samedi 29 janvier 2011

fraude à l'identité

Etes-vous réellement menacé par la fraude à l'identité?

MULTIMÉDIA

Jean a découvert l’ouverture d’un compte bancaire et de trois crédits à son nom. Son identité a été usurpée et ça lui coûte très cher. Alors, info ou intox?

(mon argent) – Régulièrement, certains dépliants de grandes surfaces proposent des destructeurs de documents. Ces appareils sont à la mode depuis un petit temps déjà. Logique, leurs fabricants ont bien fait leur promo: ils sont parvenus à faire croire que la population était régulièrement victime de 'vols d’identité'. En 2008, 160.000 Belges auraient été victimes d’usurpation d’identité, selon l’un de ces fabricants.

Ce nombre n’a toutefois jamais été confirmé par la Police fédérale. "En Belgique, la fraude à l’identité n’est pas considérée comme un phénomène unique mais plutôt comme un concept regroupant des phénomènes criminels totalement distincts. Cela va des fraudes sur Internet à l’usage de faux documents d’identité - dont la plupart concernent des identités fictives. Si des cas isolés d’usurpation d’identité existent, rien ne confirme le caractère alarmant du problème", précise Benoit Gosset, commissaire à la Direction de la Lutte contre les Fraudes auprès de la Police judiciaire fédérale.

Vos poubelles vous trahissent …

Le fabricant de destructeurs de documents à l’origine de ces chiffres alarmants met les Belges en garde: "les escrocs paient des personnes pour fouiller vos poubelles dans le but de s’emparer de relevés bancaires, reçus de carte de crédit, offres de crédit pré-approuvées, relevés d’imposition".

Il ajoute, "de nombreux documents que vous pensez sans importance tels que les anciennes factures de gaz, d’électricité, de téléphone, les documents d’assurance, les relevés de compte et même des lettres et enveloppes personnelles que vous avez reçues, sont des données de valeur rassemblées par les fraudeurs pour voler votre identité". Ces affirmations sont-elles justes? Devez-vous réduire à néant le moindre document contenant quelques unes de vos données personnelles?

… ou pas !

"Il n’y a aucun intérêt pour les personnes individuelles d'investir dans un broyeur de documents", affirme le commissaire. "Cependant, il incombe de respecter quelques règles de prudence de base. Comme par exemple détruire le courrier contenant le code PIN de votre carte bancaire avant de le jeter à la poubelle ou éviter d’y laisser traîner des extraits de compte. Ils pourraient susciter des convoitises. Mais ce second point ne concerne pas la fraude à l’identité. Ceci dit, le risque zéro n’existe pas, mais il faut éviter de sombrer dans la paranoïa. Pour obtenir un crédit à votre nom, par exemple, il faut dans la majorité des cas présenter votre carte d’identité", précise-t-il.

Bien sûr, les faux documents d’identité existent. "Mais les documents belges sont de plus en plus sécurisés. On y a introduit des puces électroniques qui permettent leur utilisation dans des applications sécurisées comme c’est le cas de la carte d’identité ou l’introduction de données biométriques. Les procédures d’octroi se sont également sécurisées", rassure le commissaire. Autrement dit, même si des fraudeurs ont accès à vos anciennes factures ou à vos relevés bancaires, cela ne leur servira à rien.

D’où vient cette paranoïa?

Contrairement à la Belgique où l’on dispose à la fois d’une carte d’identité obligatoire et d’un registre national, les Etats-Unis et le Canada ne disposent pas d’un système centralisé de gestion des identités. Les citoyens ne portent pas de cartes d’identité fédérale obligatoire sur eux. Dès lors, le permis de conduire, comme le numéro de sécurité sociale, sert de facto de document d’identité. Il est donc plus facile de se faire passer pour quelqu'un d'autre.

Mais ce n’est pas tout. L’approche du crédit n’est pas identique de part et d’autre de l’Atlantique. Afin de lutter contre le surendettement des Belges, la Centrale des crédits effectue toujours un contrôle de solvabilité avant d’octroyer un nouveau contrat de crédit. "Aux Etats-Unis, les crédits sont octroyés plus facilement et en cas de problème les gens peuvent se retrouver sur une liste de mauvais payeurs dont ils auront du mal à s’extraire", explique-t-il. "Cette approche engendre des problèmes spécifiques de fraude en matière de crédit qui sont amplifiés par l’absence de présentation de documents d’identité suffisamment fiables. Il est donc normal qu’il y ait une certaine crainte au sujet du vol d’identité là-bas. Les conditions ne sont pas les mêmes".

"La sécurité représente également un marché pour l’industrie. Il ne faut dès lors pas s'étonner du fait de nombreuses informations sur la fraude à l’identité sont présentes sur des sites commerciaux. La notion de fraude à l’identité y est parfois présentée d’une manière alarmiste, données statistiques (souvent contestables) à l'appui. Il faut faire attention à des actions du secteur privé qui viseraient à créer un sentiment d’insécurité dans certains domaines en vue de créer des opportunités de marché", conclut Benoit Gosset.

VIGILANCE SUR LE WEB ET AU TÉLÉPHONE

Ce 28 janvier consacre la cinquième 'journée européenne de la protection de la vie privée et des données' (European Privacy & Data Protection Day). Dans notre article "Protégez vos données privées sur le net", le commissaire Laurent Bounameau de la Federal Computer Crime Unit (FCCU) indique quelques règles de prudence à suivre.

Dernier conseil: ne communiquez jamais des données personnelles par téléphone! Votre banque ne vous appellera d’ailleurs jamais pour ce type de renseignements. En septembre dernier, la Police fédérale a mis la population en garde contre une nouvelle forme d’escroquerie téléphonique: le ‘social engineering’. Les escrocs ne se contentent plus de se faire passer pour votre banque mais bien pour des employés du gouvernement ou d’une entreprise de logiciels. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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