mardi 9 juillet 2013

EUR vs USD @ Les Échos




Pourquoi la baisse de l'euro n'est pas terminée


Par Sophie Rolland | 08/07 | 06:00

En promettant des taux bas « pour une période prolongée », la BCE a équipé l'euro d'une ceinture de plomb.

Pourquoi la baisse de l\'euro n\'est pas terminée
C'est paradoxalement une mauvaise nouvelle pour les marchés : la situation de l'emploi se révèle meilleure que prévu aux Etats-Unis. Le rapport du département du Travail publié vendredi montre que l'économie américaine a créé 195.000 emplois (lire page 6). Résultat : les places européennes ont terminé la journée dans le rouge. L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,91 % sur la séance, le CAC 40 a baissé de 1,46 % et le DAX allemand a chuté de 2,36 %. Aux Etats-Unis, Wall Street a gagné 0,98 %, à 15.135,84 points.

Au plus bas depuis juillet 2011

Le raisonnement des investisseurs est le suivant : si la situation de l'emploi s'améliore, la Réserve fédérale (Fed) n'hésitera pas à lever progressivement ses mesures d'assouplissement quantitatif. Cette perspective d'un resserrement plus rapide que prévu de la politique monétaire américaine a fait bondir les taux américains à 10 ans de plus de 20 points de base, à 2,739 % vendredi, du jamais-vu depuis 2011. Dans ce contexte, l'affaiblissement de l'euro par rapport au dollar a toutes les raisons de se poursuivre. En deux jours, la monnaie unique a perdu 1,39 %. Elle a terminé la semaine à 1,2833 dollar, son plus bas niveau depuis juillet 2011. De part et d'autre de l'Atlantique, les perspectives de croissance sont sans commune mesure. Surtout, les politiques monétaires ont pris des orientations totalement divergentes. Aux Etats-Unis, il est clair depuis plusieurs semaines que la Fed se prépare à modérer le rythme de ses achats de titres sur le marché, ce qui dope le dollar, puisque les actifs libellés dans la devise américaine vont progressivement offrir des rendements plus élevés. Facteur de soutien supplémentaire, à en croire les économistes de marché, le dernier rapport sur l'emploi accroît la probabilité que la diminution graduelle des injections de liquidité de la Fed débute dès septembre. Certains économistes, comme ceux de Goldman Sachs et de JPMorgan Chase, qui tablaient jusque-là sur décembre, ont d'ailleurs revu leur calendrier.
Quant à l'euro, il est depuis jeudi dernier équipé d'une ceinture de plomb. En s'engageant à maintenir « pour une période prolongée » sa politique de taux bas et en laissant la porte ouverte à de nouveaux assouplissements, la Banque centrale européenne a immédiatement fait réagir les cambistes. Vendredi, le Finlandais Erkki Liikanen, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, a à son tour insisté sur l'indépendance de la politique monétaire européenne par rapport à celle de la Fed.
Jusqu'où la monnaie unique peut-elle baisser ? Nombre de stratèges ont revu leurs prévisions à la baisse. « Maintenant que les taux de la zone euro sont solidement ancrés, l'élargissement du différentiel de taux [avec les Etats-Unis] et les données économiques américaines vont affaiblir l'euro », avance l'équipe d'ING, qui table sur un niveau de 1,20 dollar pour la devise européenne en fin d'année. A plus court terme, « si l'euro parvient à casser le seuil de 1,2750-1,2850, il pourrait rapidement se diriger vers 1,24 dollar », prévoient les analystes.

Sophie Rolland

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