lundi 27 décembre 2010

Quels sont les pays les plus fragiles de la zone euro?

INVESTIR

Même si la crise de l'euro n'est pas encore entièrement passée, ces dernières semaines, la poussière est quelque peu retombée. Il est temps de dresser l'état des lieux. Quels sont actuellement les pays les plus fragiles de la zone euro?

(mon argent) - Ces dernières semaines, les cotes crédit de pays comme l’Irlande et le Portugal ont été révisées à la baisse. Une baisse de la solvabilité d’un État se répercute inévitablement sur le cours de ses obligations. En révisant la solvabilité à la baisse, les agences de notations avertissent en fait l’investisseur d’une hausse du risque.

Les agences de notations fondent leurs avis sur un large éventail de critères quantitatifs et qualitatifs. Des dizaines d’indicateurs sont en fin de compte synthétisés en quelques lettres seulement, du genre AAA (meilleure solvabilité) à CCC (plus mauvaise solvabilité). Vu le nombre de détails qu’elles prennent en considération, les agences de notation reçoivent souvent la critique que leurs analyses viennent trop tard. Il n’en demeure pas moins que, par leurs évaluations, S&P, Moody’s et Fitch ont un grand impact sur les marchés financiers. Leurs avis ne peuvent être balayés d’un revers de main.

Déficit budgétaire

Quelques chiffres simples et publics permettent à tout un chacun de se faire une bonne idée de la solvabilité d’une région. C’est ainsi que la croissance du déficit budgétaire est l’une des grandes causes de la perte de confiance dans les obligations d’État.

Le tableau ci-dessous indique la cote crédit actuelle d’un certain nombre de pays. Le ratio qui compare l’endettement au Produit intérieur brut (PIB) peut être un bon indicateur d’une modification de la solvabilité. Dans les périodes troublées que nous traversons, les chiffres, même s’ils fluctuent fortement, donnent une image précise de la santé financière d’un pays.

Et sur la base de ce critère, il n’y a rien d’étonnant que la Belgique soit en ligne de mire. Au cours "solvabilité", le pays est actuellement un élève moyen, mais si nous ne faisons pas nos devoirs tout de suite, nous pourrions bien recevoir une punition. Les pays les plus exemplaires – Pays-Bas et Allemagne en tête – ne peuvent toutefois pas se reposer sur leurs lauriers.

Conserver la meilleure cote de solvabilité exige une discipline monétaire et fiscale. Si un éventuel dérapage de leur politique devait devenir patent, la dégradation pourrait suivre pour ces pays aussi. La notion d’"obligation d’État sans risque" ne doit pas être prise à la lettre. Dans les mois à venir, les détenteurs d’obligations auront à l’œil l’évolution du Royaume Uni, de la France et des États-Unis.

Aperçu de la solvabilité des pays

Pays

Rapport Dette/PIB (en %)
(prévisions FMI 2011)

Notation S&P/avis
Taux long terme
Pays-Bas69,38%AAA/Stable3,23%
Allemagne76,52%AAA/Stable3,03%
Royaume-Uni81,93%AAA/Stable3,56%
France87,56%AAA/Stable3,39%
Etats-Unis d'Amérique
99,32%AAA/Stable3,38%
Belgique103,10%
AA+/Stable3,99%
Espagne70,22%
AA/Négatif5,52%
Italie119,69%
A+/Stable4,64%
Irlande101,68%
A/Négatif8,35%
Portugal87,09%A-/Négatif
6,46%
Grèce139,35%BB+/Négatif11,92%

Sources: FMI et S&P, chiffres au 18/12/2010

Douloureux pour tout le monde

Les conséquences d’une dégradation potentielle de la solvabilité ne sont pas à sous-estimer. Dans le cas des obligations d’État, la chute des cours résulte des ventes massives d’investisseurs institutionnels. Il s’en suit une hausse des taux. Pour le dire autrement, la prime de risque est majorée par rapport aux obligations de qualité. Le tableau indique que la Belgique paie actuellement environ 1% de plus que l’Allemagne. Si la cote crédit devait encore baisser, les taux augmenteraient encore. La Grèce et l’Irlande nous l’ont montré.

Pour les investisseurs, la faiblesse des cours et la hauteur des taux sur les obligations d’État qui résulte d’un rating en baisse peuvent rendre la formule attrayante. Mais généralement, les risques ne sont pas encore exclus. Dans le pire des cas, un pays peut restructurer sa dette avec, à la clé, une perte sèche pour l’investisseur. Par ailleurs, le processus de rétablissement après une dégradation peut durer. Lorsque les pouvoirs publics peu solvables s’adressent aux marchés financiers, ils devront, au total et à long terme, payer bien davantage d’intérêts. En fin de compte, l’addition est présentée aux citoyens sous la forme de hausse des impôts et de réduction des dépenses publiques.

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