vendredi 7 octobre 2011

In illo tempore ...


00:30 - 07 octobre 2011 par Nicolas Ghislain

Un an, un siècle, une éternité


C’était il y a un an, un siècle, une éternité. Les investisseurs qui avaient décidé de rester actionnaires dans des banques reprenaient peu à peu confiance dans le système financier, après avoir été pour la plupart matraqués par la méga-crise de 2008.
Promis, juré: on avait tiré les leçons; les banques retrouvaient la voie d’une certaine sagesse; les dérapages du passé étaient ceux d’une époque révolue.
Il a suffi d’un nouvel épisode dramatique de la crise de la dette pour que le bel édifice craque à nouveau de partout. Et que de nombreuses banques se réfugient dans des stratégies de communication boiteuses, opaques, voire mensongères.
L’affaire Dexia, du nom de la première victime officielle de la crise de la dette, est révélatrice d’un malaise plus profond. Voilà un groupe dont les responsables jurent leurs grands dieux depuis des semaines que c’est injustement qu’il a été pris en grippe par les marchés. Et qui, dans le même temps, font le tour de capitales européennes et d’investisseurs candidats à des rachats afin d’organiser un dépeçage en règle de la bête.
Voilà une action dont personne ne demande la suspension en Bourse — jusqu’à une subite prise de conscience hier après-midi —, alors qu’elle fait l’objet depuis plusieurs jours de tractations en coulisses échappant en partie à son conseil d’administration. Pour les actionnaires, il y a de quoi y perdre leur latin, ce qui est la seule chose qu’ils peuvent encore perdre, d’ailleurs…
Ils avaient déjà compris avec Fortis que quand on sauve une banque, cela se fait au détriment de ceux qui avaient placé leur confiance en elle et soutenu son développement. Ils découvrent avec Dexia que l’histoire repasse parfois les plats et qu’ils seront sans doute les véritables victimes de cette malédiction qui frappe les banques belges.
On accuse souvent les marchés de tous les maux mais on oublie aussi que c’est grâce à eux que des sociétés émergent et se développent — n’est-ce pas, Mister Jobs? Or, en Bourse, les dégâts sont aujourd’hui énormes. Non seulement pour les établissements financiers qui auront du mal à séduire à nouveau les investisseurs mais aussi pour la plupart des sociétés cotées qui subissent les dommages collatéraux de cette perte de confiance généralisée. Combien de temps faudra-il pour que revienne durablement cette confiance?  Un an, un siècle, une éternité? 

Nicolas Ghislain, Rédacteur en chef adjoint

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