jeudi 14 octobre 2010

ISF

1 Belge sur 2 favorable à l'impôt sur la fortune!

IMPOTS

Un Belge sur deux est favorable à l’impôt sur la fortune, qu’il trouve justifié à partir d'un patrimoine de 720.000 euros. Et le taux peut atteindre 17%.

(mon argent) - Confronté à un déficit budget colossal, un gouvernement peut opter pour des mesures d’économie, la levée de nouveaux impôts ou une combinaison des deux. En pareil contexte aujourd’hui, il est logique que l’idée d’un impôt sur la fortune refasse surface. Aux raisons idéologiques avancées par ses partisans (les épaules les plus solides doivent supporter les charges les plus lourdes), les opposants de l’ISF rétorquent surtout par des arguments pragmatiques (mobilité du capital, coût de mise en œuvre, absence de registre des patrimoines dans notre pays). Mais qu’en pensent nos concitoyens? Et pour quelles raisons y sont-ils favorables ou opposés?

Un Belge sur deux est favorable à l’impôt sur la fortune!

15% des personnes interrogées y sont farouchement opposées. Dans notre enquête, nous n’avons cependant défini nulle part la notion d’ISF. Chacun a ainsi pu en donner sa propre interprétation.

Les partisans d’un impôt sur la fortune le trouvent justifié à partir d'un patrimoine de 718.143 euros. Nous n’avons cependant pas défini les éléments du patrimoine à intégrer dans ce montant. Les sondés jugent qu’un taux de 17% serait équitable.

Les francophones sont plus souvent et plus nettement partisans d’un impôt sur la fortune que les Flamands, même s’ils fixent un seuil d'application plus élevé: 740.000 euros contre 700.000 euros pour les Flamands. Le taux d’imposition peut cependant être légèrement supérieur pour les francophones (19%) que pour les Flamands (16%). Les femmes et les moins de 34 ans sont plus neutres que les hommes et les personnes des tranches d'âge supérieures.

Not in my backyard

Le constat n'a rien d'étonnant, mais il est particulièrement révélateur: les plus chauds partisans d’un impôt sur la fortune sont ceux qui s’en estiment à l’abri. Ceux qui se sentent visés, inversement, y sont plus souvent opposés. Le syndrome Nimby appliqué à l'impôt sur la fortune, en quelque sorte. Nimby est l’acronyme de "Not in my backyard", qui désigne la propension à n’accepter certaines prestations qu’à condition de ne pas en subir les désagréments. On est contre dès lors qu’on en subit les effets négatifs.

  • Plus les revenus sont élevés, plus l’opposition est grande

On ne recense ainsi que 12% de "chauds partisans" parmi ceux dont le revenu mensuel – du ménage – dépasse 4.500 euros, contre une moyenne de 30% toutes catégories de revenus confondues. Dans cette tranche de revenus, les "opposants très farouches" sont, avec 31%, près de deux fois plus nombreux que dans les catégories de revenus plus basses. Pour les contribuables appartenant à cette tranche de revenus, un impôt sur la fortune ne se justifie qu’à partir d'un patrimoine de près de 2,5 millions d'euros, moyennant un taux de 12%.

  • Les indépendants sont partagés

Les salariés et les chômeurs sont plus enthousiastes à l’idée d’un impôt sur la fortune. Pour les salariés, un taux de 21% serait justifié à partir d'un patrimoine de 516.000 euros. Les managers et les cadres y sont plus souvent opposés. Ils fixent la barre nettement plus haut que les salariés (à partir de 1,8 million d’euros) et préconisent un taux nettement inférieur (13%).

C’est parmi les indépendants que les partisans d’un impôt sur la fortune sont les moins nombreux. Et cela n’a rien d’étonnant. Même si ce groupe n'est pas homogène. 36% se disent contre, 34% y sont favorables et 30% préconisent une attitude neutre. Plus étonnant, en revanche: les indépendants partisans d’un impôt sur la fortune considèrent un taux de 22% comme équitable. Sur l’ensemble des catégories étudiées, c’est le taux le plus élevé avancé par un groupe de partisans.

Motivation négative

Un partisan de l’impôt sur la fortune sur cinq est incapable de citer une raison justifiant son choix. Ceux qui le font invoquent plutôt des arguments négatifs (voir tableau). "La solidarité vient au second plan. Les partisans sont surtout portés par un sentiment d’inégalité et des arguments a contrario: les "riches" peuvent se le permettre, donc ils doivent payer", commente Pieter De Vuyst, senior research consultant chez InSites Consulting.

Pour les spécialistes, le risque d'une fuite des capitaux est l’un des principaux obstacles à l'instauration d’un impôt sur la fortune. "Mais seule une minorité d’opposants actifs invoque spontanément cette motivation. Ils estiment surtout que les personnes à la tête d’un patrimoine important ont travaillé dur pour l'obtenir et qu'elles ne doivent pas être sanctionnées par un impôt supplémentaire sur leur capital", poursuit De Vuyst.

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