentable?


Le gouvernement Di Rupo a fait une croix sur la déduction fiscale de 40% pour les investissements destinés à économiser l’énergie. Reste-il intéressant d’investir dans des solutions permettant de réduire sa consommation d’énergie? Ou celles-ci sont-elles désormais impossibles à rentabiliser?
La fiscalité écologique en matière de logement n’a pas survécu à la première tempête budgétaire. Parmi la multitude de dépenses en vue d’économiser l’énergie donnant droit à 40% de déduction fiscale, seule celle portant sur l’isolation des toits a été maintenue – et encore, elle a été réduite à 30%. Panneaux et chauffe-eau solaires, double vitrage, vannes thermostatiques, pompes à chaleur, isolation d’un mur existant, remplacement ou entretien de la chaudière et audits énergétiques ne permettent plus de bénéficier d’un régime fiscal préférentiel.
Ces réductions d’impôt n’étaient pourtant pas négligeables. Pour la plupart des investissements "verts", le plafond était fixé à 2.830 euros par an; pour les panneaux solaires et les chauffe-eaux solaires,  3.680 euros. Et les contribuables dont l’habitation avait plus de cinq ans pouvaient reporter une partie de la facture globale sur les trois exercices fiscaux suivants.
"Il est particulièrement regrettable que la suppression de ces mesures soit intervenue de manière aussi abrupte", déplore Peter Boelaert de la Confédération Construction. "On a désormais l’impression que les investissements écologiques sont devenus inabordables. Ce n’est pas vrai. Certes, le prix d’achat est moins attrayant mais les économies sur les frais d’énergie restent réelles."

Toujours intéressant?

Le secteur craint de perdre un milliard d’euros en raison de la suppression de l’avantage fiscal. Est-ce justifié ? La meilleure façon de déterminer si un investissement vaut la peine consiste à calculer son "délai de rentabilisation".  Soit le temps nécessaire pour récupérer intégralement le montant investi.
Le tableau ci-dessous compare les délais de rentabilisation avec et sans avantage fiscal.
rentabilisation énergie
rentabilisation énergie
Pour l’isolation du toit, la différence ne dépasse pas trois mois. Ceci s’explique par le fait que l’avantage fiscal n’est pas supprimé mais plafonné à 30% au lieu de 40%. Pas un argument suffisant pour renoncer à l’investissement.
Pour les autres investissements, l’impact est considérable. Il faut désormais deux fois plus de temps pour rentabiliser le changement d’une chaudière: 6 ans et 4 mois au lieu de 3 ans et 10 mois.
Idem pour le remplacement des anciens châssis par du vitrage à haut rendement. Le délai de rentabilisation augmente de 2,5 ans à 5 ans et 5 mois. Quant à l’isolation d’un mur creux, elle n’est plsu rentabilisée après 4 ans mais après un peu moins de sept ans. Malgré cela, ces investissements demeurent intéressants dans la mesure où une chaudière, du vitrage à haut rendement ou un mur creux isolé devraient tout de même durer en théorie bien plus de six ou sept ans.
Les panneaux solaires restent intéressants eux aussi, malgré une augmentation du délai de rentabilisation de sept ans à presque neuf ans. Mais notez que les panneaux solaires peuvent entraîner des frais supplémentaires après dix ans, comme le remplacement du transformateur. La plupart des installateurs proposent des garanties de rendement (contre paiement ou non) pendant 20 ans. Mais que valent vraiment ces garanties lorsque l’on sait que la plupart des installateurs ne sont pas actifs depuis plus de vingt ans dans le secteur?
L’installation d’un chauffe-eau solaire s’avère irréaliste en cette nouvelle ère fiscale. Au lieu de 18 ans et deux mois, vous devrez désormais attendre 30 ans et quatre mois pour récupérer votre argent.
Les banques lancent leur propre emprunt vert
Nous devrons aussi nous débrouiller sans les prêts verts. Impossible, désormais, de financer un investissement économiseur d’énergie grâce à ce régime favorable qui combinait une remise de 1,5% sur le taux et 40% de réduction d’impôts sur les intérêts payés.
Séduits par la l’emprunt vert, les Belges sont nombreux à avoir décidé de rénover leur maison ces dernières années. Ou plutôt à avoir contracté un emprunt à cette fin. Chez BNP Paribas, 36% des crédits hypothécaires sont contractés aux fins de rénovation. Chez Dexia, cette proportion atteint même à 46%. Quant à ING, il a signé une hausse de 17% à 26%. En 2011, l’emprunt vert représentait un quart, voire un tiers de la production. Chez Dexia, il s’adjugeait un quart du total des crédits octroyés, y compris les crédits à tempérament. Chez AXA, cette proportion s’élevait à 21% de tous les crédits hypothécaires, contre 35% chez KBC.
L’emprunt vert n’existe plus, cependant. Les banques n’ont cependant pas l’intention de laisser passer la vague verte sans réagir. Avec Energy@home, Axa a déjà imaginé un emprunt à tempérament avantageux destiné à ceux qui affectent au moins la moitié de la somme empruntée à des investissements verts. KBC et Argenta évoluent dans la même direction. BNP Paribas Fortis et Dexia ont pour leur part l’intention de continuer à promouvoir les mesures visant une économie d’énergie auprès de leurs clients.

jeudi 26 janvier 2012

EURO or not EURO ? once again ...


«S&P dessine la géographie de la fin de l’euro !»

lundi 16 janvier 2012 à 16h38
Les dernières dégradations de notation par Standard & Poor’s prouvent au moins une chose : nous avons dépassé le point où une simple intervention technique fonctionnerait, estime Wolfgang Münchau, pour qui «la boîte à outils est vide».

© Thinkstock
Les dégradations de notation annoncées par Standard & Poor’s vendredi n’auront pas surpris Wolfgang Münchau, associate editor du Financial Times et chroniqueur spécialisé en économie européenne. Ni la rupture des négociations entre banques et Grèce autour de la restructuration de la dette de celle-ci – «une proposition irréaliste a été rejetée : pas de quoi feindre la surprise», écrit-il dans son un éditorial lundi.
Ces deux événements lui paraissent pourtant importants, «parce qu’ils nous révèlent le mécanisme qui sous-tend la suite d’événements à venir». A savoir : une spirale de dégradations de notations, baisse de la production économique, hausse de la dette et à nouveau dégradations. «La Grèce a désormais toutes les chances de faire défaut sur la plupart de ses dettes et pourrait même devoir quitter la zone euro. Lorsque cela arrivera, le projecteur sera immédiatement braqué sur le Portugal, et la fournée suivante de dégradations pourra commencer.»

Une dégradation de l’ensemble des «Etats triple A» aurait été plus facile à gérer politiquement

 
Aux yeux de ce spécialiste de l’Union européenne, Standard & Poor’s, en dégradant les notes de la France et de l’Autriche mais pas celles de l’Allemagne et des Pays-Bas, a «dessiné la géographie économique d’un éventuel démantèlement de l’Eurozone». Pas moins.
Une dégradation de l’ensemble des Etats-membres encore dotés d’un «triple A», en effet, aurait été plus aisée à gérer politiquement : «L’Allemagne est dorénavant le seul pays majeur jouissant encore d’un triple A. Suite à la décision de S&P, l’Allemagne acceptera plus difficilement encore l’idée des euro-obligations.» Plus encore, «la différence de notation entre la France et l’Allemagne accentuera le déséquilibre de leur relation».

Justifiée ou non, la «vengeance régulatoire» contre les agences de notation sera contre-productive

 
Pour l’avenir immédiat de la zone euro, l’éditorialiste du Financial Times prend des accents plutôt pessimistes. La complétion du traité fiscal européen, poussée par la chancelière allemande et qui apparaît comme la priorité absolue des politiques européens aujourd’hui, n’est, «au mieux, qu’une distraction hors de sujet. Plus sûrement, cela renforcera la tendance vers davantage d’austérité pro-cyclique, de la sorte que nous avons vue en Grèce.»
Sans oublier une probable «dose de vengeance régulatoire à l’encontre des agences de notation» qui, «justifiée ou non, sera une nouvelle source de distraction».
«A chaque tournant de la spirale, les coûts financiers et politiques d’une solution effective augmentent. Nous avons dépassé le point où les électeurs et leurs représentants acceptent de payer le prix croissant de la réparation du système.» Quant à voir la Grèce sortir de l’Eurozone, l’idée fait apparemment son chemin : «Les attentes changent rapidement et, avec elles, l’acceptation d’une conclusion violente.»
Ni la Banque centrale européenne «et son énorme effort en termes de liquidité», ni les réformes économiques «aussi nécessaires qu’elles fussent par ailleurs», ne pourront résoudre le problème, conclut Wolfgang Münchau : «Nous en sommes au point où une résolution réelle de la crise requiert une autorité fiscale centrale solide, avec le pouvoir de taxer et d’allouer des ressources partout dans l’Eurozone. Ce qui, bien sûr, n’arrivera pas.»
Vincent Degrez



Pourquoi S&P replonge la zone euro dans la crise

lundi 16 janvier 2012 à 10h15
La zone euro, qui espérait connaître une accalmie, replonge dans la crise après la dégradation en rafale par Standard & Poor's de plus de la moitié de ses membres. L’agence de notation renvoie la balle aux responsables politiques.
Lors d'une conférence téléphonique samedi après-midi, Standard & Poor's a laissé entendre qu'elle évaluait à 40 % les chances de récession pour la zone euro en 2012. «Cela pourrait donner lieu à une contraction de 1,5 %», a déclaré Moritz Kraemer, analyste crédit.
 
L'agence de notation estime encore que les mesures prises dans le cadre du dernier sommet européen de décembre restent insuffisantes pour faire face aux risques menaçant la zone euro.
 
Enfin, S&P a annoncé qu'elle évaluerait l'impact des abaissements de notes de pays de la zone euro (lire ci-après) sur certaines institutions, dont le Fonds de secours européen (FESF), et qu'elle communiquera «très rapidement» son opinion sur la note associée au FESF. Le fonds de secours européen dispose actuellement de la meilleure note possible, AAA, mais cette note est sous perspective négative.
 

Standard & Poor’s frappe l'ensemble de la zone euro, à l'exception de l'Allemagne

 
Deux pays de la zone euro, dont la France, ont perdu vendredi leur note triple A, sept autres ont vu leur note abaissée et restent sous la menace d'une nouvelle dégradation, seule l'Allemagne étant épargnée par l'agence de notation (voir graphique ci-dessus).
 
L’Allemagne, première économie européenne a vu non seulement confirmé son précieux triple A, qui lui permet d'emprunter à bas coût sur les marchés, mais S&P a aussi affirmé qu'elle n'envisageait pas de changer son point de vue dans les mois qui viennent.
 
La France, deuxième économie en Europe, a en revanche perdu sa note AAA, une décision largement anticipée par les marchés, mais qui a contraint le président Nicolas Sarkozy à convoquer d'urgence une réunion de crise.
 
L'agence d'évaluation financière a abaissé de deux crans les notes de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal et de Chypre, ces deux derniers Etats étant relégués dans la catégorie des investissements spéculatifs, selon un communiqué publié en fin de soirée.
 
L'Autriche, qui perd aussi son triple A, ainsi que Malte, la Slovaquie et la Slovéniesont dégradées d'un cran avec la France.
 
En revanche, les quatre autres pays notés AAA (Allemagne, FinlandePays-Bas etLuxembourg) conservent leur prestigieuse distinction. La Belgique, l'Estonie et l'Irlande ne sont pas dégradées elles non plus.
 
Après cette décision, S&P maintient tous les pays de la zone euro, hormis l'Allemagne et la Slovaquie, sous perspective négative, ce qui signifie que l'agence estime à une sur trois les chances d'un nouvel abaissement en 2012 ou 2013. La Grèce était déjà sous perspective négative.
 

Allemagne vs France : S&P consacre un décrochage entre les deux premières économies d'Europe

 
L'agence de notation américaine avait prévenu le 5 décembre qu'elle envisageait d'abaisser la note souveraine de 15 des 17 pays de la zone euro, y compris celle de l'Allemagne. En épargnant cette dernière mais en sanctionnant la France, l'agence consacre un décrochage entre les deux économies les plus importantes d'Europe.
 
«De notre point de vue, les initiatives prises par les responsables européens au cours des dernières semaines pourraient être insuffisantes pour répondre totalement aux problèmes systémiques en cours de la zone euro», a jugé S&P dans un communiqué.
 
Plusieurs responsables politiques, à commencer par le ministre français des Finances François Baroin, ont minimisé cette décision, anticipée dès vendredi après-midi, y compris par les marchés qui n'ont pas cédé à la panique.
 

La zone euro replonge dans la crise après la perte du triple A de la France

 
La zone euro, qui espérait traverser une accalmie, replonge dans la crise après la dégradation en rafale par Standard & Poor's de plus de la moitié de ses membres, dont la France, privée de sa note «triple A» et décrochée de la locomotive allemande.
 
Ces nouvelles turbulences sont aggravées par l'impasse des négociations sur la dette de la Grèce, pourtant vitales pour éviter à Athènes la faillite.
 
Après le succès des premières émissions obligataires de l'année en Italie et en Espagne, qui semblait éloigner le spectre d'une propagation de la crise à ces poids lourds de la zone euro, Standard & Poor's a mis vendredi une grande partie de ses menaces à exécution.
 
Trends.be, avec Belga


Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel ... Apple story


Le chiffre d'affaires trimestriel d'Apple grimpe de 73%, surclasse les attentes

Source : Reuters
24/01/2012 à 23:30 / Mis à jour le 25/01/2012 à 07:57
© REA
Les résultats d'Apple sur les trois derniers mois de 2011 ont nettement dépassé les attentes de Wall Street, à la faveur de ventes solides de combinés iPhone et de tablettes iPad pendant la période des fêtes.
Ces annonces ont permis au titre de bondir de 8% dans les transactions après-Bourse.
La marque à la pomme a écoulé 37,04 millions d'exemplaires de son smartphone à succès au dernier trimestre de l'an dernier, le premier de son exercice fiscal, et 15,43 d'unités de sa tablette multimédia, soit plus du double par rapport à la même période de 2010.
Le chiffre d'affaires s'est envolé de 73% à 46,33 milliards de dollars, alors que les analystes tablaient sur environ 39 milliards selon Thomson (TCHNR 0.42 0%) Reuters I/B/E/S.
Le bénéfice net ressort lui à 13,06 milliards de dollars, soit 13,87 dollars par titre, contre un consensus de 10,16 dollars par action.
Wall Street anticipait en moyenne des ventes d'iPhone d'environ 31 millions d'unités pour l'iPhone, et de 13,5 à 14 millions d'iPad.
Les ventes d'ordinateurs Mac ont progressé de 26% à 5,2 millions d'exemplaires, contre un consensus de 5 millions.
La marge brute du groupe a atteint 44,7% au 1er trimestre, contre 38,5% un an plus tôt.
Apple a également livré des prévisions supérieures aux attentes pour le deuxième trimestre de son exercice, avec un objectif de bénéfice par action d'environ 8,50 dollars et un chiffre d'affaires d'environ 32,5 milliards de dollars.


Apple et l'iFlop des analystes

Impossible de ne pas évoquer dans ce blog les chiffres faramineux publiés, mardi soir, parApple. En 14 semaines, la firme de Cupertino a vendu 37,04 millions d’iPhones, ce qui correspond, si mes calculs sont exacts, à 4,4 appareils vendus chaque seconde dans le monde !

Traduit dans ses comptes trimestriels cela donne, tous produits confondus, un chiffre d’affaires (record) de 46,33 milliards de dollars et un bénéfice net (tout aussi record) de 13,06 milliards de dollars, soit 13,87 dollars par action.

Quatre réflexions face à ces chiffres hors du commun:

-->Apple est l’une des sociétés les plus suivies au monde par les analystes financiers et aucun d’entre eux n'a anticipé ce coup d'accélérateur. Ceux qui s’en sortent le mieux figurent dans la catégorie des analystes indépendants. Encore une pierre dans le jardin de cette profession…
Cliquez sur le tableau pour l'agrandir

Apple ana
(Source: CNN Money)


-->Avec un résultat net plus que doublé d’une année sur l’autre, le fabricant des Macs affiche une croissance dont l'ampleur est le propre des petites entreprises de technologies et certainement pas d’une blue chip comme Apple. Voici cette performance résumée en quelques graphiques:

Cliquez sur le tableau pour l'agrandir

Apple tableaux
(Source: SplatF)


-->La firme à la pomme dispose aujourd’hui d’un trésor de guerre de 97,6 milliards de dollars en cash. De quoi s’offrir le premier brasseur mondial AB InBev ou neuf Belgacom si l’envie lui en prenait….

Si Apple était un pays et sa capitalisation boursière son PIB, elle se classerait à la 29e place entre l'Argentine et l'Autriche et cinq positions plus bas que la Belgique (24e). Si on se base sur ses ventes annuelles, elle occuperait le 52e place après la Roumanie et avant l'Algérie. 
Apple PIB
(Source: The Big Picture)
-->Evidemment en tant qu"investisseur vous vous demandez s'il est encore de temps de monter dans le train d'Apple ou s'il est temps d'en sortir. La plupart d'entre vous savent déjà que ce n'est pas mon métier de donner des conseils de placement. Il y a des professionnels mieux équipés pour cela.

Le blog Zero Hedge signale toutefois que dans la foulée des chiffres d'Apple, Goldman Sachs vient de relever son objectif de cours sur la valeur à 600 dollars (pour un cours actuel de près de 450 dollars).

Voici ce qu'écrit la banque, citée par Zero Hedge:
"Cette année recèle plein de catalyseurs pour soutenir le cours de l’action. Nous nous attendons toujours à une nouvelle version de l’iPad fin du trimestre de mars et une réduction du prix de l’iPad2, tout comme une mise à jour de l’iPhone au milieu de l’année. Nous croyons que le MacBook Air continuera à prendre des parts de marché dans le secteur des PC et que Apple lancera sa télévision basée sur l’iOS fin 2012-début 2013. Enfin, l’annonce du dividende pourrait constituer un catalyseur majeur pour attirer de nouveaux investisseurs vers l’action Apple."

Le cours de l'action Apple ces cinq dernières années:


Apple cours 25 jan
Stéphane Wuille
Merci au blog Abnormal Returns pour ses liens vers les posts Apple. 

mercredi 18 janvier 2012

USD vs EUR


08:15 - 17 janvier 2012 par Sven Vonck

10 actions qui profitent d'un dollar fort


Le dollar américain est un facteur décisif pour le résultat opérationnel de nombreuses entreprises belges. Voici 10 actions qui tirent profit d'un dollar fort.


Delhaize en est un exemple parlant. La chaîne de distribution n’exporte pas de marchandises vers les États-Unis, mais y est physiquement présente. Aujourd’hui, Delhaize compte plus de 1.600 points de vente outre-Atlantique! Près de 70% de son chiffre d’affaires est ainsi directement réalisé en dollar. Cela représentait un bénéfice de 750 millions d’euros en 2010 (sur un total de 1 milliard d’euros). Voyez l’impact du dollar sur les résultats de Delhaize: la chaîne publiant ses résultats financiers en euro, elle doit convertir à intervalles réguliers ses résultats américains dans la monnaie unique européenne. "Le dollar est important pour Delhaize car une grande partie du chiffre d’affaires est réalisée en dollar. Une baisse du dollar entraîne une diminution du chiffre d’affaires de l’ensemble du groupe exprimé en euro", explique Pascale Weber, analyste chez KBC Securities.
Pourtant, Delhaize ne se hasarde pas sur le tumultueux marché des devises. Au niveau opérationnel, l’effet reste assez limité: "Les charges de Delhaize aux États-Unis restent locales et sont libellées en dollar: les magasins sont construits aux États-Unis, le personnel est américain et les produits sont distribués à partir des États-Unis. Une partie des dettes est aussi libellée en dollar", indique Weber. Delhaize n’est donc pas confronté à des risques de change dans son fonctionnement quotidien. L’impact du dollar se traduit dans des chiffres concrets: ventes et bénéfices ne sont convertis en euro que lorsque les résultats réalisés outre-Atlantique sont inclus dans des comptes trimestriels ou au moment de la publication du rapport annuel. Cette conversion peut avoir un impact positif ou négatif. "En 2010, le raffermissement du dollar face à l’euro de 20% aurait eu un impact positif de 1,4 million d’euros sur un bénéfice total de 574 millions d’euros", calcule Weber.

Les entreprises qui en profitent

Dans la liste des entreprises qui tirent profit de l'appréciation du dollar, figurent aussi les groupes actifs dans la navigation maritime: CMBEuronav et Exmar. Wouter Vanderhaeghen, analyste chez KBC Securities, qualifie même ces entreprises de "cas extrêmes" sur Euronext Bruxelles. "Les actifs et les revenus de ces entreprises sont libellés en dollar, mais l’action est négociée en euro. Par conséquent, l’évolution du dollar est surtout pertinente pour les actionnaires. Chez Euronav, les tarifs de fret constituent un facteur beaucoup plus important pour le bénéfice opérationnel." Pour mesurer l’importance de la monnaie américaine pour ces entreprises, il faut parcourir les publications de leurs résultats trimestriels et annuels. Exmar et Euronav établissent leurs comptes en dollar. Pour CMB, c’est moins facile en raison des activités dans le transport aérien.

Matières premières

Toutes les entreprises n’ont pas le luxe d’avoir la majeure partie de leurs charges et de leurs produits libellés dans la même monnaie. En particulier celles qui sont actives dans le secteur des matières premières. Le producteur d’huile de palme Sipefréalise un chiffre d’affaires en dollar, alors que ses principales charges sont libellées en roupie indonésienne. Chez Nyrstar, le premier fondeur de zinc au monde, les soubresauts des cours de change hantent les managers. "Chez Nyrstar, l’évolution du dollar a un gros impact opérationnel qui influence également le bénéfice", reconnaît Vanderhaeghen. Les matières premières telles que le plomb et le zinc s’échangent au niveau mondial en dollar; Nyrstar réalise donc l’essentiel de ses revenus en dollar. "Parallèlement, une grande partie des coûts de Nyrstar sont libellés en euro ou en dollar australien en raison de ses activités dans ces deux régions du monde", poursuit Vanderhaeghen. De ce fait, le fondeur de zinc doit constamment tenir compte de l’évolution des cours de change dans son fonctionnement quotidien. Si le dollar augmente, comme c’est le cas actuellement, ses revenus s’accroissent alors qu’il comprime les coûts. Mais une baisse du dollar affecte ses revenus et tire les coûts à la hausse.

Les monnaies sont comme les esprits...

Rares sont les entreprises qui échappent à l’évolution du dollar ou de l’euro. Ou, pour reprendre citer Bill Gross, directeur de PIMCO, le plus important fonds d’obligations au monde: "Les monnaies sont comme des esprits. Vous ne pouvez jamais les saisir, mais elles peuvent poursuivre jusqu’à l’éternité le rythme de croissance de l’économie ou d’un portefeuille d’investissements."
Quelles sont ces entreprises Belges qui travaillent en dollar?
Si vous vous plongez dans les comptes annuels ou les rapports financiers de quelques entreprises belges, ne vous étonnez pas si certaines établissent leurs résultats en dollar. Parmi celles-ci figurent le brasseur AB InBev, le producteur d’huile de palme Sipef et les armateurs Euronav et Exmar. Ces entreprises réalisent la plus grande partie de leur chiffre d’affaires et de leurs bénéfices en dollar, paient leurs charges avec des billets verts et concluent à peu près toutes leurs transactions dans la monnaie américaine.
"Pour ces entreprises, la publication des résultats financiers en dollar est une étape logique. Les bénéfices et chiffres d’affaires apparaîtront plus stables avec la disparition de l’effet de change au moment de la conversion en euro. Cette méthode donne une idée plus claire de leur situation financière réelle", commente Geert Smet, de L’Investisseur. Les investisseurs qui souhaitent calculer certains ratios comme le rapport cours/bénéfice doivent cependant tenir compte de la conversion de dollars en euros.