Les exemples ne manquent pas. Si vous prenez l’action Vivendi, par exemple, voilà une action qui affiche un rendement de 7,2% sur la base du dividende estimé pour 2011. Or (et c’est là que c’est fou), l’obligation émise par la même entreprise n’offre que du 2,6% sur une échéance de 5 ans. En d’autres termes, l’écart de rendement entre l’action et l’obligation Vivendi est de 4,5% en faveur de l’action ! Cet exemple n’est pas isolé, la Bourse de Bruxelles ou de Paris comporte plusieurs cas similaires.

A priori, cette différence de rendement est anormale sauf si on garde à l’esprit que la période actuelle est également anormale. Primo, nous sommes dans une période où les taux d’intérêt sont très bas. Donc, quand une entreprise se finance via l’emprunt en émettant des obligations, elle peut le faire à un taux très faible. C’est ce qui explique que les obligations des pays occidentaux ne rapportent pas grand-chose. L’autre élément explicatif de cette anomalie, c’est que malgré la crise, les entreprises font des profits records et elles ont donc beaucoup de cash en réserve. Du cash qu’elles préfèrent distribuer sous la forme de dividendes plutôt que d’investir dans un environnement incertain. Comme le soulignait le journal Le Figaro, si on prend en compte le fait que les cours de Bourse actuels restent encore inférieurs en moyenne de 20 à 30% à ce qu’ils étaient avant la crise, cela signifie qu’un cours faible et des dividendes élevés dopent mathématiquement le rendement des actions – CQFD, donc !

En bonne logique, les banquiers proposent aujourd’hui à leurs bons clients d’investir dans des actions avec un gros dividende plutôt que de laisser dormir leur épargne sur les livrets d’épargne qui rapportent moins que l’inflation. C’est un message qui visiblement n’a pas encore été entendu par tout le monde puisqu’on vient d’apprendre que le montant de l’épargne belge qui dort sur les comptes d’épargne est de 210 milliards d’euros. Un nouveau record…