lundi 12 décembre 2011

Adieu Proton ...


Bataille rangée autour du paiement par téléphone mobile

08-12-11 à 19:39 par Paul Loubière


DECRYPTAGE Aux Etats-Unis, Verizon veut retarder l’adoption du Google Wallet, un système qui transforme le téléphone mobile en portefeuille virtuel. En France, la bataille promet d'être aussi féroce.

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D’un côté, Google, en position hégémonique sur les moteurs de recherche. De l’autre, Verizon, géant américain des télécoms. Ils ne peuvent pas se passer l’un de l’autre: pas question pour Google de ne pas être présent sur les smartphones de Verizon et, inversement, l’opérateur doit offrir les services de Google à ces mobinautes. Et pourtant, entre les deux, le torchon brûle. Google vient en effet d’annoncer que Verizon lui a fermement demandé de ne pas installer son système de paiement Google Wallet sur les appareils Samsung Galaxy Nexus. Verizon assure ne pas bloquer Google Wallet mais souhaite "poursuivre les discussions" avec la compagnie californienne pour intégrer le Google Wallet dans un composant sécurisé. Officiellement donc, pas de désaccord sur le fond, juste un problème technique pour assurer la sécurité des paiements par téléphone mobile.
La sécurité a bon dos. En réalité, Verizon fait tout ce qu’il peut pour retarder l’adoption du Google Wallet aux Etats-Unis. Ce dernier est un système qui transforme le téléphone mobile en portefeuille virtuel. Le compte peut être alimenté par n’importe quelle carte bancaire. Le système permet aussi le "paiement sans contact". Or Verizon travaille à son propre système, Isis, en collaboration avec d’autres opérateurs américains comme AT&T et T-Mobile. Leur ambition est de créer un portefeuille virtuel qui supprimera la nécessité d’avoir sur soi de la monnaie, des cartes bancaires mais aussi les cartes de fidélité, les coupons de réduction et même les titres de transport.
Or Google Wallet permet justement aux possesseurs américains de Nexus S 4G de payer sans présenter de carte de paiement. Disponible depuis septembre aux Etats-Unis, il offre les mêmes services que ceux promis par Isis. Concrètement, il permet de se connecter à un compte MasterCard ouvert à la banque Citibank, ou alors de puiser dans un compte prépayé géré directement par Google. Des partenariats sont prévus avec Visa, Discover et American Express. Google peut ainsi afficher des messages publicitaires très ciblés aux mobinautes qui l’utilisent.
En France, la bataille promet d’être tout aussi féroce. Bouygues, Orange, SFR et NRJ Mobile se sont réunis pour créer Cityzi qui offre à peu près les mêmes services. Les banques sont elles-aussi à l’affût. Le Crédit Agricole a lancé Kwixo, un moyen de paiement en ligne qui concurrence PayPal et qui devrait plus tard permettre le paiement par téléphone sans contact quand les puces NFC se seront généralisées. Le Crédit Mutuel a été le précurseur en la matière en s’alliant au Groupe NRJ pour lancer une offre mobile dès 2005. Ce n’est pas un hasard si NRJ est aujourd’hui le seul opérateur entièrement virtuel (MVNO) présent dans le consortium Cityzi. La banque possède 90% de NRJ Mobile (un million de clients et un chiffre d’affaires de 320 millions d’euros). C’est le résultat d’une stratégie de long terme: dès 2005 il avait pour objectif d’arriver à un paiement sans contact par téléphone mobile. C’était avant les smartphones, à une époque où une telle éventualité relevait de la science fiction.
Enfin, la BNP vient de passer un accord avec Orange pour proposer à son tour une offre de téléphonie mobile. Le but de la banque n’est pas de se transformer en opérateur télécom. Mais elle veut à tout pris entrer dans la boucle du paiement par téléphone. Et le meilleur moyen de convaincre les utilisateurs, c’est encore de leur fournir à la fois le téléphone, la ligne et le moyen de paiement. Car tel qu’il est conçu, le système Cityzi oblige le consommateur à aller chez son vendeur de téléphone (pour initialiser une puce NFC), à prendre contact avec l’opérateur et enfin à passer à la banque. Gageons que les cadres sup pressés ont autre chose à faire que de gaspiller leur temps dans des files d’attente pour régler ces tâches administratives… L’astuce du Crédit Mutuel, de la BNP et de la Poste consiste à cumuler la fourniture du téléphone et celle du compte en banque.
Le Google Wallet a été lancé en France. Pour l’instant, les opérateurs télécoms n’ont pas réagi. Mais le système de Google est en concurrence avec Cityzi. Et les enjeux financiers sont énormes: les banquiers espèrent bien récupérer le marché tandis que Google cherche à devenir le champion de la publicité de proximité.

Paul Loubière

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