mardi 25 septembre 2012

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Posté le 23 septembre 2012 par Bcolmant

Bourse de Bruxelles : une plateforme, deux modèles

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La Bourse de Bruxelles traverse des moments extrêmement périlleux : les volumes de négoce se concentrent sur quelques grosses capitalisations qui sont, de facto, des entreprises progressivement étrangères (GDF Suez, AB INBEV, etc.), les mises en bourse sont homéopathiques et les récentes mesures fiscales, annoncées ou invoquées, légitimement décriées par son Président, Vincent van Dessel, constituent autant de nœuds coulants qui garrotent le capital à risque.
Cette situation se calque sur les profondes cicatrices de la crise de 2008 et une peur compréhensible de la prise de risque, conjuguée à un contexte politique qui, au-delà des postulats publics, est contraire à l’entreprenariat.
La survie de la Bourse de Bruxelles est désormais en jeu, et c’est un problème collectif majeur car cela concerne le système financier de notre Royaume.
Cette situation est sans doute aussi liée au fait que la Bourse ait rejoint le secteur privé. La Bourse de Bruxelles est une entreprise cotée au travers de NYSE-Euronext.
Cette privatisation répondait à un indiscutable besoin d’investissements informatiques que ses actionnaires originels (les banques et compagnies d’agents de change) refusaient de faire.
C’est Olivier Lefebvre, Président de la Bourse de Bruxelles à la fin des années nonante et au début des années 2000, qui sauva son institution en mutualisant son existence dans celle d’Euronext, ce qui permit des économies d’échelle. L’apport subséquent de NYSE Euronext au développement de la Bourse de Bruxelles fut, et reste, incontestable : faute d’avoir rejoint un groupe international, la Bourse de Bruxelles serait, au-delà de la création d’Euronext, morte. La décision des dirigeants d’Euronext de rejoindre NYSE fut le second trait de vision d’Olivier Lefebvre. En effet, la survie d’une bourse est (presque) exclusivement liée à la capacité et à l’excellence opérationnelle de son système informatique, dont celui du NYSE est l’étalon mondial.
Mais, aujourd’hui, il convient de repenser le modèle car la Bourse de Bruxelles est inéluctablement destinée à une marginalisation ou au confinement à une bourse locale de PME. Elle n’emploie d’ailleurs plus qu’une dizaine de personnes.
Comment résoudre cette équation ?
Les solutions sont nombreuses et convergentes, notamment dans le domaine fiscal. Le CEO de BNPP-Fortis plaide – comme nous l’avions également suggéré à de nombreuses reprises – pour de nouvelles mesures Monory-Cooreman.
Mais cela ne suffira pas : il faut peut-être s’attaquer à la structure organique de la bourse. Concrètement, une idée (mais il y en a certainement d’autres) consisterait à scinder la bourse en deux entités  distinctes, caractérisées par un actionnariat différent, mais le support opérationnel commun du NYSE.
Il y aurait un marché de grandes capitalisations, essentiellement alimenté par des ordres étrangers et regroupant les 20 plus grosses entreprises belges, avec un système de cotation continue.
Les autres actions seraient regroupées avec celles d'Alternext et les principales sociétés du marché libre dans une nouvelle Bourse Belge, destinée aux PME et dont les banques belges seraient actionnaires. Ces banques auraient donc un incitant à mettre des sociétés en bourse, à les suivre et surtout à jouer un rôle de teneur de marché en alimentant des ordres pour compte de leurs clients. La cotation serait faite au fixing, une ou deux fois par jour. Cette nouvelle bourse continuerait à utiliser le système informatique de NYSE-Euronext, dont l'excellence opérationnelle est incontestable. Les plus petites sociétés, totalement illiquides, devraient faire l'objet d'un retrait de la cote par leurs actionnaires de contrôle.
En résumé, le temps est peut-être venu d’imaginer le meilleur de deux mondes, à savoir une plateforme commune, celle de NYSE Euronext, qui servirait deux bourses, une de grande valeur et une de petites valeurs, dont les banques domestiques, peut-être rejointes par d’autres institutionnels, seraient les actionnaires. Cela permettrait de conjuguer la force d’un groupe mondial avec la nécessité de stimuler l’attrait du capital à risque pour les plus petites capitalisations.

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