mardi 3 janvier 2017

@ Boursorama il y a 5 ans à propos des énergies renouvelables ...



Plutôt à acheter quand le pétrole voisine les 90$ ou moins si possible…


CE 07.07.11 Essor des énergies renouvelables de plus en plus compétitives

Depuis la catastrophe japonaise, les titres liés aux énergies renouvelables ont grimpé en Bourse. Pour Marie de Mestier et Dominique Pouliquen, gérants du fonds luxembourgeois IT Funds Clean World, il ne s’agit pas d’un rebond passager mais bien d’un renouveau de la filière: «Sans conteste, la remise en question de la sûreté du nucléaire va avoir des répercussions sur les sources d’énergies renouvelables.»

Le nucléaire intrinsèquement de plus en plus coûteux

Si le nucléaire a longtemps été considéré et présenté comme l’une des sources de production d’électricité les moins chères (4-10 centimes de dollar/kWh), la prise en compte des coûts de démantèlement, de traitement des déchets, des intérêts, ainsi que des coûts de révision (plus de 400 millions d’euros par réacteur en France), le rend moins compétitif que l’éolien (5-10 centimes de dollar/kWh). C’était déjà le cas depuis quelques temps dans beaucoup de pays et régions comme par exemple la Turquie où le secteur n‘a à ce titre disposé d‘aucune aide.

Si l’on s’intéresse au solaire, dont les technologies deviennent matures et dont les coûts de production diminuent de façon constante, le Gigawatt produit sera bientôt inférieur à celui issu du nucléaire. La parité réseau se rapproche d’ailleurs à grands pas au plan mondial et l’est déjà dans plusieurs pays et régions.

Les derniers rapports des universités Duke et Stanford, entre autres, confirment avec détails et sont mêmes plus optimistes, tenant compte des derniers développements technologiques, y compris des coûts et évolutions du stockage, thème qui avance également rapidement avec des rendements souvent très élevés (jusqu’à 95% actuellement), offrant une tout autre conception de la distribution et de l’exploitation d’électricité, adaptable à la plupart des pays et situations.

En Californie, parmi d’autres, le coût de l’électricité conventionnelle est équivalent à celui du solaire. Les grands bénéficiaires sont donc les acteurs de la filière renouvelable qui profitent non seulement d’un regain d’intérêt de l’opinion publique mais aussi des gouvernements qui revoient leur programme de financement. Par exemple l’Allemagne a pour ambition de débloquer près d’un milliard d’euros contre 300 millions l’an dernier.

L’Allemagne s’est préparée avant même 1990

En plus de l’Allemagne qui a abandonné le nucléaire (dont la part renouvelable est passée de 6% en 2000 à 18% en 2010, est prévue à 39% en 2020 et 80% en 2050, en moyenne sans importation nette d’énergie française, l’Allemagne exportant à l‘heure actuelle plus vers la France que le contraire et grâce à l’accroissement rapide du réseaux ENTSO-E ), la Suisse a jugé que l’énergie nucléaire perdait ses avantages concurrentiels par rapport aux énergies renouvelables. C’est ainsi que le gouvernement fédéral a justifié en mai dernier sa décision d’arrêter le programme nucléaire du pays, les centrales seront en conséquence toutes fermées d’ici à 2034. La Suisse pourrait alors devenir sans peine l’un des premiers pays d’Europe à avoir une production d’électricité 100 % renouvelable, comme ce vers quoi s’orientent plusieurs autres pays, régions et de plus en plus souvent villes.

L’Italie qui avait abandonnée le nucléaire dès 1987 a reconfirmé sa position par référendum récemment. En Asie le Japon, où la population est désormais très majoritairement hostile au nucléaire, a mis un terme à ses projets et se tourne également largement vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Plusieurs pays ont choisi ou sont sur le point de choisir cette voie.

La crise a jeté une lumière crue sur les coûts réels de l’électricité produite par l’énergie nucléaire dont la compétitivité est remise en cause. Ce ne sont plus cette fois seulement les écologistes qui l’affirment depuis longtemps tout comme les financiers, mais également les industriels de la filière nucléaire eux-mêmes.

Aux États-Unis par exemple où l’intérêt économique du nucléaire et le problème des déchets font l’objet de vives critiques, Thomas O’Malley, pdg d’Energy Group, l’un des principaux opérateurs d’électricité américain, estime que l’industrie nucléaire est devenue trop chère et en conséquence son groupe renonce à un important projet de centrale nucléaire.

Les chercheurs du géant américain General Electric ajoutent que la seule énergie solaire photovoltaïque, parmi d’autres énergies renouvelables, « va être plus compétitive que l’énergie fossile et nucléaire d’ici 3 à 5 ans seulement » comme le rapporte Mark M. Little, directeur général de la recherche de GE. De nombreuses études depuis plusieurs années prévoyaient déjà cette situation.

En Europe, Gaetan Masson, économiste à l’European Photovoltaic Industry Association (EPIA), prévoit que l’électricité solaire sera compétitive en Allemagne, dont le parc est le plus développé d’Europe, en 2017. Et au plus tard en 2020 en France comme dans la majorité des pays européens où il est déjà très concurrentiel dans plusieurs grandes régions.

Ainsi, dans les régions fortement ensoleillées comme la Californie, le Maghreb, en Turquie ou encore dans le sud de l’Italie et de l’Espagne, l’électricité solaire est devenue compétitive. Cette tendance s’accroît et s’étend, pas seulement pour les grandes installations, mais également pour celles des particuliers sans aucune aide ni subvention.

Hans-Jörg Bullinger, président de l’Institut Fraunhofer (englobant plus de 2.000 scientifiques répartis dans 16 divisions thématiques sur les énergies renouvelables), l’un des plus importants centres de recherche appliquée d’Europe qui fait partie, avec la société Max-Planck et la communauté des centres Helmholtz, des principaux acteurs de la recherche extra-universitaire allemande, confirme « que les énergies renouvelables sont désormais économiquement viables et leur potentiel technique est au-dessus de la demande » Les chercheurs travaillent à l’heure actuelle au sein de l’organisation sur des concepts et des technologies qui permettront largement leur essor au cours des décennies à venir.

L’allemand Siemens, qui avait rompu son alliance avec Areva il y a deux ans pour nouer un accord pourtant très ambitieux avec le russe Rosatom, a annoncé son intention de délaisser la filière nucléaire au profit des énergies renouvelables. Le patron du groupe allemand avait d’ailleurs été l’un des rares à ne pas signer l’an dernier une lettre ouverte du patronat allemand en faveur de l’énergie nucléaire, ce qui pouvait déjà laisser supposer que ce n’était plus là un axe prioritaire de la multinationale.

La Banque suisse Sarasin dans sa dernière étude prévoit une croissance mondiale moyenne de 33% par an pour le solaire en même temps qu’une baisse des prix de 10 à 20% par an. Cette tendance est confirmée par le recul des valorisations boursières au niveau du cours des actions des industries matures comme les semi-conducteurs ou l’électronique, souligne-t-elle.

Pour les spécialistes de la banque suisse, l’énergie nucléaire n’est tout simplement plus concurrentielle face à des énergies renouvelables dont les coûts ne cessent de baisser. Suivant les pays, certains opérateurs très impliqués tentent de préserver un monopole ou une industrie en investissant par ailleurs dans les énergies renouvelables, d’autres comme aux Etats-Unis sont plus pragmatiques face aux réalités. En France la situation est difficile pour des groupes comme EDF et Areva, attestés entre autres par les remaniements récents.

L’ensemble de la gamme solaire ne fait pas exception, du photovoltaïque à concentration (CPV) aux grandes centrales thermiques (CST). En 2015, le coût moyen actualisé de l’électricité CPV serait de 8 c$/ kWh seulement selon PV-Insider et les CST attirent désormais un nombre croissant de grandes entreprises comme Chevron, Alstom, Areva, Siemens etc.

Dans le même temps, « le coût d’investissement et/ou de production de l’énergie nucléaire ne cesse d’augmenter avec le temps. C’est même l’une des caractéristiques de l’industrie nucléaire que l’on ne retrouve nulle part ailleurs : tous les bénéfices de la courbe d’expérience sont neutralisés par la complexification croissante des projets. » souligne le chercheur Arnulf Grubler, démontrant sur l’exemple français une évolution quasiment linéaire des coûts au kilowatt depuis 1977.

Entre 1977 et 1998 en effet, les coûts d’investissements ont été ainsi multipliés par 2,6. Celui de la centrale de Flamanville, qui utilise les nouveaux réacteurs EPR (3.500 euros/kW), confirme cette progression linéaire. « L’augmentation des coûts est intrinsèque à ce type de technologie qui se caractérise par une complexité croissante, très difficilement gérable et qui vient contrarier les effets a priori positifs de la standardisation et de l’effet d’échelle. » précise le spécialiste. Et ce sans intégrer l’ensemble des coûts de cette filière, qui sont nombreux et parfois très supérieurs à ce qui pouvait être initialement évalué. Le coût du démantèlement indiqué par les britanniques et allemands est excessivement élevé et toujours en décalage par rapport aux chiffres initiaux. On connaît les conditions désastreuses d’extraction du minerai dans les pays en développement et leur impact négatif sur les populations et l’environnement. Le coût de la gestion des déchets durant les prochains siècles et pour certains déchets ultime une centaine de milliers d‘années, n’est évidemment pas inclus dans ce prix. Pas plus que celui des dégâts en cas d’accident majeur que les assureurs refusent systématiquement de couvrir. M. Repussard, directeur général de l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), rappelle à ce titre que le risque d’une catastrophe nucléaire est évalué par son institut et comme le confirment les études statistiques américaines, entre autres, à une tous les 22 ans dans le monde.

Le professeur d’économie François Lévêque, dans une étude publiée sur le site Energypolicyblog.com, démontre également que les évaluations de coûts progressent au fur et à mesure de la date à laquelle elles sont réalisées. Il est en effet difficile d’imaginer que ces derniers décroîtront du fait des nouvelles exigences de sécurité imposées par les États mais également par les assureurs, les agences de notation et les financiers, comme l’admettait déjà Anne Lauvergeon ex-dirigeante d’Areva. Chacun réclame en effet de plus en plus de garanties : le préjudice estimé de Fukushima s’élève à plus de 100 milliards de dollars, une facture qui sera très largement supportée par le consommateur japonais.

Dans cette trajectoire, les énergies renouvelables gagneront entre autres mécaniquement d’autant plus en compétitivité.

Multiplication des fusions & acquisitions

Les fusions-acquisitions se multiplient et sont également favorables au secteur. Une des plus importantes opérations ces derniers mois a été la prise de contrôle par le pétrolier Total du numéro 2 du solaire américain SunPower (2,2 milliards de $ de CA en 2010, 178 M$ de bénéfices, 5000 personnes), légende de la Silicon Valley fondée en 1985. « J'en suis tombé de ma chaise ! », commente un analyste interrogé par le San Jose Mercury News, quotidien phare de la Silicon Valley. « Cela veut dire que SunPower devient la division solaire de Total. Les compagnies pétrolières s'engagent à fond dans le secteur ». Le groupe français, déjà impliqué dans le solaire depuis 1983, s’investit en effet désormais très largement dans le secteur et affiche clairement l’ambition de devenir un leader mondial de l’énergie solaire. Plusieurs analystes interrogés par Bloomberg s'attendent également à d'autres rachats de ce type par des concurrents de Total. Avec au premier rang Chevron qui évaluerait la technologie de 7 cibles potentielles.

Marie de Mestier et Dominique Pouliquen, gérants du fonds luxembourgeois IT Funds Clean World, soulignent que pour la première fois le solaire photovoltaïque est devenu en 2010 la locomotive des énergies renouvelables en Europe, avec une croissance de plus de 120%. La capacité totale installée s’élève à présent à plus de 29GW, l’équivalent de 22 réacteurs nucléaires (une tranche de centrale française délivre en moyenne une puissance de 1.3GW). Le reste du monde n’est pas en reste. Bien que l’Europe concentre 80% des panneaux solaires, l’électricité solaire connaît un engouement sur l’ensemble des continents. L’Asie se veut l’un des plus ambitieux en termes de développement : la Chine, qui réservait une grande partie de sa production à l’exportation, cherche aujourd’hui à équiper son propre territoire (+150% de croissance en 2010) et a récemment relevé son objectif 2020 à 50GW. Mis à part les marchés établis, plusieurs autres comme par exemple le Brésil, l’Indonésie, l’Afrique du Sud et du Nord, la Thaïlande, la Turquie etc. pour ne citer que ces seuls pays émergents, sont dès à présent très prometteurs pour le secteur du photovoltaïque et offrent un gigantesque potentiel de production de courant solaire.

Les fonds de pension investissent les énergies renouvelables

Les fonds de pension investissent également désormais de plus en plus dans les énergies renouvelables, précisant en attendre un rendement annuel « près de 3 fois supérieur » à celui obtenu par le HFRX Global Hedge Fund Index. C’est le cas récemment du fonds Kirsten Gosvig’s, de PKA, PGGM etc.

Torben Moger Pedersen, CEO de PensionDanmark estime que « les investissements dans les parcs éoliens sont parfaitement logiques, le risque et la sensibilité au cycle économique mondial sont nettement inférieurs aux investissements en actions ».

SAM, filiale de Robeco exclusivement dédiée à l’investissement durable dont le Sam Smart Energy Fund entre autres est réputé pour ses résultats, a quant à elle publié début juillet 2011 sa deuxième étude sur le marché mondial du private equity dans le domaine des technologies propres, intitulée «Clean Tech Private Equity : passé, présent et futur ».

Momentum à nouveau positif pour le private equity

Les conclusions indiquent que « ce marché connait une nouvelle poussée de croissance que les investisseurs peuvent exploiter par le biais d’investissements ciblés. L'industrie des énergies propres, en particulier, semble prête à continuer son développement supérieur à la moyenne. Elle profite de la plus grande compétitivité des coûts par rapport aux sources d'énergies traditionnelles, ainsi que d’une forte demande pour des solutions énergétiques propres et sûres.»

Le vieillissement des infrastructures dans le monde entier va nécessiter un travail intense. En réponse à ces importants défis, « le secteur des technologies propres propose de nouvelles technologies, moins chères, plus efficaces et moins nocives pour l'environnement » souligne cette étude.

Andrew Musters, responsable du Private Equity chez SAM, précise : « Etant un des leaders dans le monde en gestion de fonds de fonds sur les technologies propres, nous avons observé un momentum de gain en sorties de marchés car les multinationales achètent des entreprises de technologies propres afin de stimuler la croissance de leur entreprise.

Nous avons également remarqué que les conseillers des principaux fonds de pension amènent de plus en plus leurs clients à investir dans des secteurs sensibles au climat, comme couverture à long terme contre les risques liés.»

« Le subventionnement du secteur des énergies propres est progressivement abandonné et la plupart des autres industries de technologies propres ne reçoit aucune subvention. Ces secteurs profitent des nouveaux modes de consommation, des nouvelles politiques énergétiques et des stratégies d'entreprise prévoyantes. »

Par ailleurs, les flux de capitaux vont continuer à être très importants sur les technologies propres au cours des années et décennies à venir « la demande en énergies renouvelables est particulièrement élevée dans les économies émergentes à croissance rapide.»

Dans le passé, les énergies renouvelables avaient tendance à être financées au niveau régional ou national, mais les évolutions décrites ci-dessus ont incité les investisseurs mondiaux à devenir eux aussi plus actifs. L'industrie des technologies propres sera elle-même soumise à un processus de consolidation dans lequel les grandes entreprises internationales joueront un rôle clé. Les sociétés de gestion de fonds apporteront également leur contribution en développant des solutions d'investissement pour satisfaire la demande. De nouveaux marchés et produits d'investissement émergeront, en particulier dans les pays en voie de développement où les impulsions seront données par les petites et moyennes entreprises innovantes.

Depuis 2005, plus de 50 milliards $ ont été investis dans 293 introductions en bourse, dont les deux tiers se déroulent sur les places boursières asiatiques. Entre 2005 et 2010, d'importants investissements ont été effectués dans 900 projets de fusions et acquisitions pour un volume total de plus de 175 milliards $. Les fonds Clean Tech ont investi plus de 44 milliards $ depuis 1994. Plus de 290 fonds ont été clos avec succès depuis lors. Cela génère des opportunités d'investissement attrayantes et diversifiées pour les investisseurs institutionnels et privés.

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