jeudi 25 août 2011

Software or Hardware ?

20:39 - 23 août 2011 par Frédéric Lejoint

Miser sur... IBM ou Intel?


La baisse des cours a restauré le potentiel boursier d’IBM, qui devrait bien résister à une éventuelle récession. Intel reste dominant sur le marché des PC mais rate le virage des smartphones. Sa valorisation est très basse.
© Bloomberg

L’année 2005 a marqué un tournant dans l’histoire d’IBM, avec la vente de son activité PC au Chinois Lenovo. Le groupe a aujourd’hui totalement abandonné le marché des particuliers pour se concentrer sur les grandes entreprises.

Big Blue propose par exemple des solutions intégrées couvrant l’ensemble des leurs besoins, ce qui a permis de rendre récurrent une grande partie du chiffre d’affaires.

Les perspectives de croissance sont toutefois plus limitées qu’avant, et dépendent de la volonté (ou du besoin) des sociétés à moderniser leur parc informatique. Ce qui explique les nombreuses acquisitions réalisées par IBM ces dix dernières années, essentiellement en vue de compléter son expertise technologique.

Le groupe a traversé la crise de 2008 de manière exceptionnellement satisfaisante, le résultat par action continuant à progresser alors même que le chiffre d’affaires se contractait. Cette tendance n’est pas neuve, et le groupe a enregistré une progression très rapide de ses marges depuis la fin du dégonflement de la bulle technologique.

C’est surtout par un contrôle étroit des coûts qu’IBM est parvenu à ces résultats, la marge opérationnelle de l’activité Software ayant doublé depuis 2003.

Avec 16 avis à l’achat et 12 neutres pour un objectif médian de 194 dollars, le consensus est positif sur le titre, et le recul de ces derniers jours a permis de restaurer un beau potentiel de progression.

Mais les marges sont aujourd’hui à des niveaux très élevés par rapport au reste du secteur, et les perspectives de croissance des bénéfices par action ne sont pas infinies. Si la progression des marges venait à ralentir, la croissance des résultats se montrerait plus lente que par le passé.

Dans cette hypothèse, la valorisation (rapport cours/bénéfice de 11,9 sur base du résultat attendu pour 2011) pourrait encore corriger vers le bas.

Les résultats du premier semestre 2011 ne semblent toutefois pas encore avoir confirmé cette hypothèse, et "IBM reste un groupe très défensif, qui ne devrait que peu souffrir en cas de ralentissement économique", estime Merrill Lynch.

Le cash flow très élevé du groupe devrait en outre lui permettre de consacrer environ 100 milliards de dollars dans les cinq prochaines années à des acquisitions, des rachats d’actions ou des relèvements de dividende.

Et Intel?

En dépit d’une croissance des ventes qui a ralenti après un premier trimestre soutenu, le marché américain des semi-conducteurs devrait progresser de 5 % en 2011 aux Etats-Unis, ce qui reste appréciable. Pour Intel, la croissance devrait également être soutenue vu son exposition croissante sur les marchés émergents et le dynamisme économique de meilleure qualité dans ces pays.

Le marché des PC reste le plus important pour le groupe, 90 % de son chiffre d’affaires provenant de cette plate-forme, une situation qui ne devrait pas changer de sitôt. Intel domine le marché des microprocesseurs pour ordinateurs depuis de très nombreuses années, ses concurrents directs (surtout AMD) restant loin derrière tant en termes de parts de marché qu’en termes de marges bénéficiaires, d’efficacité des lignes de production ou de technologie.

Toutefois, le cours d’Intel raconte une autre histoire. Depuis une dizaine d’années, le il est dans une tendance baissière ininterrompue causée par une rotation rapide des cycles technologiques et par des difficultés pour le groupe à s’imposer en dehors du secteur du PC.

De plus, la croissance dans le secteur technologique va vers la portabilité, les smartphones ou les tablettes, des domaines dans lesquels Intel est tout sauf dominant.

Les rebonds du cours se font à des niveaux de moins en moins élevés après les phases de contraction, soit 34 euros en 2004, 28 euros en 2005 et 2007 et 24 euros en 2010.

La valorisation du groupe est très basse par rapport aux niveaux historiques avec un rapport cours/bénéfice proche de 9 sur base du résultat attendu pour 2011.

Avec 30 avis d’achat pour 18 neutres et 4 négatifs, Intel reçoit proportionnellement plus d’avis positifs qu’IBM, mais fait aussi face à beaucoup plus d’avis négatifs d’analystes qui estiment que la tendance baissière du cours sur le long terme est symptomatique des perspectives du fondeur.

Un facteur positif en faveur du groupe est la politique menée en faveur des actionnaires, avec un niveau élevé du dividende, ainsi que d’importants programmes de rachat d’actions propres.

En outre, le niveau des stocks du groupe est faible par rapport au reste du secteur, quoiqu’en nette croissance sur le dernier trimestre.

Résultat: 3-2 pour IBM

→ L’historique boursier des cinq dernières années est sans appel en faveur d’IBM, avec une hausse supérieure à 100 % contre une quasi-stabilité chez Intel.

→ IBM est positionné sur des segments où le changement technologique est moins rapide mais dispose d’une grande proportion de revenus récurrents, ce qui sera un avantage dans un climat économique plus incertain.

→ Intel est inversement bon marché, mais fait face à un marché qui s’oriente de plus en plus vers des plateformes portables, sur lesquelles le groupe a moins de puissance de feu.

→ Les deux entreprises sont généreuses avec leurs actionnaires, avec un avantage toutefois à Intel, pour le payout.

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