jeudi 28 octobre 2010

métaux rares

mercredi 27 octobre 2010 à 11h46

La Chine impose l'épreuve de force sur les métaux rares

Après les gouvernements du Japon et de l'Allemagne, le patronat allemand a exprimé mardi son inquiétude face au blocage des exportations chinoises de métaux rares qui affectent toutes les industries de pointe des pays développés.

© Reuters

La chancelière Angela Merkel était déjà montée au créneau la semaine dernière. Cette fois, c'est le principal syndicat des grands patrons allemands, le BDI, qui exprime sa vive inquiétude face au blocage des exportations des métaux rares par la Chine, dont le pays est le plus gros producteur mondial. L'enjeu est de taille puisque ces petits métaux (cobalt, tungstène, indium, etc.) sont indispensables à l'industrie(automobiles, avions, machines outils). Ils figurent aussi dans tous les produits technologiques de grande consommation (écrans plats, téléphones portables, DVD, GPS).
Signe de cette préoccupation : la conférence, organisée mardi 26 octobre à Berlin, a attiré Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ainsi qu'Andris Piebalgs, commissaire européen au Développement, et Rainer Brüderle, ministre allemand de l'économie. La présence de ce dernier, dit-on à Berlin, est le signe que ce sujet est une «priorité absolue» du gouvernement allemand.
Il n'y a pas qu'outre-Rhin que l'inquiétude commence à monter. Les Japonais et les Américains sont également vent debout et n'hésitent plus à parler de tentative d’«embargo» de la Chine. Les conséquences d'un tarissement de l'approvisionnement des métaux rares pourraient avoir des effets désastreux sur des pans entiers de l'industrie, de l'aéronautique au secteur de l'armement. De son côté, Pékin réfute ces accusations. Mais le journal officiel, China Daily, a reconnu la semaine dernière que la Chine compte réduire de 30 % ses exportations en 2011.
Ce bras de fer s'inscrit dans le cadre des tensions croissantes avec les Etats-Unis, qui accusent la Chine de faire de la dévaluation compétitive en maintenant sa monnaie à un niveau artificiellement bas pour doper ses exportations et sa croissance. Il survient en pleine crise diplomatique avec le Japon, qui a vivement réagi, fin septembre, à la rupture des exportations de ces métaux qui sont vitaux au bon fonctionnement de son secteur électronique de pointe.
Un autre enjeu se cache derrière cette épreuve de force. Des industriels allemands ont décrypté, la semaine dernière au New York Times, le chantage qui leur était fait par la Chine : augmentez vos investissements et vos transferts de technologie en Chine et nous sécuriserons vos livraisons en métaux rares. Autrement dit, en termes plus crus, on leur demande de choisir entre se laisser piller leur savoir-faire ou mourir étouffés, faute de matières premières… La croissance chinoise ne fera pas que des heureux !
Yves Michel Riols, L’Expansion.com

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