"Nonante-neuf pour-cent des inventions de ces dix dernières années vont disparaître. Et je garantis aussi que la Fed ne sera plus là dans quelques années", déclare Nassim Taleb, mathématicien, gestionnaire de hedge funds et surtout auteur du best-seller "le Cygne Noir. La puissance de l’imprévisible reste encore alarmiste. Lors d’une conférence organisée ce mardi par Econopolis, il a rappelé que les économies ne sont toujours pas sorties de ce qu’il appelle "le cygne noir". Et selon lui, la racine du mal se situe aux Etats-Unis. "A côté des problèmes américains, la Grèce semble en aussi bonne santé que l’Allemagne" ironise-t-il. "La crise dure déjà depuis deux ans, et le gouvernement américain n’a toujours pas trouvé pourquoi. Les gens continuent à dépenser de l’argent dont ils ne disposent pas" déplore-t-il.
Un problème d’endettement
Selon Taleb, le problème que connaissent les Etats-Unis ne repose pas sur une récession. "Le problème repose sur le risque que prend le gouvernement. Et ce risque, c’est son endettement" explique-t-il. "Entre 2007 et maintenant, cet endettement est passé de 6.000 milliards à 15.000 milliards de dollars. On assiste donc à un niveau de risque élevé, pour lequel le niveau de prédictibilité est faible". Nassim Taleb rappelle que lorsqu’un gouvernement emprunte, cette dette reste permanente, contrairement à la dette privée. "La dette privée peut être détruite ou convertie en actions. La dette publique reste permanente, sauf si on repart dans une république de Weimar" indique-t-il.
Too big to fail
Nassim Taleb a également fustigé la responsabilité du gouvernement américain face aux banques du pays. "Aux Etats-Unis, le gouvernement s’est employé à renforcer des banques mauvaises à la base" souligne-t-il."Ceci n’est pas du capitalisme. Lorsque vous faites une erreur, vous échouez. Ici, les banques n’ont pas échoué" ajoute-t-il. Selon lui, ceci n’a fait que fragiliser davantage l’édifice financier. Et la culture des bonus dans le secteur n’arrange rien. "Les employés de banque reçoivent des bonus, mais ils ne sont pas pénalisés lorsqu’ils échouent. Les entrepreneurs eux perçoivent des bonus, mais pas quand ils échouent" indique-t-il. "On ne devrait percevoir de bonus que lorsqu’on traite son propre argent" suggère-t-il.
Le mathématicien estime aussi qu’il faudrait limiter la taille des banques. "Plus celles-ci sont grandes, plus celles-ci sont fragiles" relève-t-il. "Leur niveau de complexité et d’interconnexion est tel qu’il faut limiter leur taille".
Treasuries à la baisse
Partisan de l’approche Barbell (90% des avoirs en actifs très sûrs, et 10% investis hyper agressivement), Taleb indique qu’il parie en ce moment massivement sur l’effondrement de la dette publique américaine, et sur une remontée des taux d’intérêt. "Avant la crise, mon portefeuille était divisé entre 90% en cash et le reste en positions courtes (à la baisse) sur les banques. Maintenant, tant que je verrai Geithner (le secrétaire au Trésor américain, ndlr) et Bernanke (le président de la Réserve fédérale américaine) à leur poste, je resterai sur mes gardes." prévient-il.
Cet allergique aux inventions technologiques telles que le Kindle ("un cappuccino renversé dessus, et il est foutu" commente-t-il) ne présage donc rien de bon pour le futur. Un paradoxe, pour celui qui souligne que le futur est difficile à prévoir.
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