Comme le faisait remarquer le commentateur français Marc Fiorentino, c'est en partie mérité. D’abord, parce que l’obsession de cette famille pour maintenir le contrôle du capital a fait, je cite, « manquer au constructeur français le train de la globalisation. Dans un monde vaste et sans frontières, on ne peut pas se battre contre des Volkswagen en s'agrippant à ses actions ».

Ensuite, c’est vrai que Peugeot est une entreprise privée mais que cela ne l’a pas empêchée - comme Renault d’ailleurs - d’aller pleurer auprès du gouvernement lorsque la crise a éclaté. C’est d’ailleurs grâce à ces pleurs que la dernière « prime à la casse » a coûté un milliard d'euros aux contribuables. Tout cela ne rend pas nécessairement sympathique la direction de Peugeot aux yeux des français.

Mais attention : Cette histoire autour de la famille Peugeot démontre que des déclarations politiques - qui sont parfois aussi à la limite du poujadisme - peuvent avoir des répercussions financières énormes. L’action de Peugeot, qui avait déjà perdu 75% de sa valeur, a encore chuté ces derniers jours. Visiblement, les dernières déclarations du gouvernement français font peur aux investisseurs étrangers qui vendent leurs actions Peugeot Citroën de crainte, par exemple, de voir l’entreprise être nationalisée. Au cours actuel de 6 euros, l’action PSA est déjà à son plus bas niveau depuis plus de vingt ans. Le risque est grand de voir l’entreprise subir une OPA et donc de voir non pas 8 000 emplois mais beaucoup plus partir de France.

La morale de cette histoire, c’est que des déclarations politiques musclées flattent sans doute l’électorat mais elles ont surtout provoqué une vraie panique sur les marchés. La preuve est que les CDS, ces contrats d'assurance contre la faillite, ont flambé. Si on s'en tient à leurs cours actuels, les chances de faillite de Peugeot sont estimés par le marché à plus de 50%.

Donc, en tentant de sauver 8.000 d'emplois - ce qui est légitime, mais pas via des déclarations à l’emporte-pièce -, le risque provoqué par les politiques est maintenant d'en faire perdre non pas 8 000 mais des dizaines de milliers. C’est la raison pour laquelle Marc Fiorentino propose, non sans humour, d’imposer qu’un ministre qui s’occupe d’entreprises devrait passer au moins 6 mois de stage en entreprise – à l’instar des PDG de McDo qui sont tous passés par la case frites. Une idée à creuser, non ?