samedi 29 janvier 2011

MARC CHARLET @ Le Soir


Dans leur grande majorité, les gestionnaires de fonds déclarent aujourd’hui que leur stratégie repose sur une surpondération des actions. A leurs yeux, un portefeuille équilibré doit comporter à l’heure actuelle environ 55 % d’actions, au lieu de 50 % il y a quelques semaines. Et c’est à la quasi-unanimité qu’ils donnent la priorité aux Bourses des grands pays émergents. Pour les investisseurs particuliers, cette recommandation passe obligatoirement par les sicav spécialisées.

Les valeurs cotées de part et d’autre de l’Atlantique sont, elles, plus accessibles individuellement. On peut aisément y faire son marché sans le truchement des fonds. Mais comment opérer la sélection ? En dépit du scepticisme de certains, les avis des analystes restent les repères les plus utiles. Une fois rassemblés, ces avis constituent ce qu’on appelle le « consensus » des analystes.

Deux points essentiels s’en dégagent. Primo : les recommandations (d’acheter à vendre, en passant par renforcer, conserver et alléger). Secundo : l’objectif de cours à court terme (plus ou moins trois mois). Ces éléments de base, nous les avons synthétisés dans le tableau ci-contre.

Comment le lire ? Prenons l’exemple de BNP Paribas, titre coté à Paris. Cette valeur est suivie par 27 analystes qui, très régulièrement, font part de leurs recommandations. En date du 24 janvier, 21 analystes avaient émis un avis positif (16 « acheter » et 5 « renforcer »), 5 recommandaient de « conserver » et 1 seul proposait d’« alléger ». Aucun ne suggérait de « vendre ». Traduites en points, ces recommandations aboutissaient à une note globale de 3 points sur un total théorique de 5 points. En l’occurrence, il s’agit d’une très bonne note. Mais les analystes, le plus souvent, s’engagent très concrètement. Ils nous donnent des objectifs de cours, en général à trois mois, ce qui donne une indication sur le potentiel de croissance à court terme. S’agissant de BNP Paribas, l’objectif de cours moyen est à 67 euros, ce qui, par rapport au cours de clôture de jeudi soir, donne un potentiel de gain de 20,8 %, ce qui n’est pas mal non plus.

Dans ce tableau, nous avons pris en considération les 20 valeurs de l’indiceBEL 20, les 50 valeurs de l’indice Euro Stoxx 50 (zone euro) et les 30 valeurs du Dow Jones. Nous n’avons retenu, parmi cette centaine de titres, que ceux qui étaient suivis par 15 analystes au moins et dont le potentiel de gain moyen était supérieur à 15 %. Cela donne, in fine, 15 valeurs : trois belges, six autres européennes et six américaines.

Cette relative surreprésentation américaine ne doit pas étonner. Selon les dernières prévisions, la croissance US devrait être de l’ordre de 3 % en 2011, et les financiers en déduisent que le potentiel bénéficiaire des actions cotées àNew York est plus important que de ce côté-ci de l’Atlantique. Au demeurant, à l’heure actuelle, avec un euro qui vaut 1,37 dollar, faire ses emplettes aujourd’hui en Amérique du Nord n’est pas contre-indiqué. On ne sera pas surpris, non plus, par l’absence, au sein de l’équipe européenne, des vedettes d’outre-Rhin. La Bourse de Francfort a fait un bond de 27 % sur les douze derniers mois et les analystes estiment que les valeurs allemandes sont aujourd’hui correctement évaluées. Cela dit, d’une manière générale, les analystes se montrent assez confiants.

Sur la centaine de titres examinés, on compte sur les doigts de la main ceux pour lesquels un statu quo ou un recul sont envisagés. Ce qui surprend davantage, c’est l’orientation sectorielle qui se dégage de ce tableau. Pour ce qui est du Vieux Continent, 7 valeurs sur 9 appartiennent au monde de la finance (banques et assurances). En Belgique, c’est même 3 sur 3. En fait, les analystes, qui sont, il est vrai, pour l’essentiel, des employés des banques, persistent et signent. A leurs yeux, les financières ont été excessivement « corrigées » et les cours actuels ne reflètent pas assez leur potentiel bénéficiaire.

Outre-Atlantique, les banques et les compagnies d’assurance ont moins la cote. Ce sont les nouvelles technologies au sens large que l’on privilégie, que ce soit dans l’aéronautique (Boeing), la pharmacie (Merck) et surtout l’informatique (HP, Cisco et Intel). Visiblement, aux Etats- Unis, on fait confiance à la reprise économique annoncée.

Un filtre pour faire le tri

Il est évidemment difficile, pour un investisseur particulier, de procéder à l’achat simultané des quinze valeurs reprises dans le tableau. Il faut resserrer les mailles du filet. On pourrait imposer des critères plus sévères.

Par exemple, une note de minimum 3 points pour ce qui est des recommandations et un potentiel de gain d’au moins 20 %. Avec ce filtre, il ne reste que cinq valeurs en lice : Ageas (3,39 pts et 37,6 %), BNP Paribas (3,00 pts et 20,8 %), Vinci (4,76 pts et 20,6 %), Merck (3,30 pts et 26,3 %) et Cisco (3,58 pts et 21,2 %). Fort opportunément, ce miniportefeuille est équilibré et sectoriellement et géographiquement. Et on peut s’en sortir avec une mise globale de 15.000 euros. Même si, pour conseiller à un investisseur belge de garnir un portefeuille d’ex-Fortis, il faut être culotté ! Si vous devez vous en tenir à une seule valeur, Vinci, groupe français spécialisé dans la construction et les concessions (autoroutes, parkings, etc.), apparaît comme le « maître achat ».

Partant ? Ne perdez alors pas de vue deux choses essentielles :

1. Les analystes revoient régulièrement leurs positions. Pour éviter de leur adresser des reproches infondés, vérifiez le « consensus » au moins une fois par semaine. Et sortez le cas échéant.

2. Dès que l’objectif fixé lors de l’acquisition est atteint (et même seulement approché), n’hésitez pas à prendre votre bénéfice, au moins pour une large part. Il est inutile de tenter le diable et, en Bourse, il existe. MARC CHARLET

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