David Reilly,
The Wall Street Journal
PARIS (Dow Jones)-- Le patron de Bank of America (BAC) a sorti les muscles mardi face à l'offensive d'investisseurs voulant contraindre la banque à leur racheter plusieurs milliards de dollars de prêts hypothécaires.
"Nous sommes prêts à examiner et à défendre chaque prêt, un par un", a déclaré Brian Moynihan lors de la publication des résultats trimestriels de la banque.
À en juger par la baisse de 4,4% subie par le titre mardi, les investisseurs n'ont pas été convaincus par la fermeté de ces propos. Il est vrai que les détenteurs d'obligations hypothécaires, parmi lesquels la Réserve fédérale de New York, semblent bien décidés à maintenir la pression pour que la banque leur reprennent leurs créances. En outre, pour gagner cette guerre, le directeur général de BofA devra résoudre d'épineuses questions concernant la propriété de ces prêts et les conditions de leur vente auprès des pools d'investissement.
Néanmoins, les déclarations de B.Moynihan ne doivent pas être prises à la légère. Comme d'autres grandes banques, Bank of America a les moyens de faire traîner cette bataille judiciaire pendant des années, ce qui devrait rassurer ses actionnaires. Une guerre d'usure pourrait être fatale à ses adversaires, qui rencontrent déjà des difficultés considérables dans leurs tentatives de poursuites. De plus, cette tactique permettrait à la banque d'étaler sur plusieurs années les pertes dues au rachat des prêts, pertes qui pourraient en définitive se révéler moins catastrophiques que ne le craignent certains.
Mardi, Bank of America a tenté de rassurer ses actionnaires en mettant en avant son expérience dans les affaires de rachat de prêts, ce qui devrait accessoirement inciter les investisseurs concernés à bien réfléchir avant de porter de nouvelles affaires devant la justice.
L'établissement a déclaré avoir vendu, entre 2004 et 2008, pour 1.200 milliards de dollars de prêts hypothécaires à Fannie Mae et à Freddie Mac, lesquelles lui ont demandé à ce jour d'en reprendre 18 milliards; selon BofA, ce montant représente deux tiers de la somme totale des réclamations prévisibles. Selon ce calcul, l'ensemble des demandes de rachats de prêts porterait sur 27 milliards de dollars, soit 2,25% des prêts vendus. Bank of America a essuyé des pertes de 22% sur les prêts déjà rachetés.
Par ailleurs, les prêts accordés à des investisseurs privés, qui pourraient aussi donner lieu à des demandes de rachat, s'élèvent à 750 milliards de dollars, mais 40% d'entre eux ont déjà été remboursés, selon la banque.
A supposer que le taux de demandes de rachat, sur les 450 milliards de dollars de prêts restants, soit dix fois supérieur à celui des demandes de Fannie Mae et Freddie Mac, ce montant atteindrait les 100 milliards de dollars. Imaginons ensuite que la moitié de ces plaintes aboutisse, et que les pertes soient de l'ordre de 30%: l'addition se monterait alors à environ 15 milliards de dollars.
Ce coup dur resterait d'autant plus gérable pour Bank of America qu'elle pourrait étaler le paiement sur quatre ou cinq ans. En outre, la banque a déjà perdu 15 milliards de dollars environ de capitalisation boursière depuis qu'elle a annoncé l'arrêt temporaire des saisies immobilières.
Certes, la banque et ses pairs sont encore exposés à de nombreuses poursuites liées à la propriété des prêts et à la titrisation, mais il semble que pour l'instant, le marché ait en grande partie intégré les risques encourus par l'établissement.
-David Reilly, The Wall Street Journal
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