jeudi 25 novembre 2010

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Roubini : son scénario catastrophe pour l’Europe


“Dans le cas de l’Irlande, il y a trop de dette dans le secteur privé”, selon Nouriel Roubini. “On a décidé de faire payer par les contribuables les pertes des banques. Maintenant on a une énorme hausse de la dette publique, de 7% à 100% du PIB. Bientôt ce sera 120%. La Grèce est déjà à 120%.”

Au cours d’une interview avec CNBC, Roubini a déclaré qu’il est convaincu que les dernières interventions des états n’ont fait qu’aggraver les problèmes de dette souveraine.

“Maintenant, vous avez un groupe de super-états, formé par le FMI, l’UE, et l’eurozone, qui sauve ces états”. En bref, ces supers-états se portent garants des dettes nationales, ce qui contribue à concentrer les problèmes au même endroit, sans pour autant les régler. Pour Roubini, l’intervention du FMI et de l’UE revient à faire changer de mains la patate chaude. “Personne ne va débarquer de Mars ou de la Lune pour renflouer le FMI ou l’eurozone”, renchérit-il.

Au bout du compte, la réalité finira bien par rattraper les états et ces supers-états,“donc il faudra bien à un moment que les créanciers des banques essuient des pertes, sinon vous mettez toute cette dette au bilan des états. Puis vous cassez les reins des gouvernements et ils deviennent insolvables”.

La France n’est pas en bonne posture

Contrairement à ce que croient les Français, leur pays n’est pas en bonne posture.

“Sarkozy est arrivé au pouvoir en disant qu’il allait faire beaucoup de réformes. Il ne l’a pas fait. Maintenant, il est affaibli. Il se peut qu’il perde les élections. Par conséquent, il y aura des délais dans la mise en place des réformes et d’un plan d’austérité”. C’est, selon Roubini, le plus gros défi de la France.

Les investisseurs des marchés obligataires ont eu la Grèce, le Portugal et l’Irlande dans le collimateur, “mais la France n’est pas tellement en meilleure posture que la périphérie”.

D’après lui, la probabilité que la France prennent les mesures qui s’imposent est faible. “Politiquement, les réformes sont difficiles.” Lorsque le gouvernement français a fait passer sa timide réforme des retraites, en augmentant l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, “il y a eu d’énormes manifestations dans la rue”.

Et pourtant ce n’est, selon lui, que le début d’une inévitable et nécessaire austérité. “Que se passera-t-il quand on fera des réformes plus radicales ? Dans le cas de la France, la question reste ouverte.”

Prochain en ligne de mire : le Portugal

Au-delà de France, le prochain pays sur la trajectoire de la crise est, selon Roubini, le Portugal : “Le prochain sur la liste est le Portugal. A cause de la gravité de leurs problèmes d’endettement, le Portugal va perdre son accès au marché, ce qui veut dire qu’ils devront faire appel au FMI, eux aussi.”

Mais le vrai cauchemar reste l’Espagne. C’est la vraie épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes.

“Autant on peut fournir des financements à l’Irlande, le Portugal, et la Grèce pendant trois ans, les garder en dehors des marchés et, peut-être, rééchelonner leur dette”, dit-il, “mais si l’Espagne tombe, il n’y pas assez d’argent dans les caisses en Europe pour sauver l’Espagne. D’un côté, l’Espagne est trop grosse pour tomber, mais de l’autre, elle est trop grosse pour être renflouée”.

Le premier problème de l’Espagne est la taille de sa dette publique : 1000 milliards d’euros. A titre de comparaison, la Grèce en a pour 300 milliards d’euros. L’Espagne a aussi 1000 milliards d’euros de dettes vis-à-vis de l’étranger dans son secteur privé.

Pour des problèmes de cette taille, il n’y a tout simplement pas suffisamment de ressources, tant étatiques que super-étatiques.

Laurent Curau

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