lundi 13 septembre 2010

Deutsche Bank veut prendre de l'avance sur les règles "Bâle III"

Le 10/09/2010 à 16:08 - Mis à jour le 10/09/2010 à 16:37

Deutsche Bank veut prendre de l'avance sur les règles "Bâle III"

Deutsche Bank veut prendre de l'avance sur les règles "Bâle III"
Deutsche Bank semble partie pour prendre de l'avance sur la concurrence en levant des milliards d'euros sur le marché dans la perspective de nouvelles règles de fonds propres "Bâle III" qui pourraient être dévoilées ce week-end. /Photo d'archives/REUTERS/Ralph Orlowski

par Edward Taylor et Steve Slater

FRANCFORT/LONDRES (Reuters) - Deutsche Bank semble partie pour prendre de l'avance sur la concurrence en levant des milliards d'euros sur le marché dans la perspective de nouvelles règles de fonds propres "Bâle III" qui pourraient être dévoilées ce week-end.

Selon deux sources au fait du dossier, la première banque allemande envisage une augmentation de capital qui pourrait atteindre neuf milliards d'euros pour renforcer son bilan du fait de la finalisation de la réforme prudentielle.

Ce serait la plus grande augmentation de capital lancée par Deutsche Bank, et peut-être la plus importante en Europe cette année, montrent des données de Thomson Reuters.

Par cette opération, Deutsche Bank pourrait augmenter sa participation dans Deutsche Postbank, établissement dont elle détient un peu moins de 30% du capital, et la recapitaliser. Mais elle brûlerait aussi la politesse à ses concurrentes, qui pourraient elles aussi être amenées à faire appel au marché, notamment parmi les banques allemandes.

La Fédération bancaire allemande estime que les 10 premières banques du pays risquent de devoir se recapitaliser à hauteur de 105 milliards d'euros au total.

Les nouvelles règles de fonds propres bancaires de Bâle III entreront en application progressivement à partir de 2013.

National Bank of Greece a également lancé une augmentation de capital cette semaine et pourrait bien être imitée dans d'autres pays européens tels que l'Espagne, le Portugal, l'Irlande ou l'Italie, pensent les analystes.

"Voilà qui alimente l'inquiétude sur la santé des établissements financiers européens", commente Veysel Taze, analyste de Close Brothers Seydler.

PAS DEUX FOIS

Deutsche Bank s'est abstenue de tout commentaire sur cette émission de titres qui, selon l'une des sources, pourrait intervenir dès la semaine prochaine.

L'action Deutsche Bank perdait 4,8% à 47,60 euros en milieu d'après-midi, tandis que l'indice des bancaires européennes abandonnait 0,7%.

Crédit Agricole, Société Générale (GLE 43.91 +0.75%) et Commerzbank, tous des établissements qui passent pour devoir lever des fonds, cédaient de 0,2% à 2,% environ.

Les règles Bâle III, censées permettre aux banques de mieux résister à une nouvelle crise financière éventuelle, devraient être finalisées ce week-end dans la perspective de leur avalisation par le Groupe des Vingt (G20) lors du sommet de Séoul à la mi-novembre.

Il semble que les banques devront avoir un ratio de "fonds propres durs" Tier 1 core minimal de 7% à 9%, lequel inclurait un "matelas de précaution", selon des sources officielles et réglementaires.

Toute banque qui ne parviendrait pas à être au-dessus de cette marge de sécurité - a priori de 2%-3% pour des fonds propres durs de base de 4,5% à 6% - devrait réduire les paiements tels que les dividendes et les primes.

La Fédération bancaire française admet que les grandes banques de la planète devront lancer des augmentations de capital si le Comité de Bâle retient finalement des ratios de solvabilité très élevés.

Après avoir racheté Postbank, Deutsche Bank devra lever de 7,5 à 8,6 milliards d'euros pour conserver ce ratio à 9%, expliquent des analystes de Citi dans une note.

Le ratio de fonds propres Tier 1 core de Deutsche Bank était de 7,5% fin juin et celui de Deutsche Postbank autour de 5%.

Même si Deutsche Bank a dit qu'elle n'était pas pressée d'absorber Deutsche Postbank, elle n'en a pas moins défini certains critères pour une OPA. Si sa participation dépassait 30%, elle serait de toute façon obligée de lancer une OPA en bonne et due forme, suivant le droit boursier allemand.

Les analystes d'Execution, à Londres, estiment que lever neuf milliards d'euros permettrait à Deutsche Bank de consolider intégralement Postbank et d'avoir un ratio Tier 1 core proche de 9%.

Les économistes estiment qu'il y a un plus grand danger qu'une levée massive de fonds par les banques sur les marchés: c'est de voir ces banques limiter le crédit pour respecter les nouvelles règles prudentielles et ainsi étouffer une reprise économique qui en elle-même est déjà bien fragile.

Les autorités de tutelle ne redoutent pas un tel danger. Pour elles, les nouvelles règles rendront le système financier plus stable sans mettre en danger le crédit.

Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, en tant que président de la Banque des règlements internationaux (BRI), présidera les discussions à Bâle.

Dans un article publié vendredi par le Financial Times, il déclare que les banques ne pourront plus à l'avenir compter sur le contribuable pour voler à leur secours et bénéficier des énormes sommes qui ont été débloquées ces trois dernières années pour les sauvegarder.

"On ne peut pas faire ça deux fois; les populations de nos démocraties ne l'accepteraient pas", dit-il.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

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