Le Belge est réputé pour son amour de la brique. À moins qu'il ne convienne de parler de briques. Celles dont il a, toujours plus, besoin pour s'offrir l'accès à la propriété. Car les prix des maisons, terrains, appartements et villas ne cessent de flamber. Exception faite du petit répit lié à la crise en 2009. Depuis 1985, à titre d'exemple, les terrains ont sextuplé. Reste dès lors une question : qui peut encore s'offrir un toit ?

1. Les chiffres Une maison ordinaire coûtait au premier semestre 2010, selon les chiffres issus du SPF Économie, 177 775 euros. Il s'agit du prix moyen pour la Belgique. Les Wallons ne paient « que » 135 774 euros, contre 188 630 en Flandre et 339 811 à Bruxelles. Pour rappel, il ne s'agit que d'une maison dite ordinaire. Pas d'une villa. En Belgique, un bien de ce type coûte 314 852 euros (254 026 euros en Wallonie).

2. L'inflation Les biens immobiliers ont la cote.
Et au petit jeu de l'offre et de la demande, ils sont toujours plus coûteux. Pour de multiples raisons. Les Belges sont plus nombreux. Les familles recomposées aussi. Et les banques proposent des prêts à la durée toujours plus longue. Ce qui explique la hausse exorbitante du prix des maisons. Car, si l'inflation a augmenté de 66,4 % depuis 1985 selon des chiffres fournis par le Service Public Fédéral Économie, le prix d'une maison ordinaire a plus que quintuplé : x 5,4 ! Pire encore pour les terrains : leur prix a sextuplé. Celui des villas a triplé, celui des appartements quadruplé (x 4,7). À titre d'exemple, une maison ordinaire qui se négociait en 1985 à un peu plus de 32 000 euros est facturée en 2010 à 177 000 euros. Difficile de trouver meilleur rendement.

3. Qui peut encore acheter ?
Les prix flambent mais les biens immobiliers gardent la cote. Et pas seulement auprès des nantis ou des retraités qui ont réussi, après de longues années de travail, à se constituer de confortables économies. Les jeunes continuent à acheter. Comment ? Grâce à l'aide des parents. Voire même des grands-parents comme l'explique Bart van Opstal, président de la Fédération des notaires. «On constate de plus en plus que ceux qui héritent de leurs parents sont déjà pensionnés. Alors ils transfèrent l'argent à leurs enfants . » Et leur offrent ainsi la possibilité de s'acheter un bien.

Et pour ceux qui ne peuvent compter sur le soutien familial, il reste la solution offerte par les banques : l'allongement de la durée de l'emprunt. Une tendance qui séduit de plus en plus les jeunes acheteurs.

Si malgré cela, l'accès à la propriété reste impossible, sachez qu'il existe des différences régionales. Le Hainaut reste meilleur marché que le Brabant wallon. « Je viens de vendre une maison à 55 000 euros » explique le notaire Yves Van Roy de Pecq. Sans oublier certaines aides de la Région.

Des méthodes de calcul très différentes

Vous l’aurez peut-être remarqué. il existe une différence abyssale entre les chiffres de l’immobilier diffusés par le Service Public Fédéral (SPF) Économie et ceux de la Fédération des notaires. Pour les premiers, une maison ordinaire, pas une villa donc, se négociait au deuxième trimestre 2010 à 178 351 euros. Et ce, si l’on se base sur les chiffres officiels transmis par l’organe de statistiques de l’État.

Mais quand on regarde les derniers relevés des notaires, relayés dans la dernière édition du magazine économique Trends Tendances, on s’aperçoit que le même type de bien se vend, à la fin du premier semestre de cette année, 230000 euros. Une différence donc de plus de 50000 euros !

Erreur ? Non. La méthode de calcul est tout simplement différente, nous explique-t-on au SPF Économie. L’administration travaille sur des données issues du Cadastre du SPF Finances. Des chiffres qui datent donc. Les notaires travaillent quant à eux avec des chiffres tous frais, basés sur les compromis de vente.
Dans les deux cas, il s’agit par ailleurs de prix moyens. Cela ne suffit pourtant pas à justifier une si grande différence de prix (50000 euros en 3 mois!). Une seconde explication s’impose, pour mieux comprendre la différence importante des chiffres. Elle concerne la méthode. Les chiffres de l’administration, qui se basent sur les droits d’enregistrement, ne tiennent pas compte des logements neufs. Des habitations qui ne nécessitent fatalement pas de travaux. D’où le prix plus élevé. Et puisque les prix publiés par le SPF Économie n’en tiennent pas compte, il est logique que les prix qu’ils renseignent soient plus faibles. CQFD.