mardi 4 octobre 2011

À qui le tour ?


EXCLUSIF. La banque Dexia vendue à la découpe

Le Point.fr - Publié le 04/10/2011 à 00:31 - Modifié le 04/10/2011 à 07:12



Il ne subsistera de l'actuelle Dexia que le Crédit local de France, qui exercera désormais son métier historique de prêteur aux collectivités locales.

EXCLUSIF. La banque Dexia vendue à la découpe
Le démantèlement de Dexia a été approuvé en amont par les gouvernements français et belge. © Nicolas Eugenie / Sipa



Le conseil d'administration extraordinaire, qui s'est terminé tard dans la soirée de lundi, a scellé le sort de la banque franco-belge Dexia. D'après les informations du Point.fr, l'ovni du paysage bancaire, spécialiste du crédit aux collectivités locales en Europe et poids lourd de la banque de détail outre-Quiévrain, sera scindé et vendu à la découpe dans les semaines à venir. Une solution approuvée dans les grandes lignes un peu plus tôt par les gouvernements français et belge, dont les ministres des finances François Baroin et Didier Reynders se sont rencontrés dans l'après-midi. 
Il ne subsistera à terme de l'actuel Dexia que le Crédit local de France, qui exercera désormais son métier historique de prêteur aux régions, départements et communes dans une joint-venture à trois avec La Poste et la Caisse des dépôts. Grâce au soutien de ces deux mastodontes assis sur un solide matelas de fonds propres, le Crédit local pourra continuer à assurer le financement des collectivités sans mettre en péril sa situation financière, aujourd'hui déséquilibrée puisque la banque prête à long terme mais se finance à court terme. 
Opération chirurgicale à haut risque
C'est en effet bien parce que le groupe franco-belge rencontrait depuis quelques semaines des problèmes de liquidité et risquait donc l'asphyxie que les actionnaires publics de la banque, qui possèdent un peu plus de 50 % du capital, ont décidé de cette opération chirurgicale à haut risque. Une solution qui faisait l'objet de négociations depuis plusieurs semaines, mais qui a dû être hâtée au cours des derniers jours en raison de la menace des agences de notation de placer la banque "sous surveillance", menace d'ailleurs mise à exécution par Moody's le 3 octobre. 
La nouvelle structure tripartite, dont l'État français sera l'actionnaire majoritaire, aura dans son giron la "bad bank" qui va être constituée pour y loger les actifs toxiques que Dexia traîne depuis la crise de 2008. Toutes les autres activités du groupe ont vocation à être vendues à plus ou moins court terme. La gestion d'actifs et la gestion privée, qui ont généré un milliard d'euros l'an passé, auraient, selon les informations du Point.fr, déjà trouvé preneurs. La banque de détail, acteur important du marché en Belgique, pourrait pour sa part être nationalisée ou adossée à une autre banque. Reste des désaccords qu'il faudra bien lever entre État belge et français sur la garantie apportée à cette "bad bank"
Le contribuable préservé
La mort de cet ancien fleuron bancaire ne devrait rien coûter au contribuable français. Aux commandes depuis le sauvetage de la banque en 2008, l'équipe tricolore emmenée par Pierre Mariani a en effet largement nettoyé le bilan désastreux dont elle avait hérité de la précédente direction, qui s'était fourvoyée dans les subprimes américains. L'ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, passé par BNP Paribas avant d'être envoyé jouer les pompiers chez Dexia, avait en effet, dès son arrivée, entamé une politique de cession à tout-va des actifs pourris. Il avait par ailleurs totalement revu la stratégie de la banque dans son métier historique, le prêt aux collectivités. Alors que le Crédit local de Pierre Richard, l'ancien patron, multipliait les crédits sans se soucier de la marge, le Dexia nouvelle formule s'était fait beaucoup plus sélectif en ne prêtant qu'à des conditions acceptables, en se retirant des marchés étrangers où le groupe n'avait pas la taille critique et, surtout, en se diversifiant largement dans les services financiers. 
Inquiets malgré tout à l'idée de voir la Caisse des dépôts (CDC), coffre-fort de l'État français, "contaminée" par les actifs toxiques restants, les élus du conseil de surveillance de la Caisse ont fini par céder face au gouvernement. Et face à un Augustin de Romanet, directeur général de la CDC, qui, après s'être montré réticent à l'idée d'un tel projet, a fini par s'y rallier au nom de l'intérêt général.

Dexia organise son démantèlement


La banque franco-belge va céder des filiales et isoler les actifs invendables. Les Etats français et belge se tiennent prêts à intervenir.

Les actionnaires de la banque franco-belge ont jeté l'éponge. Exsangue au sortir de la crise financière de 2008, plombée par la crise de la dette et dégradée successivement par les agences de notation, Dexia ne semblait plus en mesure de sortir de la grave crise de liquidités qui l'accable (les autres établissements ne lui accordent plus aucun crédit). Ainsi, à l'issue d'un conseil d'administration extraordinaire, véritable marathon de six heures à Bruxelles, les dirigeants de la banque ont décidé de prendre un nouveau virage stratégique et d'organiser de nouvelles cessions et alliances pour résoudre ses «problèmes structurels».
Le conseil d'administration a mandaté l'administrateur délégué Pierre Mariani pour «préparer, en concertation avec les Etats et les autorités de contrôle, les mesures nécessaires pour résoudre (ces) problèmes». Autrement dit, la banque spécialisée dans les crédits aux collectivités locales va procéder à la vente accélérée de ses filiales.
Le conseil souhaite «ouvrir de nouvelles perspectives de développement» aux filiales française et belge. Le portefeuille de prêts aux collectivités locales françaises, qui pèse environ 70 milliards d'euros, serait notamment repris par une société commune créée par la Caisse des dépôts et la Banque Postale.Certains fleurons comme le turc Denizbank pourrait trouver facilement repreneurs mais ce n'est pas le cas de tous les actifs. Les actifs dont Dexia cherche à se débarrasser depuis la crise et qui «dans l'environnement actuel pèse structurellement sur le groupe» vont être isolé dans une structure à part, dite «bad bank». Les gouvernements français et belge ont déjà fait savoir qu'ils «interviendront si nécessaire», a assuré dans la nuit le ministre belge des Finances, Didier Reynders.


Les gouvernements français et belge soutiendront Dexia-Reynders

lundi 3 octobre 2011 17h43

BRUXELLES, 3 octobre (Reuters) - Les gouvernements français et belges feront ce qu'il faut pour soutenir la banque Dexia , actuellement chahutée sur les marchés, a indiqué lundi le ministre belge des Finances, Didier Reynders.

"Les gouvernements français et belges sont derrière leurs banques. Que ce soit Dexia ou une autre, on suit la situation au jour le jour (...) Tous les jours, le gouvernement français et le gouvernement belge font ce qu'il faut pour être derrière nos banques", a dit Didier Reynders.

"Pour aider les banques (...) la première chose à faire c'est d'aider la Grèce. Si on résout le problème grec, je crois qu'on a déjà une très grande part du chemin fait", a-t-il ajouté, avant de préciser que Dexia ne faisait pas partie des banques les plus en difficulté sur le continent. (Julien Toyer, édité par Jean-Michel Bélot)

03/10 | 18:36

Dexia: les épargnants couverts, Paris et Bruxelles "suivent la situation" (min. belge des Finances)


Le ministre belge des Finances, Didier Reynders, a assuré lundi que les gouvernements belge et français suivaient "au jour le jour" la situation de la banque Dexia, de plus en plus sous pression et dont la cession de l'activité de crédit aux collectivités en France est évoquée.
Interrogé avant une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Luxembourg sur le sort de la banque franco-belge, M. Reynders a assuré que "les gouvernements français et belge sont derrière leurs banques, que ce soit Dexia ou une autre".
"On suit la situation au jour le jour", a-t-il dit, estimant qu'"on doit d'abord tenter de régler le problème des dettes souveraines, c'est ça qui va un peu calmer les marchés et donner un peu de temps dans le règlement des problèmes bancaires".
Il a rappelé qu'une dizaine de banques européennes avaient échoué aux tests de résistance rendus publics en juillet et nécessitaient une recapitalisation, or "Dexia n'était pas dans ces banques".
"On est en train de subir la situation des dettes souveraines, pour le reste je peux vous garantir que les épargnants chez Dexia comme ailleurs sont toujours couverts à 100.000 euros par compte par nos gouvernements, français comme belge", a-t-il assuré.
M. Reynders devrait profiter de la réunion de lundi pour s'entretenir avec son homologue français François Baroin de la situation de Dexia, selon des informations de presse.
L'agence de notation financière Moody's a annoncé lundi qu'elle envisageait d'abaisser la note de la banque, en raison de ses craintes grandissantes sur la liquidité de l'établissement, confronté à une dégradation des conditions de marché.
Depuis début 2010, Dexia s'est engagé dans un plan de restructuration très lourd, imposé par Bruxelles.
Il prévoit notamment une réduction de la taille du bilan de 35% d'ici 2014 et un rééquilibrage de son financement à la faveur de ressources plus longues.
Une des solutions pour rééquilibrer le bilan de la banque pourrait être la cession des activités de financement des collectivités locales françaises
.

Posté le 3 octobre 2011 par Stéphane Wuille

Dexia: détricotage ou version 2.0.?

NarmonOn ne les entend pas. Mais je parie que, un peu à l'image de Maurice Lippens, François Narmon et Pierre Richard doivent se morfondre depuis trois ans. Depuis que Dexia, le projet qu’ils ont porté ensemble, en unissant les forces du Crédit Communal et du Credit Local de France a vu le ciel lui tomber sur la tête.

Cela a commencé avec sa filiale américaine de rehaussement de crédit FSA et cela ne s’est pas arrêté depuis. Une lente asphyxie qui a nécrosé ceux qui avaient placé tant d'espoirs en Dexia : les villes et communes belges, les petits actionnaires sans oublier le personnel, bien souvent actionnaire, lui aussi.

Ce lundi, l’agence de notation Moody’s a mis sous surveillance négative le rating des trois principales entités opérationnelles du groupe provoquant une nouvelle chute de l’action (-10%).

Pendant que Dexia touche le fond, on ne peut qu’espérer qu’en coulisses, cela phosphore, pour préserver la banque de l’impensable et lui dessiner de nouveaux contours mieux à même d’assurer sa pérennité et sa rentabilité.

Car pour certains observateurs comme Citigroup qui conseille de vendre le titre, le « business model » de Dexia est brisé. L’idée de départ qui était d’accorder des crédits aux collectivités locales de l’Hexagone en utilisant les fonds déposés par les épargnants du Crédit Communal a vécu.

Reste à tous les grands actionnaires de Dexia (la Caisse des dépôts française, le groupe belge Arco, le Holding Communal, les Régions et l’Etat belge, l’Etat français,…) de mettre sur pied un projet commun. Ou du moins un nouveau "business model" profitable à tous.
L'actionnariat de Dexia à fin 2010:
Dexia actio
(Source: Dexia)

Chez nos voisins français, la préoccupation principale est de disposer d'une institution viable permettant de répondre aux besoins de financement des entités locales. Une solution évoquée depuis des mois, si pas des années, passerait par une alliance renforcée avec la Banque postale qui apporterait, avec elle, son flot abondant de liquidités.

En Belgique, le financement des villes et communes ne pose pas problème et le réseau bancaire de Dexia est profitable. Reste à gérer l’héritage du passé pour que Dexia puisse à nouveau, dans quelques années, remplir les caisses communales (via les dividendes) et préserver un maximum d’emploi en son sein. Avec une participation de 44,5% dans le groupe, le « clan belge » a les cartes en main mais se trouve face à un Etat français qui dispose d’une minorité de blocage.

Il ne faut pour oublier non plus les activités de Dexia au Luxembourg et en Turquie ainsi que les filiales étrangères que le groupe doit encore céder.

Alors à quoi va ressembler lea« new Dexia » ? D’après Jean-Luc Dehaene, le président du conseil d’administration, une scission pure et simple n’est pas à l’ordre jour. Mais il existe bon nombre de moyens de détricoter des liens que l’on a mis des années à construire.

Dans Le Soir de ce week-end, le socialiste Paul Furlan, ministre wallon des pouvoirs locaux ne verrait pas d’un mauvais œil le retour du Crédit Communal sous son ancien statut de banque publique. Pourquoi pas ? Ce n'est guère glorieux comme issue mais si cela permet de limiter la casse, pourquoi pas...

Ce lundi soir (plus d'infos ici), les administrateurs de Dexia vont plancher sur la manière de sortir, encore une fois,  le groupe de l’ornière. La piste d'une nationalisation est souvent évoquée. Il serait dommage qui chacun reprenne ses billes pour se retirer sur ses terres. Dexia, l’une des premières sociétés (dès 2002)  à attendre impatiemment un statut européen mérite mieux que cela, non?. 
Stéphane Wuille
09:47 - 04 octobre 2011 par François Mathieu, Xavier Carbonez

5 questions sur Dexia


La banque des collectivités locales sombre. Les autorités publiques sont à son chevet. Mon Argent répond aux questions que vous vous posez sur ce qui pourrait être un "Fortis Bis" si aucune solution n'est rapidement trouvée.

1. Où le problème?

Les problèmes de Dexia sont connus depuis longtemps. Outre une exposition de 3,4 milliards d’euros sur les obligations d’Etat grecques, la Banque doit financer de gros montants à court terme. Ses besoins de financement se chiffrent à près de 100 milliards d’euros. Or, les conditions de financement sont de plus en plus difficiles pour Dexia, que ses pairs craignent.  Une source proche du dossier a d’ailleurs confié à nos collègues de l’Echo et du Tijd qu’"un cas Fortis Bis se profilait à l’horizon si on ne restaurait pas rapidement la confiance".
Outre l’exposition aux actifs grecs, la banque est également exposée à de gros paquets d’obligations des Etats espagnol et italien. En outre, l’héritage du passé ne serait pas soldé et en France, la banque qui a fusionné avec Crédit Local de France en 1994 fait face à la fronde des communes. Celles-ci ont en effet de moins en moins facilement accès aux lignes de crédit du groupe, faute de liquidités suffisantes. En clair, le problème de Dexia est: trop d’engagements à tenir par rapport aux "fonds en coffre", surtout en France. En Belgique, la banque dispose d’un matelas de 65 milliards d’euros de dépôts.

2. Pourquoi l’affaire éclate-t-elle aujourd’hui?

Les problèmes susmentionnés ont amené l’agence de notation à abaisser la note de crédit du groupe Dexia. Lequel a plongé en Bourse hier de près de 10% suite à cette annonce. Et de -20% à l’ouverture aujourd’hui. Mais au-delà de ce plongeon, ce sont les problèmes structurels de Dexia (surtout en France; la situation est plus saine en Belgique), lancinants depuis la crise de 2008, qui éclatent au grand jour. D’après nos confrères du Figaro, la banque, dont la capitalisation boursière est retombée aux alentours de 2,5 milliards d’euros, serait d’ailleurs sur le point bénéficier de la levée d'une augmentation de capital de 5 milliards d’euros par les autorités belge et française.

3. Quels scénarios sur la table?

Les discussions entre la France et la Belgique vont bon train depuis plus d’une semaine. Même si le scénario d’un démantèlement est sur la table depuis lors, il a toujours été démenti. Il y a deux jours, Jean-Luc Dehaene, président du groupe, l’avait encore répété avec virulence. Las. Le scénario est à bonnes sources celui qui est privilégié, d’après l’Echo et De Tijd. Des cessions d’actifs sont également à l’ordre du jour. Il faut savoir que Dexia se compose essentiellement de quatre entités: au Luxembourg, en Belgique, en France et en Turquie (Denizbank, achetée pour 3,258 milliards d’euros). Par ailleurs, les actifs toxiques de Dexia aujourd'hui regroupés dans une division nommée " Legacy Division ", ont  provoqué des pertes record de 4 milliards d'euros au deuxième trimestre 2011. Une "bad bank" sur les fondations de cette division,  serait créée dans le cadre de l’opération de démantèlement.

4. L’action peut-elle encore chuter?

Le cours est passé de 15 euros en 2008 à près de 1,3 hier soir. Aujourd’hui, en début de séance, l’action perdait près de 33% de sa valeur, à moins d’1 euro! Une penny stock… Si les autorités ne trouvent pas rapidement une solution, il n’y a aucune raison valable à envisager une remontée du cours à court terme.

5. Mon épargne est-elle en sécurité?

Le ministre des Finances Didier Reynders, qui discute avec son collègue François Baroin, en parallèle avec les membres du conseil d’administration du groupe, l’a répété avec force sur les ondes radio en début de journée: la banque Dexia Belgique est forte et il n’y aucune raison pour les clients de s’inquiéter, ou de retirer leur épargne. D’autant que de toute façon, les dépôts sont garantis à hauteur de 100.000 euros par titulaire de compte.  Et si les réserves du Fonds de garantie des dépôts ne sont pas très élevées – moins de 2 milliards d’euros -, l’Etat agira en instance de derniers recours.

Dexia serait « à vendre »

PIERRE-HENRI THOMAS
mardi 04 octobre 2011, 12:38

« L’ensemble du groupe Dexia serait à vendre », a indiqué ce mardi un responsable syndical belge à l’issue d’une réunion des représentants de la direction et du personnel de la banque franco-belge, au bord du démantèlement trois ans après avoir échappé de justesse à la faillite.

Dexia serait « à vendre »
© AFP
« Selon les informations dont nous disposons à l’issue de cette première réunion, tout serait à vendre », a déclaré à l’AFP le secrétaire général du syndicat socialiste belge Setca pour le secteur de la finance, Jean-Michel Cappoen.
Joint par téléphone, M. Cappoen s’exprimait à l’issue d’une réunion extraordinaire du bureau du comité d’entreprise européen de la banque, qui rassemble des représentants de la direction et des salariés belges, français et luxembourgeois.
« C’est la fin d’une route. Maintenant, différents chemins vont être offerts à chacun. Les salariés sont inquiets. On n’en est même pas au stade de savoir quels seront les impacts sociaux », faute d’information communiquée directement par la direction, a de son côté déclaré Pascal Cardineaud, représentant du syndicat français CFDT au Comité d’entreprise de Dexia Crédit Local et au Comité d’entreprise européen de Dexia.
Une porte-parole de Dexia à Bruxelles, Ulrike Pommee, a confirmé la tenue de ce bureau du comité d’entreprise européen mais n’a pas donné d’information sur son contenu, indiquant simplement que les syndicats avaient été « informés de l’évolution de la situation ».
Selon M. Cappoen, un comité d’entreprise de Dexia Holding, la structure qui chapeaute les différentes entités de Dexia, se déroule depuis 11h00 à Bruxelles.
« Il y a 600 personnes qui travaillent pour le holding, 350 à 400 en Belgique et 200 à 250 en France. Notre première inquiétude est pour ces personnes », car si le groupe est démantelé, la raison d’être du holding n’existe plus, a souligné le syndicaliste.
Rattrapée par la crise, Dexia semble aller tout droit vers un démantèlement qui ferait d’elle le premier établissement européen victime de la crise de la dette, une perspective qui a affolé les investisseurs et fait fondre l’action du groupe de plus d’un tiers de sa valeur ce mardi matin.

Discours rassurant pour Dexia Banque, selon les syndicats

Malgré cela, lors du conseil d’entreprise qui s’est tenu ce matin, le « discours a été rassurant pour Dexia Banque Belgique », dit-on de sources syndicales. La direction a précisé que les actifs à problèmes logés actuellement dans Dexia Banque Belgique (environ un tiers du gros portefeuille de 100 milliards d’euros hérité de l’ancienne Dexia) seront sortis de la banque belge pour réintégrer sans doute Dexia Crédit Local. Quant à savoir qui deviendra actionnaire de Dexia Banque Belgique, ainsi que Dexia BI à Luxembourg, aucune précision n’a été donnée. « Plusieurs scénarios sont encore possibles à ce stade » dit-on de source syndicale.
(avec AFP)

Publié le 04/10/2011 | 12:45

Dexia ouvre la voie à son démantèlement

Par FTV avec agences 

JULIEN WARNAND / BELGA MAG / BELGA/AFP
La banque franco-belge Dexia semble se diriger vers un démantèlement, rattrapée par la crise.
Le démantèlement ferait de Dexia le premier établissement européen victime de la crise de la dette.
La perspective d'un tel scénario catastrophe a affolé les investisseurs. En à peine vingt minutes, l'action du groupe a fondu de plus d'un tiers de sa valeur dans les premiers échanges à la Bourse de Paris. A 11 heures, elle en abandonnait encore près du quart à 0,99 euro.

Co-actionnaires, les deux Etats français et belge sont montés au créneau pour afficher leur engagement à sauver une nouvelle fois le groupe en apportant "leur garantie aux financements" qu'il a levés.

"Dans le cadre de la restructuration de Dexia, les Etats belge et français, en liaison avec les banques centrales, prendront toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des déposants et des créanciers", ont affirmé dans un  bref communiqué, les ministres des Finances des deux pays, François Baroin et Didier Reynders.

A l'issue d'un conseil d'administration de six heures, lundi soir à  Bruxelles, la banque a ouvert la voie, dans un communiqué sibyllin, à de nouvelles cessions et alliances pour résoudre ses "problèmes structurels".

Dans son communiqué, Dexia a laissé entendre qu'il allait sans doute isoler hors de son périmètre le portefeuille de 95 milliards d'euros d'actifs à risque dont il cherche à se délester depuis des années et qui "pèse structurellement sur le groupe".

Différentes pistes pour sauver Dexia

Une alliance Caisse des dépôts - Banque postale  
C'est l'un des premiers scénarios évoqués pour donner un peu d'air à la banque. Cette manoeuvre permettrait de loger une partie du portefeuille des prêts aux collectivités locales en France avec la Caisse des dépôts et la Banque postale. La solidité financière des deux établissements publics permettrait aisément le refinancement. La proposition n'est pas du goût de tous. Le syndicat Force ouvrière a ainsi diffusé lundi un communiqué pour demander que La Poste ne soit pas "la victime expiatoire" de Dexia.

"Bad bank"
Le but serait de créer un établissement de défaisance des actifs les plus toxiques de Dexia afin de les isoler du reste du groupe. Cantonné dans une structure séparée, ce portefeuille obligataire toxique d'une centaine de milliards d'euros ne pèserait plus sur le financement des autres filiales et permettrait la vente du groupe par appartement. Le soutien des Etats belge et français apparaît néanmoins nécessaire.      
       
 La vente à la découpe    
C'est le titre de nombreux journaux qui parient mardi sur la scission du groupe entre ses principaux métiers et branches. Le groupe est principalement composé d'une banque de détail en Belgique, d'une banque privée au Luxembourg, du financement des collectivités en France et de Denizbank en Turquie. Des métiers comme la gestion d'actifs pourraient aussi être cédés. Le Figaro mentionne notamment Standard Chartered pour la reprise de Denizbank.
   
Recapitalisation, nationalisation
 C'est, selon une source proche des actionnaires, ce que les Etats français et belge aimeraient éviter. Le plan de sauvetage de Dexia  avait déjà coûté 6 milliards d'euros en 2008. Les gouvernements ont à coeur de préserver leur notation chez les agences et redoutent la réaction des opinions publiques. Injecter des fonds n'est "pas d'actualité", dit-on mardi de source gouvernementale française.  

Garantie d'Etat  
Si les pays actionnaires rechignent à injecter du capital frais, la France et la Belgique se sont engagées mardi à prendre toutes les mesures nécessaires pour sauver Dexia et notamment garantir ses besoins de financement. Reste à savoir si ces garanties porteraient sur du capital, de la dette ou sur l'engagement de prendre une partie des possibles futures pertes de la "bad bank", par exemple.   
              
L'adossement à d'autres groupes
L'hypothèse d'une vente de Dexia à un autre groupe bancaire européen, sur le modèle de Fortis vendue à BNP Paribas, n'a pas les faveurs des analystes, les investisseurs jugeant que Dexia n'est pas vendable en l'état. Si des rumeurs mentionnaient un possible intérêt de la Société générale il y a quelques années par exemple, il n'y a quasiment plus de spéculations quant à un rachat du groupe dans son ensemble.
   
Le statu quo  
Scénario encore vraisemblable au début de l'été, il apparaît maintenant peu probable de voir la banque réussir sa restructuration dans les conditions de marché actuelles. Si une solution rapide et durable était trouvée sur le front de la dette souveraine de la zone euro, un tel scénario redeviendrait peut-être possible.     
    
La faillite  Les gouvernements ont exclu la possibilité de laisser Dexia  faire faillite, l'établissement étant considéré comme une banque systémique pour le système bancaire.


Johan Van Overtveldt


Johan Van Overtveldt, rédacteur en chef de Knack et de Trends Magazine.

«Nous payons tous pour Dexia !»

mardi 04 octobre 2011 à 12h00
Même si tout cela reste encore un peu flou ce matin, il semble que Trends avait bel et bien tapé dans le mille la semaine dernière. Le groupe Dexia sera scindé en une partie belge et une partie française. Les actifs à risque seront rassemblés dans une banque de défaisance (bad bank). Par ailleurs la rentable filiale turque DenizBank sera vendue.
Le CEO Pierre Mariani et le président Jean-Luc Dehaene ne ressortent pas grandis de cette histoire. Pas plus tard que la semaine dernière, ils juraient encore leurs grands dieux que Dexia ne serait pas scindé. La nouvelle de cette scission pourrait ternir durablement le blason de ces deux hommes.
Il est vrai que le dossier Dexia est de plus en plus chaotique. Le géant franco-belge est, dans sa forme actuelle, devenu ingérable. Les intérêts de l’Etat français, de l’Etat belge, des autorités flamandes, de certains partenaires financiers qui risquent de voir leurs pertes augmenter… tout cela s’entrechoque et rend toute gestion stratégique extrêmement difficile. Les autorités belges et flamandes devront par ailleurs être vigilantes, dans ce dossier, si elles ne veulent pas être roulées dans la farine par les Français.
Si le Premier ministre Yves Leterme, comme il l’a encore précisé ce matin sur les ondes de Radio 1, jure que pas un cent ne sera perdu, ce qu’il voulait surtout dire, c’est que personne ne perdra un cent… si ce n’est le contribuable. Nous payons tous pour Dexia.
L’idée que Dexia souffre en particulier de la perte de valeur de ses obligations d’Etat grecques n’est que partiellement vraie. Dexia risque surtout de plonger à cause de sa stratégie bancaire hallucinante. Où, dans un montage improbable qui ressemble à un vrai hedge fund, elle a trop d’engagements à tenir par rapport aux «fonds en coffre». Un énorme volume de financements à court terme a été utilisé pour le  rééquilibrage de son financement à plus long terme.
Dans le cadre d’une application aveugle de son modèle de risque pour recapitaliser Dexia, la banque a pris des crédits en yen ou en franc suisse pourtant réputés pour leur faible taux de rendement. La hausse du taux de change de ces monnaies par rapport à l’euro a rendu la banque exsangue. D’évidence, des hedge funds bien gérés auraient couvert les risques de manière beaucoup plus efficace que l’option choisie par Dexia.
Néanmoins, les troupes ne devraient pas être trop sévères envers leurs capitaines de navire Mariani et Dehaene.  Ces derniers ont hérité d’un paquebot qui avait été mal piloté depuis de nombreuses années. La plus grande responsabilité de la débâcle de Dexia – parce qu’on parle bien ici de débâcle – se trouve dans les mains des anciens stratèges du passé, tels que François Narmon, mais aussi et surtout Pierre Richard et Axel Miller.

Dexia, 1ère banque européenne victime potentielle de la crise de la dette


Mardi 04 octobre 2011, 13h58
La banque franco-belge Dexia, rattrapée par la crise trois ans après avoir échappé de peu à la faillite, semble aller tout droit vers un démantèlement qui ferait d'elle le premier établissement européen victime de la crise de la dette.
La perspective d'un tel scénario catastrophe a affolé les investisseurs. En à peine vingt minutes, l'action du groupe a fondu de plus d'un tiers de sa valeur dans les premiers échanges à la Bourse de Paris. A 11H00 (09H00 GMT), elle en abandonnait encore près du quart, à 0,99 euro (-23,6%).
Co-actionnaires, les deux Etats français et belge sont montés au créneau pour afficher leur engagement à sauver une nouvelle fois le groupe en apportant "leur garantie aux financements" qu'il a levés. "Dans le cadre de la restructuration de Dexia, les Etats belge et français, en liaison avec les banques centrales, prendront toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des déposants et des créanciers", ont affirmé dans un bref communiqué, les ministres des Finances des deux pays, François Baroin et Didier Reynders.
Jean-Luc Dehaene et Pierre Mariani le 23 février 2011 à La Défense (Photo Eric Piermont/AFP)
A l'issue d'un conseil d'administration marathon de six heures, lundi soir à Bruxelles, la banque a ouvert la voie, dans un communiqué sibyllin, à de nouvelles cessions et alliances pour résoudre ses "problèmes structurels". Le conseil d'administration a mandaté l'administrateur délégué Pierre Mariani pour "préparer, en concertation avec les Etats et les autorités de contrôle, les mesures nécessaires pour résoudre (ces) problèmes".
L'hebdomadaire Le Point évoque sur son site internet une "vente à la découpe", le quotidien Le Figaro annonçant lui une "liquidation ordonnée".
Selon une porte-parole de Dexia à Bruxelles, la direction "a donné des informations" sur la situation mardi matin au bureau du Comité d'entreprise européen du groupe, qui comprend des représentants des salariés, notamment belges, français et luxembourgeois. Des contacts plus informels se poursuivent avec les représentants des syndicats, a-t-elle ajouté sans plus de détails.
Le ministre belge des Finances Didier Reynders et son homologue français François Baroin avant une réunion de l'Eurogroupe le 3 octobre 2011 à Luxembourg (Photo Jean-Christophe Verhaegen/AFP)
"C'est la première banque qui est réellement impactée par la crise actuelle. Elle a toujours été fragile de part ses actifs beaucoup trop nombreux", a commenté Dov Adjedj, vendeur d'actions chez Aurel.
Dans son communiqué, Dexia a laissé entendre qu'il allait sans doute isoler hors de son périmètre le portefeuille de 95 milliards d'euros d'actifs à risque dont il cherche à se délester depuis des années et qui "pèse structurellement sur le groupe".
Au-delà, le conseil souhaite "ouvrir de nouvelles perspectives de développement" aux filiales française et belge. Malgré une restructuration à marche forcée depuis 2010 sous l'impulsion de la Commission européenne, Dexia a été rattrapé par l'aggravation de la crise de la dette.
L'importante réduction de son bilan et de ses besoins en liquidités à court terme n'ont pas suffi à rendre son équilibre à l'établissement, à la merci d'une fermeture des robinets du financement comme en 2008, quand seule l'intervention des Etats français, belge et luxembourgeois l'avaient sauvé.
Trop d'actifs, trop de prêts à long terme pour trop peu de dépôts, Dexia présente pour les marchés un profil trop risqué.
Tour à tour, les agences de notation Fitch, la semaine dernière, puis Moody's, lundi, avaient alerté sur les conséquences du tarissement de ses sources de refinancement.
Le conseil d'administration a acté cette impasse et ouvert la porte à des cessions en chaîne pour desserrer l'étau des marchés.
Le Figaro évoque la vente de la filiale turque Denizbank, de l'activité de gestion d'actifs, de banque privée mais aussi de la branche de banque de détail en Belgique, appuyée sur le vieux Crédit communal de Belgique, né il y a 151 ans.
Quant au portefeuille de prêts aux collectivités locales en France, qui pèse environ 70 milliards d'euros, il serait repris, toujours selon le quotidien, par une société créée par la Caisse des dépôts et la Banque Postale.

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